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Charles-Antoine Bertaux
63 abonnés
41 critiques
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4,5
Publiée le 18 juin 2017
J'ai découvert "WÙLU" cet après-midi à Rennes et j'ai adoré !
En filmant les livraisons en camion, en bus et en avion, et le lien entre les trafiquants de drogue et AQMI, le réalisateur de "WÙLU" Daouda Coulibaly montre brillamment et fatalement comment le trafic de drogue a contribué au coup d'État au Mali ; ou comment l'ascension, aussi excitante que violente et effrayante, d'un jeune livreur malien dans le trafic de drogue participe au développement du trafic de l'« or blanc » à l'échelle mondiale, et comment ce dernier perturbe la géo-politique nationale et internationale, et ce grâce à la bande originale (composée par Éric Neveux), au casting, à la photographie et aux scènes d'action ( spoiler: j'ai été impressionné par la fusillade plus vraie que nature vécue de l'intérieur d'un 4x4 ) magnifiques.
"WÙLU" est incontestablement mon nouveau coup de cœur de 2017.
Savez-vous ce qu’est un coxeur ? C’est la profession qu’exerce Ladji dans la capitale malienne. Debout sur le marchepied d’un minibus, il harangue les clients, encaisse le prix de leur trajet, guide le chauffeur en fonction des arrêts demandés. Mais soyez rassurés, "Wùlu" n’est pas un film sur la sociologie des transports à Bamako. C’est plutôt l’histoire d’un Scarface malien qui gravit les échelles de la pègre.
On lui demande d’abord de faire de la contrebande à la frontière sénégalo-malienne. L’ingéniosité dont il fait preuve lors de sa première mission lui attire la confiance de ses commanditaires qui lui confient des missions plus difficiles en Guinée, puis dans le Nord du pays. Mais c’est lui qui, en cheville avec un trafiquant vénézuélien a l’idée de faire prendre à son business un toute autre envergure.
Le cinéma africain fait lentement son entrée dans le grand bain du cinéma mondial. Longtemps condamné à faire de la figuration dans les grands festivals, il en décroche désormais les premiers prix : "Un homme qui crie" (Prix du jury à Cannes en 2010), "Timbuktu" (César du meilleur film en 2015), "Félicité" (Grand prix du jury à Berlin en 2017). Pour autant, le cinéma africain reste un cinéma de niche, handicapé par la faiblesse de ses moyens. On attend toujours le premier blockbuster africain. "Wùlu" cherche à sortir de ce ghetto en investissant le champ du polar, un genre jusqu’alors étranger au continent.
Il n’y parvient qu’à moitié. Certes, la mise en scène est nerveuse. Certes, le destin de Ladji est attachant dont l’ascension se paie du prix de l’amour des siens (son meilleur ami, sa sœur…) Mais la direction des acteurs laisse à désirer. Autre défaut : le scénario embrasse trop de problématiques et les étreint mal : la criminalisation des sociétés africaines, condamnées, si elles veulent réussir, à sortir de la loi, la corruption des élites (l’histoire se déroule avant le coup d’État de janvier 2012 qui allait conduire à l’effondrement de l’État malien), la quête d’identité d’individus à cheval sur deux cultures…
Malgré ses défauts, "Wùlu" – dont la palette chromatique de l’affiche rappelle celle de "La Cité de Dieu" de Fernando Meirelles qui, lui aussi, importait au pays de la salsa le polar et ses violences – mérite le détour.
Wùlu. Un film qui évoque l'amour fraternel, le terrorisme et le trafic de drogues à travers un jeune homme qui se cherche... Tellement de sujets complexes abordés, et pourtant Daouda Coulibaly, le réalisateur, les relient tous avec tant de facilité. C'est un peu le résumé que nous pouvons faire de ce drame séduisant qui, en dehors de nous émouvoir, nous apprend beaucoup d'un point de vue historique. On appréciera également le nombre conséquent de plans rapprochés qui nous plongent davantage dans cette ambiance tendue du film en accentuant les émotions des personnages. Je termine avec une prestation de haute qualité que nous livre encore Ibrahim Koma (qu'on avait déjà pu apercevoir dans Le Crocodile du Botswanga dans un tout autre rôle).
avec Wùlu, c'est le constat d'une certaine afrique à deux vitesses, désemparée, attirée par le faste et les apparences. et, à travers Ladji, le personnage central, c'est toute une organisation autour du trafic de drogue qui y sévit. au milieu de certains passages violents, le récit manque toutefois de liant et d'intensité. de plus, le côté impénétrable de notre héros, jusqu'au point de non retour (cette liberté en apparence en forme de prison dorée) ne permet véritablement pas de s'y attacher.
