Dieu sait que j'en suis fan, d'Hirokazu Kore-eda, celui qui dessine, à partir de presque rien, des choses précieuses, subtiles, délicates -et profondes, sur la famille, sur les fratries, sur la vie simple.... Inutile de dire que je suis allée voir Après la tempête les yeux fermés. Bon, j'ai eu ensuite du mal à les rouvrir, tant le film distille un ennui profond.... Cette fois ci Kore-eda, à partir de rien, a fait.... pas grand chose.
Sans doute parce que de cette famille normalement disfonctionnelle, on ne peut s'attacher qu'à la grand mère Yoshiko, la merveilleuse Kirin Kiki, courageuse, et qui se réjouit d'un rien, comme la visite de ses enfants, même s'ils viennent en général pour la taper... (plus exactement, sa fille vient pour se régaler de la délicieuse cuisine de Yoshiko). Elle aurait bien espéré finir sa vie dans une vraie maison, et pas dans un HLM, mais pour cela, il aurait fallu qu'elle ait eu un autre mari.... et un autre fils. Le mari était joueur. Il accumulait les dettes. Quant il est mort, cela a plutôt été un soulagement.
Le film est construit en fait autour du fils, Ryota (Hiroshi Abe), et c'est bien là le problème: impossible de s'attacher à cette larve malhonnête. Il s'imaginait écrivain: il a écrit un livre, qui a eu un certain succès, et depuis: rien. Alors, il gagne sa vie comme détective à mi-temps dans une officine spécialisée essentiellement en filatures en vue divorces sans frais... Il roule son patron, il rackette ses clients, il tape son trop gentil collègue et quand il a de l'argent, au lieu de payer la pension alimentaire de son fils ou de lui offrir les accessoires de base ball dont le petit rêve, il va le dilapider aux courses. Et pire: quand il rend, rarement, visite à sa mère, c'est pour fouiller les placards dans l'espoir de trouver un billet ou quelque objet vaguement précieux qui pourrait être vendu....
Pendant un typhon, Ryota, sa femme Kyoko (Yoko Maki) et leurs fils vont se retrouver coincés chez Yoshiko, créant un rapprochement très artificiel. Ce que Kore-eda décrit le mieux, ce sont les enfants, et là encore, ce qui nous retient, c'est ce portrait finement dessiné de Shingo, déçu par ce père comme Ryota lui même a pu l'être par le sien, plein de questions et d'incompréhensions, qui naturellement, voudrait tellement que toute la famille se retrouve rassemblée autour de la grand mère, dans une belle maison! Mais ce rapprochement d'une nuit, on sait bien qu'il ne durera pas.
Bref, je n'ai pas adhéré, parce que Ryota est trop minable pour qu'on puisse lui trouver la moindre excuse et ressentir la moindre empathie avec lui.... Dommage!