Rocco Siffredi, la légende vivante de la pornographie, se dévoile sans fausse pudeur devant la caméra de Thierry Demaizière & Alban Teurlai. Alors que sa mère voyait en lui un prêtre, il deviendra finalement tout autre, à savoir « le Dieu de la b!te ». Avec un outil de travail mesurant 22cm (au repos), quand la moyenne est de 10cm, Rocco a bien mérité son statut d’icône pornographique. A travers ce film, il revient sous forme d’introspection sur une carrière aussi riche que décriée.
Entouré des siens, sa femme Rôzsa, ses fils Lorenzo & Leonardo et son cousin Gabriele Galetta, les réalisateurs ont suivi Rocco Siffredi dans ses moindres déplacements, de l’Italie en passant par l’Angleterre, de la Hongrie aux États-Unis, chez lui jusqu’aux plateaux de tournage. Un documentaire qui dévoile la face cachée de l’un des plus célèbres hardeurs de l’industrie. De son addiction au sexe à sa relation avec sa mère (on le sent très proche d’elle), jusqu’à la relation houleuse & professionnelle qu’il noue avec son cousin (lui derrière la caméra et Rocco devant l’objectif).
Le film n’est pas avare en anecdotes, parfois dérangeantes, comme lorsqu’il avoue avoir eu une « pulsion sexuelle terrible » à l’enterrement de sa mère (au point de violer une grand-mère). On assiste à plusieurs tournages de films X, où des actrices, parfois débutantes, ne semblent pas aussi à l’aise qu’elles l’auraient imaginés, d’autres au contraire sont dans leur univers et embrasse à pleine bouche Rocco lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois.
« Ma sexualité est mon démon. » Rocco se livre comme jamais sur sa vie, son œuvre, de son enfance à sa relation de couple (une femme visiblement très libérée, puisqu’elle accepte pleinement que son mari couche avec toutes ces porn-star). On y découvre les coulisses de l’industrie du X, sorte de making-off du porno grâce aux tournages pilotés par Rocco et son cousin, sans oublier celles que l’on surnomme les "Spiegler Girls" et l’agent artistique Mark Spiegler, aperçu dernièrement dans Pleasure (2021). Mais Rocco semble avoir fait le tour de la question, à 52ans, après 1500 films & 5000 partenaires il ambitionne de raccrocher les gants, de passer à autre chose. C’est ainsi que les réalisateurs ont eu l’occasion d’assister à son tout dernier film pornographique. « Pour la première de ma vie, ce démon entre mes jambes ne fait plus partie de moi. »
Filmer l’univers du porno sans complaisance et tout en pudeur, voilà ce que Demaizière & Teurlai sont parvenus à faire ici. Une sorte de psychanalyse passionnante sur un homme torturé, un performer du sexe, un homme addict au ɔul et qui le revendique.
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