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traversay1
3 575 abonnés
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4,0
Publiée le 18 juin 2016
Dans la ville-état aseptisée de Singapour la peine capitale est une sentence commune pour les meurtriers ou les trafiquants de drogue. Si Apprentice nous montre le couloir de la mort et le travail "technique" du bourreau, le film de Boo Jungfeng ne s'érige pas en réquisitoire contre le châtiment suprême ou plus exactement ce n'est qu'un de ses aspects, le plus glaçant par son caractère documentaire. Apprentice est aussi une fiction fulgurante autour d'un personnage ambigu qui lutte contre un passé atroce dont il n'est pas responsable mais qui l'oblige à vivre comme un ascète et dans une certaine forme de déni. Ses relations avec sa sœur, qui a choisi de s'assumer autrement et plus librement, forment la partie la plus sensible du récit sous les tensions, les non-dits et la colère. Apprentice impressionne par sa maîtrise, sa subtilité pour évoquer la violence intérieure de son héros et ses sentiments équivoques vis à vis de son mentor. Froid comme un noeud coulant et vibrant dans la marge, le film s'inscrit d'ores et déjà comme l'un des plus remarquables de l'année.
Si Apprentice n'était qu'un film sur la peine de mort, ce serait le plus dénué de pathos de l'histoire du cinéma. On est loin d'un Dead Man Walking. L'approche du châtiment capital y est froide, technique, clinique... Normal, c'est le point de vue d'un bourreau. Un bourreau doté d'humanité qui cherche avant tout à ne pas faire souffrir ses victimes. Un bourreau qui peut douter, se laisser attendrir, ou "péter un câble" au volant de sa voiture pour faire sortir la pression gigantesque qui repose sur sa tête.
Le film est centré sur le personnage d'Aiman, un jeune à l'enfance traumatisée spoiler: par les frasques de son père (criminel psychopathe lui-même condamné mort et exécuté) , qui après avoir été tenté par la délinquance, s'engage dans l'armée puis l'administration pénitentiaire où il cherche le chemin de sa rédemption. A ce propos, un parallèle intéressant est à faire avec le film "Elle" de Verhoeven, sur les écrans en ce moment, et le personnage joué par Isabelle Huppert qui, partant de conditions semblables dans l'enfance, suit une toute autre trajectoire.
Par une perversion de l'esprit qui (seul regret) ne sera jamais réellement expliquée ou commentée dans le film, Aiman choisit ce métier et cette prison pour se rapprocher de Rahim, le bourreau spoiler: qui a exécuté son propre père . Il en devient rapidement l'apprenti. Quels sont vraiment ses intentions ? Veut-il se venger ? La relation qui s'établit entre eux dépasse vite le cadre professionnel pour devenir quasi-filiale.
La fin du film est intelligente, sans complaisance pour un (anti-)héros déboussolé, tiraillé entre son goût pour la discipline et son sens moral, un homme qui a largement perdu la maîtrise du cours de sa vie, spoiler: et qui au clap final, voit définitivement s'envoler son innocence .
Film qui aborde le sujet de la peine de mort du côté du bourreau et la façon d'amener l'histoire est bien trouvée. La relation ambiguë entre le bourreau et son élève est intéressante et le choix des acteurs est judicieux. Après le film ne pousse pas plus la réflexion sur ce métier, mais se laisse bien regarder.
" Ton père a été pendu et tu veux être bourreau ? Quel genre de cinglé es-tu ?", demande le maître à son élève. " Et qu'est ce qui vous fait conduire comme un cinglé par moments? ", aurait pu rétorquer l'apprenti. Aucune de de ces 2 questions ne trouvera de réponse, le non-dit semblant la règle entre les personnages. Et si le film décrit de façon quasi documentaire la préparation puis l'exécution d'une pendaison, à aucun moment la question de la peine de mort n'est posée. Frilosité due à la peur de la censure, très sensible sur le sujet dans un pays ( Singapour ) où le taux d'exécutions capitales est un des plus élevés du monde ou approbation tacite du metteur en scène - à peine une timide remise en cause de l'application du châtiment suprême aux trafiquants de drogue quand ils n'ont "tué personne ".-, le spectateur n'en saura rien et ce n'est pas l'image finale qui apportera la réponse. Bref,, un film brillant par son formalisme mais frustrant sur le fond.
