Voilà un film historiquement passionnant, et esthétiquement plus que discutable.
Churchill semble au bout du rouleau. Il est alcoolique, prématurément vieilli, dépensier -quasiment ruiné; en plus il traîne comme un boulet la responsabilité de la défaite des Dardanelles. Mais voilà, en mai 1940, il est le seul à pouvoir avoir une majorité au Parlement en tant que premier ministre. Ces heures sombres, ce sont celles où il lui faudra imposer sa politique de fermeté vis à vis de l'Allemagne nazie, contre l'avis de tous ses collègues conservateurs, et tout particulièrement les tout puissants Sir Neville Chamberlain (Ronald Pickup), mourant mais représentant encore l'autorité morale du parti, et Lord Hallifax (Stephen Dillane). L'un et l'autre ne rêvent que de conclure une pais séparée avec Hitler, via l'intermission de Mussollini. Quant au roi Georges VI (Ben Mendelsohn), il le déteste pour des raisons personnelles: en autorisant le mariage d'Edouard VIII avec l'abominable Mrs Simpson et donc son abdication, Churchill a contribué à le propulser sur ce trône dont il n'avait jamais rêvé.... Mais, seul esprit lucide semble t-il de la classe politique, Churchill a vraiment compris ce qu'était Hitler, un serpent sanguinaire sans foi ni loi dont la parole ne vaut rien. Donc il faut résister, résister au prix d'énormes sacrifices, résister même quand l'armée britannique est prise au piège de la poche de Dunkerque (l'opération Dynamo a fait l'objet de moults films de guerre..) et que le vicomte d'Hallifax le harcèle pour ouvrir des négociations....On sait qu'à ce moment là, le premier ministre a reçu l'appui moral de son Roi, lui aussi assez intelligent pour être lucide et lui aussi convaincu que la grandeur de la Grande Bretagne, c'est sa capacité de résistance.... Oui, tout cela est passionnant, et mérite bien d'être raconté -qui connait bien toute cette période parmi les plus jeunes?
Ce que je n'aime pas dans le film de Joe Wright, c'est ce que, bizarrement tout le monde a encensé: la performance de Gary Oldman en singe savant, bardé de caoutchouc et de prothèses, un cigare dans une main, un verre de whisky dans l'autre. Il est pittoresque, mais tout ça sonne faux. Je ne crois pas que Churchill convoquait sa secrétaire (la délicieuse Lily James) au pied de son lit, au risque de lui montrer ses BOWLS, ni qu'il continuait à dicter quand il allait TO THE LOO; enfin! c'était un aristo quand même..... Quand Helen Mirren interprète la reine Elizabeth, peut nous chaud que la ressemblance physique ne soit qu'approximative: elle l'est! Quand Philip Seymour Hoffman interprète Truman Capote, même chose. Là, je n'ai vu qu'un acteur excessivement grimé qui enlève à son personnage toute dignité, toute prestance, le rabaisse, au fond, c'est peut être cela qui a plu?
Et que dire de cette scène grotesque, tellement improbable.... où Churchill fausse compagnie à son chauffeur, se rend pour la première fois de sa vie dans le métro.... interroge le petit peuple.... et tout ragaillardi au contact de cette plèbe courageuse et résistante, rentre pour haranguer le personnel de Westminster et annoncer son refus de toute négociation.... D'un bête!
Kristin Scott Thomas toute blanche, donne beaucoup de charme à Lady Churchill....