C’est estimable de voir une actrice ne manquant pas de charme capable de se transformer physiquement au point de s’enlaidir pour les besoins d’un rôle. Dans ce registre, on peut compter sur l’ex mannequin Charlize Theron qui prouvait dès 2003, dans le film « Monster » de Patty Jenkins, qu’elle ne craignait nullement d’être déformée sur le plan de son aspect extérieur pour incarner de manière crédible le personnage qui lui était attribué.
Aujourd’hui, dans le film de Jason Reitman, si elle ne s’enlaidit pas à proprement parler, elle dévoile en tout cas, pour ce qu’on en aperçoit, un corps marqué par l’âge : celui, dans les premières scènes, d’une femme enceinte s’apprêtant à accoucher de son troisième enfant. C’est tout le sujet du film, justement, que de rendre compte des difficultés d’une mère devant faire face à de multiples tâches au point, après l’accouchement, de subir ce qu’on appelle, en médecine, une dépression post-partum. Marlo (c’est le prénom qu’elle porte dans le film) se débat pourtant comme elle peut pour le bien de ses trois enfants : Sarah, une fillette d’apparence très sérieuse, Jonah, un garçon souffrant d’un trouble psychique et, de ce fait, réclamant des soins spécifiques, et le bébé qu’il faut allaiter et qui nécessite bien des attentions.
Quant à Drew (Ron Livingston), le compagnon de Marlo et père des trois enfants, on ne peut pas affirmer qu’il ne se soucie de rien, mais sa contribution reste très limitée au point qu’il s’isole volontiers de tout en jouant à des jeux vidéos. Ce qui change vraiment la vie, c’est l’arrivée de celle dont cependant Marlo a mis du temps à accepter la venue : Tully (Mackenzie Davis), la nounou, qui parvient, par sa présence, à métamorphoser le quotidien le plus pesant. Avec elle, tout se transforme. Et elle devient, petit à petit, l’auxiliaire indispensable qui réenchante l’existence au risque, peut-être, d’en faire un peu trop.
Bien écrit par la scénariste Diablo Cody, le film réserve quelques surprises tout en évitant habilement les clichés véhiculés dès qu’il est question de la famille : mère, père, enfants et, même, nounou ne manquent pas de déconcerter quelque peu, ce qu’il convient de souligner.