C'est le deuxième documentaire du duo Demaizière-Teurlai après l'impressionnant RELÈVE, histoire d'une création. Rocco, de son vrai nom Tanno, y est filmé dans sa force, comme la bête de sexe qui l'a fait connaître, mais aussi dans sa fragilité, comme l'homme pétri de doutes, de souffrances. Sans fards, cette sincérité est tout à fait touchante. On peut reprocher au film qu'il accorde une place excessive aux scènes de préparatifs de tournage, en compagnie de jeunes femmes désinhibées et un peu pathétiques. Ça amuse la galerie mais ça reste superflu. Leur intérêt est d’alléger l'ensemble; d'ailleurs, le montage parvient à enchaîner sans peine les entretiens plus profonds... et les séquences-témoignage. On reste cependant un peu sur sa faim. Les deux fistons se montrent quasi mutiques; Rozsa, la femme du sex-addict, est présentée comme l'épouse parfaite, aimante, ultra compréhensive, sachant faire la part des choses. En réalité, le documentaire s'intéresse autant à Rocco qu'à ses proches et à ses partenaires de plateau, des girls au cousin cameraman, plaintif et maladroit, en passant par le gros Spiegler. L'arrivée inattendue de l'étonnante Kelly Stafford vient bousculer un peu les repères et apporte un degré d'intelligence et d'impertinence qui semblait manquer. Dommage du peu. De l'âme de Rocco Tanno ressort un dolorisme assez masochiste. Pour lui, qui a décidé d'arrêter sa carrière d'acteur porno, ce dernier film, qui sera tourné à San Francisco, fait figure d'expérience ultime mais aussi de mort symbolique. Bref, l'intérêt d'un tel doc est de donner à voir autrement le personnage de porn-star et ses proches à ce moment crucial de sa vie. Reste l'impression d'avoir tenté de pénétrer l'âme de l'acteur, qui se livre ce qu'il faut, sans y être véritablement parvenu. Et puis le film fait l'impasse sur toute sa carrière d'acteur de films érotiques: rien n'est cité, les conditions de sa genèse sont flous, avec la sensation d'être laissé en roue libre. Ce doc n'est donc qu'à moitié fascinant, s'avérant même assez frustrant: le mystère persiste.