Ce n'est pas un plaidoyer, mais plutôt une confrontation avec la peine de mort dont on évite communément d'imaginer les réalités les plus dérangeantes. Sans sensationnalisme ni pathos, le réalisateur montre ce qu'il convient de ne pas montrer, troublant le spectateur comme le personnage de l'apprenti bourreau. Un beau drame cornélien.
L'affiche nous annonce « le choc de Cannes ». On me l'avait aussi fortement conseillé. J'y allais donc avec beaucoup d'attente, la déception est d'autant plus grande. Je n'ai pas accroché une seule minute. A vouloir éviter le pathos Boo Junfeng nous offre finalement quelque chose de très froid et sans émotion. Je n'ai ressenti aucune empathie pour aucun des personnages. Drame familial, vengeance, plaidoyer contre la peine de mort, tout se mélange en peu, sans qu'aucun thème ne soit vraiment traité. Cela se laisse cependant regarder, c'est visuellement assez beau. C'est bien mis en scène et très bien interprété. Malgré tout cela, je n'ai donc pas adhéré. Au final, je me suis ennuyé tout du long. Déçu donc.
A Singapour, Aiman intègre une prison de haute sécurité en tant que gardien. Très vite, il se rapproche de Rahim, le bourreau en chef, chargé de l'exécution des condamnés à mort. Son ambition n'est pourtant pas celle de devenir bourreau et il la cache de tout le monde. Il n'est d'ailleurs lui-même pas certain de ce qu'il fera une fois qu'il sera le protégé de Rahim qui le prendra sous son aile. Film immersif nous plongeant dans le quotidien d'une prison et de ses habitudes dans un pays où la peine de mort existe encore (mais de manière très humaine dira Rahim car les hommes qu'il pend meurent sur le coup et n'agonisent pas pendant plusieurs effroyables minutes), "Apprentice" part d'une proposition de cinéma très forte avec un personnage aux motivations troubles mais tout à fait passionnantes. La relation qu'il noue avec Rahim (incarné par Wan Hanafi Su, un acteur au charisme assez dingue) est le point d'orgue d'un film ayant l'intelligence de ne pas se montrer moralisateur tout en laissant ses personnages exprimer toute leur densité. Parfois un peu académique dans ses ressorts narratifs, le film se démontre néanmoins efficace jusque dans son final, le tout porté par une mise en scène extrêmement travaillée.
Un film difficile dans lequel notre jeune gardien de prison va se voir proposer de devenir l'aide du bourreau.Et revient à la surface que son père à été exécuté dans cette même prison. Intéressant et très bien joué.
Boo Junfeng s'attaque à un sujet sensible et peu traité au cinéma : la peine de mort et plus précisément la profession de bourreau. Ce sujet est abordé avec beaucoup de retenue et de réalisme, en évitant tout manichéisme. Malgré l'avis tranché de l'auteur sur la question, "Apprentice" n'est clairement pas une œuvre engagée mais plutôt une mise en lumière sur ce thème. La réalisation est à l'image de l'intrigue : sobre mais efficace. Ce n'est pas ce que l'on pourrait qualifier d'"oeuvre coup-de-poing" mais cela n'en reste pas moins un long métrage de qualité.
Le maître mot de ce film c'est la molesse. Les acteurs sont d'une immense indolence, comme si la moiteur du climat influait sur leur jeu. La réalisation a beaucoup d'atouts, mais le scénario est limité et la fin du film ultra prévisible. C'est très lent, sans raison apparente ce n'est même pas contemplatif ou beau. Le début est prometteur mais la suite laisse singulièrement le spectateur sur sa faim. Le film choc de Cannes s'essouffle très rapidement.
