Pourquoi changer de recette ? Le procédé qu’avait utilisé le hongrois László Nemes dans « Le Fils de Saul » en 2015, un procédé qui était censé mettre le spectateur en immersion dans la réalité d’Auschwitz (rien que ça, comme si cela était possible !), ce procédé, le cinéaste le réitère pour, cette fois, proposer une plongée dans la supposée réalité de Budapest à la veille de la Première Guerre mondiale.
Nous voilà donc, du fait d’une méthode qui consiste à ne jamais quitter un personnage, collant aux basques d’une jeune femme du nom d’Irisz Leiter de retour dans la capitale hongroise et tentant d’obtenir un emploi dans un prestigieux magasin de chapeaux dont ses parents, comme on l’apprend rapidement, furent autrefois les propriétaires. Cette requête se heurte au refus du nouveau patron, Oszkar Brill, qui, néanmoins, curieusement, s’attache à la jeune fille. Celle-ci découvre, petit à petit, d’une part que son frère s’est compromis dans une tentative d’assassinat de Brill, d’autre part qu’il s’est engagé dans un groupe séditieux recourant volontiers à des agissements violents.
Difficile d’en dire plus, non pas parce qu’il faut éviter de dévoiler l’intrigue du film, mais parce que celle-ci reste, en fin de compte, assez énigmatique. À force de filmer son héroïne, son visage et sa nuque, une héroïne jouée par une actrice pour le moins inexpressive, et en laissant souvent les décors et l’environnement dans le flou, c’est le film lui-même qui devient complètement indistinct. Le résultat de tout ça, c’est que, alors que plus d’une scène devrait susciter de l’émotion, le spectateur risque, au contraire, de rester totalement impavide et de s’ennuyer ferme. Non, décidément, la méthode Nemes ne produit pas de résultat emballant !