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    Rocco
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Rocco" et de son tournage !

    Comment tout a commencé

    A l'origine, Mars Films et Program 33 avaient demandé à Thierry Demaizière et Alban Teurlai de faire un documentaire sur la pornographie américaine. Les deux hommes ont alors proposé de réaliser une plongée dans l’univers de la pornographie à travers des portraits d’acteurs de cette industrie. Le premier nom auquel ils ont pensé était naturellement celui de Rocco Siffredi et après l'avoir rencontré, le fait de centrer un film à 100% sur le plus célèbre des acteurs pornographiques s'est imposé.

    Un homme complexe

    Ce qui a le plus frappé les deux metteurs en scène est la complexité et la douleur de Rocco Siffredi, "très loin du personnage burlesque du Journal du Hard" selon Alban Teurlai. Il poursuit : "Il était prêt pour la première fois à aborder la part sombre de sa personnalité. On savait qu’à travers lui et la pornographie, on allait toucher à des thèmes plus larges, universels, autour du désir et de la culpabilité. Une sorte de portrait de l’homme moderne."

    Angle

    Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont fait le choix de ne pas filmer ce qui constitue le coeur du porno : la pénétration. Le premier explique pour quelle raison : "Pour voir une pénétration, le public n’a pas besoin de nous : il suffit d’un clic. En ce qui nous concerne, c’était même ce qu’il y avait de moins intéressant sur le tournage. Les films pornos ne sont trop souvent qu’une succession de gros plans sur le sexe des hardeurs et hardeuses. Nous, c’est le reste qui nous intéressait : les visages, les mains, les regards, les crampes, les muscles, tout ce qui reste habituellement hors du champ de la caméra. Ce sont des performeurs, notre défi était donc d’arriver à traduire un climat inhérent à la pornographie, à cette addiction au sexe, sans en passer par la pénétration et sans occulter la violence et la souffrance."

    Du pour et du contre

    Le film s'est tourné sur deux ans. Pendant cette période, Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont rencontré beaucoup d’actrices et d’acteurs. En côtoyant ce monde, les deux cinéastes racontent être tombés sur des situations très loin des clichés et des idées reçues (même si cette industrie peut être sans état d’âme). Alban Teurlai confie :

    "Evidemment, le porno se nourrit beaucoup des désastres économiques de certaines régions du monde, notamment de l’ancien bloc de l’Est. Certaines actrices entrent le plus souvent dans le business pour des raisons de survie économique, mais aussi par soif de célébrité. Celles-là en général ne font pas long feu et sont broyées par la machine. Les fins de leurs courtes carrières sont terribles. Je pense par exemple à Jenny Smart, une débutante Tchèque que l’on voit au tout début du film, terrifiée par ce qui l’attend. Nous avons gardé cette scène au montage, même si elle provoque un vrai malaise car c’est une part terrible de la réalité du porno. Il doit y en avoir des centaines comme elle. Mais il y a l’autre versant de l’industrie, moins glauque, peuplé de jeunes femmes au courant de leur désir, pour qui le porno est un moyen assumé de faire de l’argent. Voire même de revendiquer une certaine forme de contre-culture."

    Dernière scène

    Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont eu le privilège de filmer la dernière scène pornographique de Rocco Siffredi. Mais ces adieux du plus grand hardeur de tous les temps n'étaient pas programmés dès le début du tournage. "On ne savait rien au départ, non, mais on a compris assez vite qu’il ne pouvait plus tenir longtemps son rôle de super hardeur, de mâle alpha dominateur, il était habité par trop de doutes, de questions. Et puis physiquement aussi. Rocco a beau être encore très performant, il est brisé de partout : ses hanches, ses genoux, son dos, son corps entier le fait souffrir. C’était une chance incroyable pour nous et pour le film d’arriver à ce moment-là de son histoire, où quelque chose ne marchait plus", se rappelle Thierry Demaizière.

    Paradoxe

    Via ce film, Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont voulu montrer à quel point Rocco est un homme qui va mal malgré sa richesse et son statut de roi du porno. "C’est pour cela que Rocco est profondément humain. Il a 52 ans, il est devenu riche par le porno, adulé, célèbre dans le monde entier : on aurait pu s’attendre à rencontrer un type plus serein, un baron du porno. Un prince dans son royaume, satisfait de sa réussite. C’est tout le contraire : il va mal. Il est même celui qui va le plus mal dans le clan Siffredi. Alors que sa femme et ses enfants semblent avoir totalement accepté la situation, lui est pris tout entier dans sa question sans réponse comme s’il était condamné à désirer…", note le premier.

    Parole à Rocco

    Lorsque les deux documentaristes français Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont proposé ce portrait filmé à Rocco Siffredi, l'acteur a accepté après avoir vu leurs films précédents. Ce dernier confie ainsi avoir beaucoup aimé leur façon de s’approcher d’un sujet et de le filmer.

    "C’est ce qui a joué dans ma décision de me laisser enfin filmer de façon intime. Et puis je suis né artistiquement en France – mon premier film porno en 1986 était tourné à Paris, pour Dorcel. Quand plus tard, j’ai sorti un livre autobiographique, c’était une idée d’un éditeur français. Sans doute parce que la France est plus libre sur la question du sexe, moins hypocrite. Les français me semblent mieux placés que personne pour pouvoir raconter la vie d’un homme qui a choisi une voie qui n’est pas, disons, traditionnelle…"

    Volonté de "se raconter"

    Rocco Siffredi, qui venait d'avoir 50 ans au moment de la naissance du projet, s'est aussi senti en âge d'évoluer et de se raconter, comme il l'explique : "Les gens ont l’image de Rocco super machine. Je peux être cette super machine. Devant la caméra. Mais là pour la première fois, on peut aussi me voir à nu. C’est beaucoup plus difficile d’être nu comme ça pour moi que d’apparaître à poil sur un plateau pour une scène X. Ce n’est pas la même façon de se découvrir."

    Côté BO

    Pour la bande originale, Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont à nouveau collaboré avec Pierre Avia, qui "est allé chercher des boucles minimales à la Carpenter, des guitares pesantes à la façon de celles de Neil Young pour Dead Man et un cor de chasse à la Foxcatcher, puis il a beaucoup travaillé pour faire le chemin inverse et se séparer de ces références et s’approprier le film". Les réalisateurs (qui pensaient au départ ne pas inclure de musique) ne voulaient surtout pas d’une musique référencée mais bien d’une composition totalement personnelle.

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