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Stéphane C
63 abonnés
389 critiques
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3,5
Publiée le 15 décembre 2016
Immersion dans l'enfer des bidonvilles de Manille, de la débrouille et de la corruption sans limite ... Le talent de Jaclyn Jose est immense; je suis en revanche un peu moins fan de la mise en scène entièrement tournée caméra à l'épaule ...
Brillante Ma Mendoza ne connaissait pas l'ampleur du fléau du trafic de drogues dans son pays, qu'il croyait affecté à un seul quartier. Le réalisateur a choisi de partir d'un récit réel, celui d'une mère de famille arrêtée pour vente de cristal. Le film ne la quittera quasiment pas, caméra à l'épaule dans le gouffre des rues, et du commissariat, lieu de corruption . L'exubérance des policiers et leur incapacité à traiter des affaires dans le cadre de la loi sont traitées avec rapidité, voire célérité : ce cri d'alarme annonce ici un soutien au président fraîchement élu, comme une preuve matérielle à apporter pour ses contradicteurs. Enfermé dans ce quartier, le spectateur ne peut pas établir un point de vue sociétal et systémique et subit la misère et l'immondice le temps du film, même si ce document est unique dans son non genre.
Rosa et Nestor tiennent un petit commerce dans un bidonville de Manille. Ils y vendent des bonbons, des stylos… et, pour arrondir leurs revenus bien modestes, le crystal que leur vend un dealer. La veille de l’anniversaire de Nestor, la police débarque, les arrête devant leurs enfants éplorés, les traînent au poste. Les charges qui pèsent contre eux sont écrasantes. Pour éviter une lourde peine de prison, ils doivent dénoncer leur dealer. Mais les policiers leur mettent un autre marché en main : leur libération contre un gros pot-de-vin.
Le cinéma philippin constitua longtemps une rareté exotique. Il est désormais plus connu grâce à Brillante Mendoza, un habitué des grands festivals – et des titres laconiques : le dérangeant « Serbis » et le glaçant « Kinatay » furent présentés à Cannes en 2008 et 2009, « Lola » à Venise en 2009 et « Captive » (inspiré de la prise d’otages à Jolo) à Berlin en 2012.
On retrouve avec « Ma’Rosa » la marque de fabrique de ce réalisateur désormais familier : caméra à l’épaule, il tourne au plus près de ces acteurs semi-amateurs de longs plans séquence. Cette technique a sans doute le mérite de nous immerger dans l’action. Elle a l’inconvénient de sacrifier la forme, à force d’images tremblotantes, mal cadrées et mal éclairées.
On retrouve aussi ses thèmes de prédilection : la vie des petites gens, leur aliénation débilitante à l’argent et la dénonciation d’un système corrompu. « Ma’Rosa » donne des Philippines une image terrible. A se demander comment Mendoza a obtenu l’autorisation de filmer sans encourir les foudres de la censure. Les flics sont pourris, violents et cyniques. Face à eux, Rosa, son époux et leur quatre enfants font front tant bien que mal.
La première partie du film raconte leur arrestation. Grâce au format choisi, quasi-documentaire, on ressent physiquement le basculement d’une vie simple et bien réglée (une journée qui s’achève, les enfants qui rentrent de l’école, la préparation de l’anniversaire du lendemain) dans la catastrophe (les policiers qui font irruption, fouillent la maisonnée pour y trouver la drogue, menottent les parents, les emmènent dans un commissariat sale et bruyant).
Le récit est plus éclaté dans la seconde partie. Chaque membre de la famille fait l’impossible pour rassembler la somme pourtant modique (50.000 pesos = 1.000 euros environ) réclamée par la police. Mère courage, Rosa est la plus résiliente. Le prix d’interprétation féminine décernée à Cannes à Jaclyn Jose est un bel hommage rendu à ce personnage touchant.
L'histoire est triste et difficile : une petite famille d'épiciers, les parents et les quatre enfants, vont subir un gros problème suite à l'arrestation des parents. En effet, afin d'améliorer leurs fins de mois, il dealent de la drogue. Seulement voilà un jour ils sont dénoncés à la police. Les parents sont arrêtés et doivent aller en prison. Afin de leur éviter la prison les flics leur demandent en échange une grosse somme d'argent. Les enfants du couple vont tout faire pour trouver de différentes façons la somme nécessaire. Le film se découpe en trois parties : 1) on voit la famille dans leur vie quotidienne un soir. 2) les parents se font arrêtés et se retrouvent dans un commissariat et c'est la partie la plus longue. 3 ) la recherche de l'argent nécessaire par les enfants. L'ambiance générale du film est assez triste, glauque et tendue mais c'est un très bon film.
