Ghostland, un hommage à Lovecraft ? J'en reste quelque peu étonné connaissant son œuvre et ayant lu une de ses biographies, n'y ayant pas retrouvé les traces d'un monde hautement fantastique, glauque et tourmenté. Je pense à l'affaire Charles Dexter Ward, petit chef d’œuvre pour un récit plus court qu'à l'habitude, l'homme étant surtout concentré sur des créatures dépassant l'entendement avec ce mythe fabuleux de Cthulhu et j'en passe. Il est pour tout amoureux du fantastique et de l'horreur, un écrivain incontournable et j'en reviens à dire aussi qu'avant toute découverte de ses œuvres, lire sa biographie juste avant reste un moment de décantation à venir hautement passionnant, l'homme ayant eu une vie plus que trouble.
Alors que dire... Mise à part un clin d’œil à cet auteur grandiose, mais je ne spolierai pas, mise à part une écriture scénaristique intéressante, je n'y ai pas retrouvé le grand Maître de l'horreur.
Il reste à dire que ce Ghostland n'est pas dénué d'intérêt même si, à mon sens, il reste bancale à quelques égards. Et là je soulignerai le fait que la photographie du film n'est pas à la hauteur de l'histoire et c'est bien dommage vu le contenu promis. Car on y retrouve twist et métaphore, fantasme et âpre réalité. Mais le décalage est maladroit. Personnellement, j'affecte ce réalisateur depuis la vision de petit bijou qu'est "Martyrs" que je conseille à tous via une prise de lexomil juste avant. Car Ghostland reste attaché à cette idée d'une souffrance soutenue et inévitable. Laugier aime le calvaire et j'aime tout autant cette idée d'un film qui se donne les moyens d'éviter les clichés pour nous offrir le pire et l'inattendu. Ce que le cinéma devrait nous offrir plus souvent. Mais malheureusement, comme le réalisateur l'a lui-même vécu, le "film de genre" a du mal à trouver son financement, en France surtout.
Le film lorgne plutôt du côté de Stephen King même si son imaginaire et son rapport au réel garde une touche très personnelle au réalisateur. Il n'est pas mauvais en soi. Il faut lui donner sa chance car les clés de son chemin via les tourments qu'il propose ne se propose pas aussi vite que prévu et tant mieux. J'ai personnellement eu l'impression de lire un très bon livre où tout est soigneusement précis, twisté et littéraire. Le passage à l'image reste peu évident tant le scénario du réalisateur est fin. Ce n'est pas une adaptation mais si livre il y avait eu, j'aurai préféré peut^-être lire le livre...
Mais pour conclure, cela reste un très bon film. Mais il faudra persister pour s'en rendre compte. Comme un certain "Martyrs" donc. Les acteurs et notamment Mylène sont justes. Ce sont les "méchants" qui sont un peu émoussés et stéréotypés. Volonté claire ou maladresse ?
Dès le début, j'ai ressenti un clin d'oeil à "Massacre à la Tronçonneuse" même si le film n'a strictement rien à voir avec ce dernier. Mais le fais divers relaté dans un journal lu par le personnage principal dans les premières minutes un peu expédiées, font penser à cet écran "inspirés de faits réels déroulés en...".
Le film reste néanmoins fidèle à une certaine âpreté soutenue vis à-vis de ses personnages. Laugier signe une autre façon d'aborder l'horreur similaire, de loin, à ce fameux "Martyrs que je conseille de voir peut-être après celui-ci si vous n'êtes pas passé à l'acte encore.
Je suis resté un peu frustré quand à la façon de traiter le film sur le plan cinématographique donc. Les "méchants" au second plan. Une photographie peut-être trop soigné pour un univers aussi tourmenté. Et une introduction quelque peu succincte et stéréotypée. A voir pourtant. Mais j'aurai bien voulu être sur le tournage pour piquer quelques gueulantes dans certains choix opérés. Reste que l'histoire demande un peu de temps pour en recevoir la récompense avec une fin que j'ai trouvé délicieusement réussie... à un poil près. Mais c'est du Laugier. Et ça, c'est une bonne nouvelle. Comme on dit au jeu... "Rien ne va plus" !