Que les amateurs de films d'horreur se réjouissent. Je m'adresse ici aux véritables amateurs, pas aux bandes d'ados qui vont au cinéma voir des navets surproduits juste parce qu'il fait noir et qu'ils peuvent se bécoter. En effet, Ghostland est un bon film d'horreur, comme on en a plus vu depuis des années. Si vous êtes sensible au charme d'un Massacre à la Tronçonneuse (version de 2003, par Marcus Nispel), qui reste pour moi la référence absolue du genre, vous ne pourrez que vous régaler. Le film suit d'ailleurs à peu près la même recette : un groupe de personnes ordinaires, un lieu désolé loin de tout, et ils se retrouvent soudain confrontés à l'horreur traumatisante d'une bande de psychopathes sans limite, parmi lesquels un mastodonte défiguré et incapable de parole, cousin lointain de Leatherface. Pour l'ambiance horrifiante, on retrouve également le bric-à-brac d'objets de toutes sortes, de toutes époques, abîmés par le temps, salis par l'usage,
qui sont ici très bien exploités puisqu'ils servent de toile de fond à un monde parallèle imaginé par l'héroïne.
Il faut bien en jeter un peu, sinon je gratifierais directement le film de 5*. Et voici ce qui me gène : que veut dire cet hommage appuyé à Lovecraft, répété à tout bout de champ ? Le film s'ouvre sur un photo de l'auteur. Bon, pourquoi pas.
Etait-il vraiment indispensable que Lovecraft lui-même adoube "Incident in a Ghost Land" (et donc le film) sous les traits d'un acteur affublé d'une prothèse faciale ? Personnellement, j'ai assisté à ça avec consternation.
Et surtout... mis à part le fait que Lovecraft est un écrivain d'épouvante, son univers n'a rien à voir avec celui de Pascal Laugier, il est fantastique avant d'être horrifique, il fait appel à des monstres dégoulinants de tentacules et à des tueurs invisibles venus d'autres dimensions. On comprend bien mieux l'hommage rendu par un Guillermo del Toro, lorsqu'à la fin de Hellboy (2004), un cthonien déboule des profondeurs de l'espace grâce à un rituel impie, ou lorsque les kaiju eux-mêmes deviennent le prétexte d'un film (Pacific Rim, 2013 et 2018 pour la suite). Donc, M. Laugier, vous aviez envie de vous faire plaisir en nous faisant connaître votre auteur préféré, très bien, vous pourrez le faire plus avantageusement dans un autre film plus lovecraftien, qui pour commencer se déroulerait dans les années 20-30, et utiliserait quelques ressorts fantastiques, si possible.
Pour finir avec un autre point positif, et même s'il m'en coûte de l'admettre, la présence de Mylène Farmer au générique est un atout pour ce film. Elle joue bien, tellement bien que je suis presque frustré de ne pouvoir être qu'admiratif et l'encourager à faire davantage de projets cinéma, moi qui ne suis pas un grand fan de sa musique. Une très bonne surprise.