Une pépite du cinéma espagnol redécouverte et restaurée récemment. Tournée en 1953, 1er film d’une actrice très célèbre à l’époque Ana Mariscal , devenue réalisatrice, et qui sera très célèbre, une figure féminine iconique du cinéma espagnol .Le film est tiré d’un livre d’un écrivain d’ Estrémadure ,originaire de Caceres, un peu oublié, Leocadio Mejias et qui aura peu de succès de son vivant , seulement deux livres. C’est d’ailleurs lui qui joue le rôle du narrateur assis à la table du café. Mais Mariscal trouve une tonalité très originale , inspiré du néo-réalisme italien, dévoilant la misère du Madrid de ces années-là, mais il y a aussi beaucoup d’humour avec le personnage principal sorte de Charlie Chaplin, ou de WC Fields , qui n’en rate pas une, venu de son Extramadure natale pour faire fortune à la capitale . Il a pris sous protection un jeune garçon homeless « El Chirri » un peu voyou ,et tous les deux vont faire les quatre cent coups pour essayer de s’en sortir. Une sorte de road-movie , dans la ville de Madrid dévastée , en extérieur. Ce qui permet de découvrir des monuments tout juste construit , comme la célèbre gare d’ Atocha , ou même la célèbre Plaza de Tors de Las Ventas ,de style mauresque , située au milieu des champs à l’époque. Passage aussi dans les cafés et tablaos populaires, et même quelques superbes morceaux de flamenco, chantés et dansés par de jeunes enfants, comme cela se faisait à l’époque. C’est aussi une fable sociale, car Segundo et El Chirri , croiseront beaucoup de monde , y compris une Duchesse, grande d’ Espagne, qui les recueillera quelque temps , excellente séquence , montrant bien les castes espagnoles existantes, mais avec beaucoup d’humour et de distanciation. Beaucoup d’humanité chez les deux personnages principaux et la jeune Marta malade (jouée par la réalisatrice Mariscal) . Il y a bien du Don Quijote chez Segundo, et El Chirri , est Sancho Pancha , qui l‘appelle constamment « mon maitre », tellement dans la tradition ibérique. Une œuvre magnifique , culte , témoignage de la force d’un cinéma espagnol des années 50/60 , un peu oublié aujourd’hui.