Les coups d’éclats de Dominique Farrugia, réalisateur, sur grand écran sont rares ("Delphine : 1 – Yvan : 0" et "L’amour c’est mieux à deux" en fait) mais l’esprit des Nuls est encore très puissant chez lui, au point qu’on espère toujours qu’une fulgurance ou qu’un gag viendra titiller la fibre nostalgique de cette époque bénie. Avec "Sous le même toit", il aborde un sujet pas forcément hyper original (surtout après "Papa ou maman" et sa suite) avec ce couple qui se déchire sous les yeux des enfants, le tout sur un ton comique. Pour autant, le casting réuni et la bande-annonce semblaient alléchants et promettaient de passer, à tout le moins, un bon moment. Et, au final, c’est le cas… mais pas plus ! Le problème principal du film est assez aisément identifiable : c’est son ton ! Sous le même toit a le cul coincé entre deux genres (la comédie franchouillarde attendu et l’humour décalé) et a bien du mal à s’en dépêtrer, malgré tous ses efforts. On espère, souvent que l’histoire aille plus loin dans le trash… à tort puisque tout ça reste au fond assez convenu. On craint, parfois, des dérapages trop sérieux… qui dans l’ensemble sont évités. On a un peu de mal à comprendre l’angle qu’a voulu adopter Farrugia (vaudeville ? satire ?) et sa gêne parait palpable au vu de ses efforts pour dynamiser sa mise en scène (voire le montage en flash-back, pas forcément indispensable) et, surtout, pour trouver des fulgurances comiques. C’est, d’ailleurs, sur ce plan que "Sous le même toit" réserve ses meilleures surprises. Lorsque le scénario a tendance à ronronner, le film nous prend, régulièrement, à défaut par le biais d’un gag ou d’un dialogue improbable
(Yvan qui raconte qu’il s’est fait sodomiser par un SDF, Nico qui est content d’voir un ami avec une vie de merde parce que ça le rend heureux, Yvan qui va voir un pote handicapé pour lui demander de l’héberger alors qu’il a provoqué son accident, le plan cul de Delphine interrompu par Yvan…).
A ce jeu-là, Gilles Lellouche est époustouflant (et, bien sûr, hilarant !) et confirme, s’il en était encore besoin, qu’il est un de nos tout meilleurs acteurs. Manu Payet brille, également, même si on peut regretter que son rôle soit un copié-collé de celui qu’il tenait dans "L’amour c’est mieux à deux". Quant à Julien Boisselier, il s’avère excellent en conquête invraisemblablement coincé (ses réactions face aux assauts qu’il subit sont très drôles). Malheureusement, le casting féminin est moins bien loti, Marilou Berry assurant sans peine mais sans plus le rôle de la bonne copine, Marie-Anne Chazel semblant perdue dans un rôle mal dégrossie et, surtout, Louise Bourgoin souffrant d’un jeu un peu inégal (comme les enfants du reste, parfois bons, parfois faux). Pour le reste, la réalisation est trop sage, le montage aurait mérité d’être plus travaillé (ou plus efficace), l’histoire manque de structure et se perd dans certaines facilités (voir, notamment, la sous-intrigues avec le footballeur) et on ne nous épargne pas quelques moments gênants (la confrontation chez le nouveau mec avec le gamin armé d’un fusil, l’insupportable dernier plan avec les rires forcés). Sous le même toit est, donc, un honnête petit divertissement, qui sait se montrer vraiment drôle par moment… mais qui aurait dû valoir bien plus qu’un sympathique téléfilm.