Tout au long de sa carrière, c'est le plus souvent en tant que peintre des familles japonaises que le réalisateur Hirokazu Kore-eda a écumé les festivals et, tout particulièrement, celui de Cannes. C'est ainsi que ses 3 derniers films ont été présents sur la Croisette : "Tel père, tel fils" y a obtenu le Prix du Jury en 2013, "Notre petite sœur" était en compétition en 2015 et "Après la tempête" faisait partie de la sélection "Un Certain Regard" en 2016.
Lorsqu'il a commencé à travailler sur le scénario de "Après la tempête", les premiers mots que Hirokazu Kore-eda a écrit ont été "Tout le monde ne peut pas devenir celui qu'il voulait être". C'est ainsi qu'est né le personnage de Ryota, un ancien espoir de la littérature qui travaille dorénavant comme détective privé, soit disant pour "alimenter" un futur roman. Addict au jeu, Ryota a autant raté sa vie sentimentale et familiale que sa vie professionnelle : le couple qu'il formait avec Kyoko a cessé d'exister, et, lorsque Ryota a la garde de son fils Shingo, âgé de 11 ans, il n'a de cesse de lui tirer les vers du nez à propos du nouveau compagnon de Kyoko. Quant à Yoshiko, la mère de Ryota, elle nourrit un rêve secret : qu'intervienne une réconciliation entre Ryota et Kyoko. Un espoir qui, peut-être, pourrait se concrétiser quand, un soir de typhon, Ryota, Kyoko et Shingo se retrouvent devoir passer la nuit chez elle.
Tourné dans une cité HLM de Tokyo dans laquelle le réalisateur a vécu de l'âge de 9 ans à 28 ans et dont il dit que, elle aussi, à l'instar de Ryota, "elle n'a pas pu devenir ce qu'elle voulait", "Après la tempête" a un titre japonais qui signifie "Plus profond que la mer", titre venant des paroles d'une chanson très populaire de Teresa Teng, une interprète dont les chansons parlent d'amours malheureuses, ce qui ramène au concept que peu de gens deviennent l'adulte qu'ils rêvaient d'être. Dans ce film inégal, dans lequel flotte un parfum d'amertume mais qui aurait gagné à être raccourci, on retiendra surtout son début et sa fin, ainsi que les scènes où apparait Yoshiko, la mère de Ryota, ne serait-ce que pour ses réparties savoureuses, telle celle-ci : "quand on est vieux, il ne faut pas se faire de nouveaux amis, sinon on passe son temps dans des enterrements".
Les amateurs de cinéma japonais connaissent bien Kirin Kiki, la comédienne qui interprète le rôle de Yoshiko : déjà présente dans de nombreux films de Hirokazu Kore-eda, elle a également joué pour Naomi Kawaze. C'est elle, en effet, qui interprétait le rôle principal dans le très beau et très délicat "les délices de Tokyo", celui de Tokue, la spécialiste de la préparation de la pâte de haricots rouges confits. Auprès d'elle, on retrouve des comédiens ayant déjà tourné avec Hirokazu Kore-eda, tels Hiroshi Abe, qui joue Ryota, et Yoko Maki, interprète de Kyoko.