Ce n'est pas par pur sadisme gratuit que Brillante Mendoza nous plonge de manière viscérale dans l’ébullition des quartiers pauvres de Manille, mais bien pour observer le drame que représente l'économie souterraine des trafics de drogue mais surtout pour dénoncer les méthodes brutales d'une police corrompue. Ma’Rosa est surtout le paroxysme du style qui lui est propre, preuve d’un jusqu’au-boutisme assuré de diviser le public.
La première force de Ma’Rosa se trouve dans son ultra réalisme. Entre le tournage dans des décors réels et la lumière crade des néons, on ressent une sensation d’immersion fascinante. Le film de Mendoza, c’est tout simplement le meilleur du documentaire mélangé avec le meilleur de la fiction.
Ma'Rosa de Brillante Mendoza (Prix d'interprétation féminine pour Jaclyn Jose) propose un drame tantôt frénétique, tantôt indolent, mais avec un point de vue intéressant sur la vie des populations pauvres à Manille. Si la seconde partie du film s'affaiblit par un procédé répétitif et une narration un peu convenue, les premières 45 minutes proposent une mise en abîme virevoltante et un huis clos prenant, dignes d'un grand film hollywoodien.
Au rythme d’une mise en scène heurtée figurant la collision entre pauvreté et corruption, Brillante Mendoza trace le portrait d’une famille philippine et celui des bas-fonds de Manille. La restitution de l’atmosphère oppressante et étouffante des lieux filmés, l’effacement des frontières entre fiction, documentaire et reportage de guerre contribuent à l’hyperréalisme visuel et sonore de Ma' Rosa. Sans apprêt, sans émotion et au plus près des protagonistes, Ma' Rosa est une expérience immersive radicale. Plus de détails sur notre blog ciné :
Portrait d'un pays et d'une femme, tous deux en piteux état. La femme, dont l'interprète a été récompensée par le prix d'interprétation à Cannes- ce qui peut sembler un poil excessif vu le rôle- se démène pour nourrir sa famille. Petits commerces, et petits trafics de drogue... délation.., et c'est au tour de ses enfants à trouver l'argent pour graisser la patte des policiers. Le film aurait mérité un prix pour sa mise en scène, remarquable. "il y a quelque chose de pourri" aux Philippines? En fait, tout est pourri.
Portrait d'un monde où la pauvreté côtoie la corruption de la police, Ma'Rosa n'échappe pas à certains poncifs du film de genre exporté à des fins festivalières, mais emporte l'adhésion par l'interprétation de son personnage principal et par une caméra heurtée nous plongeant dans l'univers étonnant des rues de Manille, brossant un tableau sans concession d'un monde gangrené par la drogue et la corruption.
Dès les premières secondes, le spectateur perçoit la distance entre l'image de Ma'Rosa et la somptueuse photographie d'un précédent film de Brillante Mendoza, comme Lola, par exemple. On a en effet l'impression d'une vidéo amateur, dont la lumière naturelle trop crue aplatit les couleurs. Pourtant, la nécessité de ce dispositif filmique de petits moyens s'impose vite comme une évidence. La petite caméra portée est d'un réalisme saisissant. On évolue ainsi au plus près des personnages, dans leur milieu, aussi peu apprêté que la lumière. Première partie : on s'introduit dans la maison de Ma'Rosa, mère de famille d'un quartier pauvre de Manille, incarnée par Jaclyn Jose, prix d'interprétation féminine au festival de Cannes 2016. Sensations d'Asie. Ascétisme impressionnant de certains habitants de la planète. Des pièces rudimentaires ; les vêtements suspendus aux murs par des cintres ; l'échoppe que tiennent les parents, attenante à l'appartement ; on sort pour acheter le dîner de la famille, à deux pas, au sens propre. Le film bascule ensuite dans le cauchemar interminable d'une garde à vue illégale. La mise en scène joue alors sur les espaces contigus et labyrinthiques, sur la réitération et la longueur pour évoquer la corruption et la violence de la police Philippine. L'inquiétude, la sensation d'étouffement et de moiteur gagnent alors le spectateur. On frémit de découvrir à quel degré d'arbitraire généralisé la vie des citoyens est soumise. Enfin, l’ambiguïté de la conduite du personnage principal empêche la possibilité d'une simplification du propos. Les larmes de Ma'Rosa sont des larmes de soulagement d'après le choc, mais ce sont aussi des larmes amères versées sur sa vie dévastées et des larmes d'interpellation sur le sort des Philippines que les réalisateur nous adresse.
Manille, une très petite épicerie,une police corrompue... Caméra à l'épaule surlignant efficacement la tragédie du quotidien.Le prix d'interprétation féminine à Cannes est amplement mérité. Film magnétique, fort et digne méritant d'être mieux connu et reconnu.