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WutheringHeights
108 abonnés
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3,0
Publiée le 3 juin 2016
Le scénario est sans cesse alourdi d’un sous-texte psychologique pesant qui lèse le film plus qu’il n’éclaire le personnage. (...) C’est d’autant plus dommage que Boo Junfeng fait par ailleurs preuve de vraies qualités de mise en scène.
**Saiman, un jeune singapourien qui sort de l'armée, a obtenu un poste dans une prison de condamnés à de lourdes peines. Il vit avec sa soeur qui finit par accepter la demande en mariage de son amant australien et qui se décide à partir pour l' Australie. Saiman parvient à intégrer le service des exécutions capitales pour travailler avec le bourreau, Rahim, qui fait office depuis plus de trente ans. Personne ne sait qu'en fait, Saiman est le fils d'un condamné à mort qui a été exécuté par pendaison il y a des années par ce même bourreau.**
"The appentice" est un bon film psychologique réalisé par Boo Junfeng. Il aborde les thématiques de la réhabilitation, de la vengeance et de la peine de mort. Saiman est il fondé à travailler un jour comme bourreau dans la prison où son père a lui même été exécuté des années plus tôt? Le film, s'il est lent, fait le point sur ces thématiques de façon intelligente. J'ai personnellement trouvé que le film, à sa façon, constitue un prudent plaidoyer contre la peine capitale (la compassion de Rahim pour "ses" condamnés, Rahim expliquant la technicité de la pendaison dont l'objectif est de rompre le cou rapidement et sans souffrances...). Pour ne pas "spoiler", je préciserai juste que le film devient plus intense et incertain dans sa deuxième partie jusqu'à une conclusion immersive soulignée par un thème musical intense.
Les interprètes sont très bons (notamment Fir Rahman -Saiman- et Wan Hanafi Su -Rahim-) dans un registre vraiment réaliste.
La grandeur de l'apprentissage est la transmission par le maître artisan de son savoir-faire, de son perfectionnisme au service de la belle ouvrage. Evidemment, le concept prend une dimension particulière lorsque le maître est le bourreau des géoles singapouriennes. Le bourreau traditionnellement honni et cagoulé prend ici visage humain, comme le rouage artisan mandaté par l'administration froide, le législateur et le parti politique qui sont dans cette affaire les vrais coupables. La sobriété de la mise en scène au cordeau, une bande son épurée, juste ce qu'il faut d'intrigues secondaires font un film poignant.
Aiman travaille dans une prison de haute sécurité. Pour des motifs personnels qu'on découvrira (trop) vite, il se rapproche du bourreau pour en devenir l'apprenti.
"Apprentice" nous vient de Singapour et est, je crois, le premier film singapourien que j'ai jamais vu. Premier motif - même s'il est loin d'être suffisant - de l'intérêt qu'on peut lui porter.
"Apprentice" est un film sur la famille. Dans une partie du monde où elle a plus de poids que dans nos sociétés occidentales individualistes. C'est la deuxième raison de s'y intéresser. Aiman poursuit le souvenir perdu de son père autant qu'il s'en cherche un de substitution. Pendant ce temps, sa sœur aînée, elle, choisit l'exil pour se libérer de ce lourd atavisme.
"Apprentice" est enfin un film sur la peine de mort. Je n'avais jamais vu décrite avec un luxe quasi documentaire l'organisation d'une exécution capitale, la préparation du condamné, sa pesée, son ultime repas, ses derniers pas dans le couloir de la mort. La peine de mort est ici dénoncée avec une subtilité absente des grosses productions hollywoodiennes manichéennes et lacrymales : "La dernière marche" de Tim Robbins, "La vie de David Gale" d'Alan Parker, "À l'ombre de la haine" de Marc Forster... Ce refus du manichéisme est entretenu jusqu'à l'ultime image qui laisse le spectateur dans une incertitude diablement (trop ?) maline.
Ayant séjourné à Singapour, ce film montre l'envers du décor de cette ville à l'aspect "clinique" tout y est trop parfait. et derrière ce décor se cache une bien triste réalité avec un système ultra repressif.
A travers ce film, c'est notre humanité que nous voyons. Que nous observons. Que nous jugeons. Et que nous expions. Un film choc qui place la morale entre la VIE et la MORT...à voir absolument !
Tout simplement bluffant. Vu à Cannes, ce film a été une véritable surprise, chef-d'oeuvre de cette édition. Le réalisateur singapourien prend à bras le corps ce sujet particulièrement sensible (les couloirs de la mort de ce pays prétendument "moderne") dans son pays d'origine avec un dispositif de mise en scène maîtrisé et fascinant. Au travers d'un traitement empreint de poésie se dégage un regard sans concession et dont on ne ressort pas indemne.
Glaçant et implacable - le film nous prend à la gorge dès les premières minutes et ne nous lâche pas avant la fin. Au travers d'une mise en scène précise, le réalisateur nous interpelle sur une question brulante et réussit à nous toucher profondément. A voir absolument.
Un très bon film qui étudie avec subtilité l'évolution de la mentalité de son héros, et le combat intérieur qu'il semble se livrer jusqu'à la délivrance finale après laquelle rien ne sera plus comme avant...