Le cinéma africain se fait tellement rare sur les écrans que l'on se réjouit de chaque film qui en est issu et qui suscite une certaine indulgence pour ses défauts. Wùlu en a beaucoup, souvent par manque de moyens, d'ailleurs, mais c'est un thriller plus qu'intéressant, sorte de roman noir d'une jeunesse malienne sans perspectives si ce n'est celle de la délinquance pour échapper à la pauvreté. Ainsi va le parcours de Ladji, garçon mutique, dont l'ambition est d'abord de permettre à sa soeur de vivre décemment, sans avoir besoin de se prostituer. Le cinéaste a aussi la volonté de dénoncer la corruption qui sévit en Afrique de l'ouest mais cet aspect-là n'est pas vraiment fouillé, s'effaçant derrière la trajectoire de Ladji, qui monte les échelons avec le trafic de drogue, véritable fléau dans cette partie de l'Afrique. Les silences de son héros et le montage assez serré, plutôt elliptique, donne un ton au film, loin des poncifs du genre, tels que pratiqués en France ou en Amérique. La comparaison avec Scarface, reprise ad libitum par de nombreuses critiques, n'est pas valable, ne serait-ce que par le caractère de son personnage principal, sans même évoquer le contexte socio-politique.
Ladji perdant son emploi se raccroche à un marché qui fait partie du quotidien à Bamako, celui de la drogue. Après des scènes particulièrement violentes dans le désert où il perd un de ses associés, il récidive quand même avec des moyens plus élaborés, à tel point qu'il arrive avec sa soeur à avoir un certain train de vie, belle maison avec piscine...mais apparemment cela ne fait pas son bonheur et malgré tout, lorsqu'il avait son emploi de chauffeur de bus, il était plus heureux, moins riche certes, comme quoi l'argent ne peut tout acheter et que bien souvent vivre dans le passé arrive à des extrêmes. Bien interprété, il y a quand même des longueurs et l'on n'est guère convaincu au final.
Wulu nous fait voyager en Afrique. Quelques scènes sont bien vues, comme celle du conducteur de car et de son apprenti. Le personnage principal a une certaine présence, mais le scénario est un peu faible. Le réalisateur pratique beaucoup l'ellipse, ce qui est parfois une qualité parfois un défaut, car certaines transitions ne sont pas faciles à comprendre. En revanche, il s'égare aussi dans des digressions de peu d'intérêt. On reste donc sur sa faim en imaginant ce qu'aurait pu être un thriller africain d'envergure, mieux maîtrisé. La chute enfin est raté, car rien n'annonce ni n'explique le comportement du héros.
4 541 abonnés
18 103 critiques
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3,5
Publiée le 14 décembre 2020
Si Wùlu raconte effectivement comment un jeune homme a rejoint le crime et la drogue et en a gravi les échelons. Le personnage de Ladji est dur concentré sur son objectif mais aussi sensible et son portrait est joliment peint dans le film. Mais ce n'est pas seulement un film sur le crime c'est aussi la représentation de l'Afrique de l'Est moderne ses villes et la dynamique, la vitalité propre à l'Afrique. La fosse entre les gens ordinaires et les riches, l'avenir qu'ils peuvent espérer et bien sûr la corruption à tous les niveaux. Le réalisateur Daouda Coulibaly a également utilisé l'histoire pour montrer et dénoncer les liens entre le crime et le terrorisme. Il dresse un bilan politique sévère mais fidèle à la situation. Pour résumer Wùlu est déjà en soi un bon drame policier et devient grâce à cela un très beau film qui mérite votre attention...