Lors de la Berlinale de 2012, c’est un réalisateur néerlandais, Boudewijn Koole, qui s’était vu attribuer l’équivalent de la Caméra d’or avec ""Little Bird". "Beyond Sleep", son deuxième long métrage, tourné dans le nord de la Norvège, n’a pas été distribué dans notre pays. C’est de nouveau en Norvège que Boudewijn Koole a tourné "Sonate pour Roos", son troisième long métrage.
C’est l’hiver dans le nord de la Norvège. Autour d’une voiture qui avance sans problème sur une route enneigée, c’est bien sûr un blanc immaculé qui domine. Lorsque la quadragénaire Roos arrive à destination, on comprend très vite qu’il s’agit, comme c’est le cas presque chaque année, d’une visite familiale faite par cette néerlandaise à Louise, sa mère, et à Bengt, un jeune garçon de 13 ans dont on devine qu’il s’agit de son frère ou, plutôt, de son demi-frère. Si la relation entre Roos et Bengt est pleine de chaleur et de tendresse, le jeune garçon, en faisant part à sa sœur de sa crainte de voir de nouveau une dispute éclater entre Roos et Louise, nous révèle vite que celle entre les deux femmes est aussi froide que la température qui règne à l’extérieur de la maison familiale.Pour Roos, en tout cas, il est manifestement important que cette visite soit différente de celles des années précédentes. Cette fois ci, il est indispensable que sa mère accepte de l’écouter car elle a des choses importantes à lui communiquer. Des choses relatives au passé, à ce qu’elle a vécu dans sa jeunesse face à une mère ne vivant que pour son métier de pianiste professionnelle, célébrée dans le monde entier. Des choses relatives au futur proche, surtout, des choses difficiles à dire et à entendre.
Dans "Sonate pour Roos", le piano est un acteur important. A coup de 6 heures de répétition par jour, il a phagocyté la vie de Louise dès son plus jeune âge, il l’a éloigné de ses parents dès l’âge de 8 ans, il a détruit son couple à coup de tournées dans le monde entier, il l’a éloigné de sa fille qui a préféré aller vivre avec son père dès l’âge de 8 ans. Il arrive toutefois que cet instrument permette un rapprochement entre Louise et Ross dans une interprétation improvisée de la Fantaisie pour piano à 4 mains de Franz Schubert.
Et, concernant le piano, savez vous ce que l’on fait lorsqu’on souhaite diminuer le volume sonore de l’instrument ? On installe une sourdine. Cette même sourdine que Boudewijn Koole a installée pour raconter l’histoire de Louise et de Roos. Ici, pas d’annonces fracassantes, mais une tension feutrée qui s’installe et qui, tout comme le décors majestueux dans lequel il se déroule, représente un élément important du charme que dégage ce film tout en retenue. Quant aux interrogations qu’on ne peut manquer de se poser, elles trouvent toutes leur réponse, à un rythme qui sera perçu comme lent par les spectateurs pressés et parfaitement adapté au sujet du film par les autres
Le cinéma néerlandais étant rarement présent sur nos écrans, on ne peut que se féliciter d’être confronté, avec "Sonate pour Roos", à un film de grande qualité provenant de ce pays. Un film tout en retenue qui parle avec beaucoup de dignité d’un sujet difficile.