Boo Junfeng est un réalisateur d'à peine 33 ans, et pourtant il fait montre d'une maturité remarquable dans son film "Apprentice". Nous voilà plongés dans l'univers carcéral mais cette fois, pas du côté des assassins ou des voleurs comme "Le Prophète", mais des gardiens. Aiman vient de l'armée, et on lui propose d'intégrer ce centre pénitentiaire de haute sécurité, où certains prisonniers attendent d'être pendus. Aiman, qui vit avec sa sœur ne rêvant que de quitter l'Indonésie pour rejoindre un mari d'opportunité en Australie, s'applique tant et si bien qu'il est approché par le bourreau lui-même du centre, qui le choisit comme apprenti. Ou du moins, c'est Aiman qui fait en sorte d'être approché par le bourreau. Car très vite, le spectateur sait qu'un secret terrible pèse sur les épaules de ce jeune-homme et que son arrivée au centre pénitentiaire ne relève pas du hasard. Il faut d'abord saluer la pudeur de la caméra à aborder un sujet aussi sensible que la mise à mort des condamnés. On pense évidemment à l'œuvre de Victor Hugo ou au Lars Van Trier "Dancer in the dark" qui traitaient du même sujet, sinon que cette fois, le réalisateur évite toute forme de démonstration ou de dénonciation affirmée. Il laisse au contraire le récit verser dans une sorte de thriller où la psychologie des protagonistes prend intelligemment le pas sur le risque du plaidoyer contre la peine de mort. Pour autant, le film montre avec subtilité la violence que peuvent imprimer jour près jour les exécutions pourtant professionnelles des condamnés, dans la tête des gardiens. Le film constitue un sujet de philosophie à lui tout seul où sont abordées les questions de légitimité, d'éthique, et de justice. "Apprentice" constitue un brillant réquisitoire contre une société et des hommes, qui cèdent par facilité à la démagogie populiste. Portés par des acteurs convaincus et convaincants, dont notamment Fir Rahman absolument époustouflant de sincérité, de dureté et d'émotion tout à la fois, le film constitue la belle surprise de ce début d'été.
Un film sur le couloir de la mort n’est en soit pas une exception mais plutôt une rareté. On l’a déjà vu traité sur la mode du thriller (« La vie de David Gale »), du drame (« La dernière marche ») ou même du conte fantastique (« La Ligne verte »). Voilà donc un sujet qui peut être cinématographique. Mais le traiter de façon directe, sans pour autant verser dans l’aspect documentaire, est beaucoup moins courant. « Apprentice » nous plonge donc dans la vie d’un surveillant pénitentiaire à Singapour amené à devenir l’assistant du bourreau, celui qui prépare et déclenche la mort des condamnés.
On apprend peu de choses que l’on ne sait déjà et le film tourne vite en rond. Il n’y pas vraiment de suspense, on est plutôt spectateurs du cheminement moral du personnage principal, lui-même fils d’un ancien condamné à mort jadis exécuté par son nouveau supérieur. C’est un peu lent et le scénario est plus contemplatif que véritablement tourné vers l’émotion ou la réflexion. Heureusement durant la première partie du film, une intrigue secondaire dénoue les rapports qu’entretient Aiman avec sa sœur dans leur habitation commune. Une relation particulière et originale faite de tendresse mêlée à des reproches.
Sinon, sans pour autant être totalement déplaisant, pas grand-chose à se mettre sous la dent pour ce film venu d’une cinématographie rare : Singapour. Tout juste remarque-t-on les qualités de mise en scène du réalisateur Boo Junfeng. Sa caméra se pose toujours au bon endroit et ses plan-séquences sont savamment orchestrés et judicieux en plus d’être esthétiques. On découvre également en biais un pays peu connu pour nous autres occidentaux. Les acteurs sont également bons mais rien n’y fait pour que l’on puisse clairement dire que « Apprentice » est un bon film. Il fait juste passer le temps sur un sujet qu’il ne transcende jamais véritablement. Et ce n’est pas forcément un compliment.
Ce film repose sur trois scènes essentielles qui en font pratiquement tout le propos, le reste n'étant que du liant : l'explication technique, scientifique presque, d'une exécution par pendaison avec comparatif sordide de la variante "inhumaine" (sic) parfois pratiquée dans certaines contrées. Et la mise en application, avec deux exécutions reconstituées. Evidemment, cela donne froid dans le dos. Aucune leçon de morale, aucun plaidoyer. Les faits, le sort. Les spectateurs sortent de la salle silencieux. Sans doute, comme le sont les témoins officiels d'une exécution capitale dans les pays qui la pratiquent. C'est du cinéma de témoignage, pour faire réfléchir mais sans donner de leçon morale. A chacun de trouver son cheminement.
Filmé un peu comme un documentaire, Apprentice nous conte l'histoire d'un jeune entré dans la pénitentiaire rapidement pris en charge par le bourreau de la prison pour devenir son assistant. Si l'on découvre assez vite, le vrai motif d'Aiman pour intégrer ce poste, le scénario n'en demeure pas moins ponctué d'une intrigue intéressante jusqu'à un final surprenant. La mise en scène est très léchée avec des plans judicieux et un quotidien bien décrit. Une atmosphère pesante sur les instants qui précédent les exécutions. J'ai regretté toutefois un manque de profondeur chez les personnages, un vrai faux face à face entre Aiman et chef Rahim, une lenteur parfois exagérée. Pas mal...