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Ici je n’irais pas à dire qu’on a une petite pépite mais il y a quand même de quoi remuer les consciences. Pauline (Emilie Dequenne) est une jeune infirmière du Nord pas de Calais, plus exactement à Hénard (toute ressemblance avec une ville connue pour son vote frontiste est délibérément… délibérée). Au fil de ses tournées, on la voit proche de ses patients mais aussi du docteur qu’elle connaît depuis toute petite: Philippe Berthier (André Dussollier). Celui-ci va se rapprocher d’elle et lui mettre en tête, peu à peu, qu’elle peut changer les choses, au moins au local, en devenant tête de liste pour le parti Front Na… euh le Rassemblement National Populaire (ou un truc du genre), tenu par Agnès Dorgelle (Catherine Jacob).
Pauline, d’abord réticente va commencer à se dire que, même si elle est de gauche, il est évident que les partis abandonnent Hénard et que, finalement le RNP est proche du peuple et qu’il peut peut-être changer les choses. Après tout, gauche droite même combat alors pourquoi pas…
Et voilà tout le fond du problème!!! Ce film est édifiant car, même si nous ne pouvons nous arrêter à des ressemblances et que oui, ça n’est pas explicitement basé sur une histoire vraie, il explicite bien les méthodes d’un certain parti en particulier que je n’aurais pas besoin de nommer ici. Entre milices de « défense » actives dans la propagandes et manipulations en tout genre, on comprend alors que leurs méthodes peuvent être efficaces dans les moments de trouble actuel.
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Question jeux d’acteur, tout est juste. Emilie Dequenne n’a rien à prouver et elle tient son rôle de presque naïve comme il se doit. André Dussollier, qu’on ne présente plus, également. Guillaume Gouix est tout aussi juste et représente dans ce film la partie plus que radicale et active du RNP: le service de défense. Oscillant entre son passé et son envie de rédemption, il va vite comprendre qu’on ne se dégage pas du parti aussi facilement.
Mon gros coup de cœur aura été à deux acteurs que je ne connaissais pas et à qui on doit des monologues militants bouleversants: Patrick Descamps, qui jour le père de Pauline et qui, en bon communiste, va s’insurger des choix de sa fille. Et Iman Amara-Korba qui joue Djamila. Celle-ci, qui connaît bien Pauline, va la voir se radicaliser [...] et va lui donner une leçon verbale à en mettre la chaire de poule.
On peut toutefois déplorer une certaine longueur, ce qui est dommage pour ce genre de film à message. [...]
En résumé, un bon film malgré quelques longueurs et sans doute un qui fera (je l’espère) réfléchir pour les prochaines élections. Je conseille par la même occasion la BD « Présidente » de Fançois Durpaire et Farid Boudjellal si vous n’avez pas encore assez de matière de réflexion.