La communauté malaise de Singapour est minoritaire dans la Cité-État. Elle l’est en particulier par rapport à l’écrasante majorité d’origine chinoise. Les rôles qui lui sont confiés, car il semble de l’extérieur que les choses soient ainsi organisées, sont subalternes. Entre autres tâches que l’on réserve à ces citoyens moins égaux que les autres, l’administration des prisons et de leur activité la plus sordide, heureusement sans actualité dans les années 2016, l’exécution des peines de mort par pendaison. « Apprentice » est un beau portrait, celui d’un jeune homme dont l’esprit et le cœur ne savent plus s’ils sont capables de regarder dans la même direction. La compassion qu’un être humain ressent naturellement à l’égard d’un homme qui perdra bientôt la vie malgré lui est-elle autorisée, est-elle permise au bourreau qui la ravira ? S’asseoir près de toi, te regarder et t’assurer de la douleur que je ressens avant de te tuer... Mais quel sens, quelle utilité peut bien avoir ce sentiment alors que bientôt tu ne seras plus là ? Je t’aime, cher condamné, mais il est préférable que tu n’en saches rien, pour toi, pour moi...
Jusqu'alors, l'application physique de la peine de mort par pendaison ne trouvait son incarnation cinématographique que dans le sublime Tu ne tueras pas, de Kieslowski.
Il faudra - aussi - compter à partir d'aujourd'hui avec ce film en provenance de Singapour, qui nous présente l'intinéraire d'un "apprenti" bourreau.
Le point de vue est assez original : que signifie être un bon bourreau ? Doit-on être en empathie avec l'exécuté ? Le meilleur résultat est-il d'obtenir une mort rapide ?
Le film de Boo Junfeng est une étude psychologique sur le deuil et la culpabilité. La mise en scène du jeune réalisateur est élégante et percutante : on aurait peut-être aimé que le scénario soit un poil plus étoffé et plus retors. Les motivations du héros sont à mon sens dévoilées un peu rapidement, et la ficelle de l'accident de voiture est franchement épaisse.
Si le film présente donc beaucoup de faiblesses scénaristiques (la soeur et son mari australien comme remplissage), il emporte quand même l'adhésion par son efficacité toute américaine : on est scotché par la minutie des préparatifs macabres et on ne peut s'empêcher d'éprouver une fascination morbide pour cet assassinat légal.
Si le film est un plaidoyer contre la peine de mort, il ne l'est qu'incidemment, et c'est là sa grande qualité.
Apprentice, film singapourien de Boo Jungfen qui s’essouffle scénaristiquement, donne néanmoins lieu à un vrai film d'ambiance dans le couloir de la mort. On retiendra une réalisation maîtrisée, et particulièrement un plan-séquence final assez prenant.
Avec un peu moins de 6 millions d’habitants, il est normal que la ville-état de Singapour n’ait qu’une production cinématographique assez limitée. Cela n’a pas empêché ce pays d’obtenir une récompense majeure du Festival de Cannes : la Caméra d’or attribuée en 2013 à Anthony Chen pour son film "Ilo Ilo". Une récompense à laquelle Boo Jungfeng ne pouvait plus prétendre, puisque "Apprentice", présenté cette année dans la sélection Un Certain Regard, est son deuxième long métrage. Le premier, "Sandcastle", était déjà présent sur la Croisette, faisant partie en 2010 de la sélection de la Semaine de la Critique. Un film qui n’avait pas eu droit à une sortie en salles dans notre pays. A 32 ans, Boo Junfeng est de toute évidence un réalisateur dont la carrière s’avère prometteuse. Sur le sujet de la peine de mort, "Apprentice" est un film d’une grande force, un film grave sans être pesant. Il arrive à faire germer deux regrets chez le spectateur : celui de ne pas avoir vu "Sandcastle" distribué en salles dans notre pays ; celui de trouver ce film dans la sélection Un Certain Regard alors qu’il avait toute sa place dans la compétition officielle.
Aiman travaille dans une prison. Il change de poste et va assister le bourreau, chargé d’exécuter les condamnés à mort. On assiste au quotidien d'Aiman dans son travail tout en observant ses relations avec sa sœur qui vit avec lui. Ce film traite principalement de ce qui constitue l'identité. Son rythme est lent, distillant progressivement les informations sur l'histoire et les motivations du protagoniste. Malgré certaines longueurs, ce récit intrigue et se laisse suivre.
Présenté dans la catégorie Un Certain Regard à Cannes, Apprentice montre un officier de prison qui se voit intéressé pour travailler aux côtés du bourreau ; la peine de mort étend encore présente au Singapour. Sujet très sensible, le film a cependant été tourné en Australie. Ce jeune homme est pourtant sensible et on se demande ce qui le pousse à donner la mort dans cette prison haute sécurité. En réalité, le bourreau le fascine, car spoiler: c’est à cause de lui qu’il n’a jamais connu son père . Aiman est partagé, car son chef travaille depuis trente ans à ce poste et le fait avec un professionnalisme et une habitude sidérante. Le calme de la mise en scène est pesante, presque troublante. Si bien que, les pendaisons sont alors d’une irascibilité et d’une spontanéité décapante. Sous les yeux de ce nouveau bourreau, on découvre alors un milieu enfermé dans le tabou, mais attention, pas dans la honte. Apprentice est présentée comme une œuvre psychologique. Pourtant, nous restons spectateurs face à la banalisation des gestes quotidiens. Boo Junfeng laisse trop de distance entre sa mise en scène et son histoire, ce qui crée une entrave dans les émotions que nous pourrions connaître. Ce côté objectif a quelque chose de stimulant, mais cette froideur empêche tout sentiment d’empathie. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44