La présentation faite en amont de la diffusion le 3 mai 2016 du téléfilm m’a donné faim, intéressé plus que jamais par l’histoire de cette femme qui avait été alors surnommée "la diabolique de Nancy". Je regrette d’ailleurs que le surnom de cette dame mûre n’ait pas été gardé en lieu et place de "La bonne dame de Nancy". Ceci dit, il est vrai que les kilos en trop et le visage à la fois radieux et angélique de Véronique Genest donnent des traits agréables à son personnage, faisant d'elle une personne à l’apparence sociable et serviable. Mais j’en ressors déçu, car je considère l’œuvre de Denis Malleval incomplète. Pourtant tout commence sous les meilleurs auspices, avec une bonne première partie visant à implanter le contexte tout en développant la psychologie des personnages. Véronique Genest rend une bonne copie, très bonne même, tant elle parvient à incarner un personnage aux multiples visages. Tantôt aimante et même passionnée, tantôt sombre avec ce regard d’un noir absolu, tantôt stressée, capable de douceur la plus divine comme de brutalité la plus extrême, notamment dans les mots, Véronique Genest montre un grand talent presque aussi étonnant que celui de Muriel Robin lorsqu’elle avait endossé le rôle de la meurtrière dans "Marie Besnard, l’empoisonneuse…" Le scénario fait logiquement l’impasse visuellement sur le meurtre à proprement parler, puisque le corps de son ex-amant ne fut jamais retrouvé, à l’exception du tronc. Alors que certains indices avérés et concordants ont conduits à la condamnation, certains faits ont été occultés. En effet, le jour de la disparition de Bernard Hettier, Simone Weber aurait été vue en train de le guetter au volant de sa voiture, et de le menacer de mort, un fusil à la main ; le lendemain, on l’aurait vue descendre de chez elle 17 sacs poubelle… Sans doute cette omission est-elle provoqué par le choix de nous offrir le point de vue de Simone Weber, intéressant je dois dire. Lors de l’instruction du dossier, on nous jette un peu en vrac les preuves matérielles et les faits, pour en arriver à une seule piste crédible : la culpabilité de Simone Weber. Malgré le fait que ces preuves soient accablantes, bien que juridiquement minces, leur importance n’est pas suffisamment développée. "La bonne dame de Nancy" s’arrête là, faisant l’impasse sur le procès de Simone Weber. Il y avait pourtant de la matière parce que l’accusée a multiplié les coups d’éclat : elle récuse des jurés féminins, insulte copieusement certains témoins, use pas moins de 25 avocats et se permet même d’éclater de rire lors de la prononciation du verdict. "La bonne dame de Nancy" est donc, à mon sens et cela n'engage que moi, une œuvre incomplète, superficielle, survolée, bref vous avez compris mon sentiment. Pour autant, l’immersion dans l’époque est très correcte, que ce soit au niveau des décors que des costumes et accessoires, malgré le fait que j’ai trouvé les véhicules (en majorité des Renault) curieusement en parfait état, aussi propres que de vrais véhicules de collection amoureusement bichonnés par leur propriétaire. L’entrée en scène du juge, surnommé le shérif (pseudonyme pas ou peu évoqué, je ne m’en souviens plus) est parfaitement caricaturale tant ça parait irréel. Donc oui, j’affirme que l’histoire de "la diabolique de Nancy" méritait un autre traitement, en tout cas bien plus d’égards. Surtout si on compare cette réalisation à celle qui a été faite pour "Marie Besnard, l’empoisonneuse…" Pour finir, un petit nota bene pour dire qu’une erreur s’est glissée : quand on voit Bernard monter dans la voiture de Simone suite à la panne de la sienne, la fenêtre côté passager est ouverte en grand, alors qu’elle est fermée lorsque la portière est refermée. Si vous deviez découvrir ce téléfilm ultérieurement, il y a fort à parier que vous en gardiez un goût d'inachevé.