Pascal Laugier n’est pas à son premier coup d’essai dans la réalisation de films fantastiques. Le plus connu et sans doute le plus proche d’un point de vue esthétique, demeure son premier long-métrage "Le pacte des loups". Déjà, le réalisateur affichait une photographie baroque, assez proche des univers de Mylène Farmer qui justement participe à son film Ghostland comme actrice. D’ailleurs, le choix de la chanteuse n’est sans doute pas le meilleur qu’il soit. Il est particulièrement surprenant de la regarder régler ses comptes à deux psychopathes ambulants, vendeurs de friandises de surcroît.
On pourrait penser en considérant le titre à une histoire de fantômes. "Ghostland" constitue en fait une démonstration à scène ouverte des traits cliniques de l’état de stress post-traumatique. La jolie Beth, qui est devenue une auteure à succès de romans fantastiques, revient sur la maison de son adolescence où quelques années plus tôt, sa mère, elle-même et sa sœur, ont subi une agression atroce de deux être glauques, à mi-chemin entre la bête et le dégénéré.
Tout est question ici d’esthétique. Il faut saluer le travail tout à fait intéressant des décors. Nous voilà embarqués dans une maison américaine, anciennement occupée par une tante plutôt originale, adepte des fétiches macabres, qui a tout d’un manège de foire foraine. Les accessoires qui parcourent la demeure sont surprenants voire fascinants, ils sont des personnages à eux tout seuls qui accompagnent le quotidien terrible de cette famille perturbée.
Comme beaucoup de films du genre, "Ghostland" souffre d’un scénario alambiqué qui a du mal à éviter les clichés et les hésitations de la narration. La chute qui intervient en milieu de film est finalement, avec du recul, assez prévisible. Le récit ne parvient pas à tenir le rythme et s’épuise dans des retournements assez fatigants. A force d’en rajouter sur les effets horrifiques, le propos devient somme toute assez banal et perd de son pouvoir anxiogène. Le son, d’ailleurs, comme toujours dans les longs-métrages d’épouvante, abuse du recours aux basses et aux percussions. C’est dommage, car le film pariait d’une véritable originalité en mettant en scène Mylène Farmer autour de poupées et d’objets effrayants, comme sortis d’un film de Guillermo Del Toro. Dominique Laugier a particulièrement soigné l’étalonnage, optant pour une image très rouge qui connote tout le récit, de références mélancoliques qui parsèment le répertoire de la chanteuse.
Bref, "Ghostland" n’est pas le chef d’œuvre de l’année, mais le film ne démérite pas au milieu de la programmation du moment.