"Dernier train pour Busan" ne paye pas de mine au début. Puis, avec l'avancée de l'action, il vous prend et ne vous lâche plus, ce qui témoigne d'un rythme très bien géré. j'ai vu certaines critiques signalant des longueurs, je ne les ai pas vues. Pris dans l'histoire, on ne voit pas le temps passer. Bravo.
En terme d'action pure (c'est un film de zombies après tout, on aurait presque tendance à l'oublier), il faut dire que le réalisateur, pour son premier long-métrage en prises réelles (!) a assuré. La photographie, sans être révolutionnaire, est astucieuse, surtout sachant que la grande majorité des scènes se situent dans un train! Filmer avec tant de fluidité dans des espaces aussi resserrés mérite une belle mention. Les scènes d'action sont bien rendues sans être non plus à couper le souffle ou trop extravagantes. En résumé, c'est prenant, solide, le spectateur est dans le film.
Cette immersion était essentielle pour transmettre toute la force du film. Elle sublime le traitement des personnages, leur évolution et leurs relations.
J'étais dérangé dans la première partie par leur côté très manichéen, exposés comme trop bons ou trop mauvais. Même au début de l'action, les bons sont bons et les mauvais sont mauvais. Mais ces personnes évoluent vers une certaine complexité bienvenue qui devient la force du film. Ce traitement évite la tendance trop facile du cinéma à faire triompher les gentils et montre la cruauté de l'animal qui sommeille en nous avec une brutale objectivité: les égoïstes vont très loin là où les altruistes ne font pas toujours long feu. Pour s'en sortir, il faut se battre pour soi, voire contre les autres... ou presque. C'est le "struggle for life" dans toute sa brutalité, montré sans artifices, qui donne une certaine valeur ajoutée à ce film. En plus d'être un bon film d'action, il introduit un dilemme philosophique qui mérite d'être débattu. Intéressant.
L'homme en cravate survit presque jusqu'au bout, et sacrifie les autres sans vergogne dans une leçon de cinéma: il utilise comme bouclier humain des personnages auxquels nous nous sommes attachés depuis le début du film de façon presque anodine dans certaines scènes,
désacralisant la très classique mort romancée du cinéma et exposant par la même occasion la dure réalité de la vie.
De la même façon,
le père meurt sans artifices autre que la musique, ce qui le rend très humain
et livre une scène déchirante de cinéma, qui touche très profond. Pas de punchline ou bravoure romancée.
Il quitte sa fille en pleurs, elle ne le laisse pas partir
, c'est glaçant de réalisme. Bravo.