J'ai entendu pour la première fois parler de ce film lorsqu'il a fini en tête des films préférés des Cahiers du Cinéma pour l'année 2018 (devant le Bruno Dumont qui plus est !) et je dois dire que je ne regrette absolument pas de l'avoir vu, c'était une claque monumentale.
En fait j'avais juste lu le synopsis, je ne crois pas avoir vu une image du film et quelle surprise de voir un film aussi abouti visuellement, aussi fou, osant autant de choses. Dès le début on est happé dans un univers onirique, avec des garçons (qui ont des voix de filles) qui racontent leur histoire, comment ils ont tué leur prof de français, comment ils se sont retrouvés abandonné à un Capitaine étrange qui prétend pouvoir les mater.
Visuellement, c'est clairement à toute épreuve, le mélange entre les séquences qui semblent tout droit sortir d'un film du début du XXe siècle et celles aux couleurs éclatantes, notamment les apparitions du fameux Trevor, est juste parfait. On passe de l'un à l'autre sans se poser de question, sans que cela ne sorte du film, bien au contraire, ça aide à renforcer cet aspect délirant que peut avoir le film.
La force du film est clairement là, dans sa mise en scène, dans ses idées absolument géniales et perverses, voire carrément flippantes. Le début du film, avec ces garçons qui portent des masques et qui regardent droit vers la caméra en contre-plongée, c'est flippant, on se croirait dans Orange Mécanique. Et puis il y a ce procès, ces gamins qui mentent, difficile de faire plus amoral et derrière ces garçons au premier plan on voir le procureur grossir, grossir jusqu'à que sa tête les domine totalement et prenne tout l'écran.
Ce qui est fabuleux, c'est que la mise en scène de génie est au service de quelque chose de réellement pervers, on voit ces garçons manger, boire des choses bien plus ressemblantes à des sexes masculins ou féminins qu'ils ne devraient l'être en temps normal... on les voit fantasmer... désirer... Et au lieu que ça soit glauque, peut-être parce que ces garçons sont incarnés par des filles (dont la délicieuse Vimala Pons, qui encore une fois tourne avec un réalisateur qui sait la déshabiller), peut-être parce que tout ceci ressemble plus à un rêve qu'autre chose, ça arrive à être fascinant, sans jamais être dégoûtant.
Par contre la grande inconnue c'est pour moi ce qu'a bien pu vouloir dire le réalisateur avec film, que les garçons c'est pas civilisé ? que les filles c'est la civilisation ? que la civilisation passait pas la castration ? Peu importe le flacon... l'essentiel est l'ivresse !