Le 9 mai 1940, l'opposition retire sa confiance à Neville Chamberlain, le Premier ministre britannique. Le lendemain, Sir Winston Churchill le remplace, forme avec Attlee, Halifax et Chamberlain un cabinet d'union nationale et prononce à la Chambre un discours resté célèbre. Son programme : faire la guerre alors que les membres de son cabinet, craignant la défaite de la France et l'isolement du Royaume-Uni sont favorables à une paix séparée avec Hitler.
Les Heures sombres raconte le premier mois de son gouvernement jusqu'à l'évacuation de Dunkerque et son discours du 4 juin "We shall fight on the beaches". Pendant ces vingt-cinq jours, l'optimisme de Churchill, qui n'imaginait pas une percée aussi rapide des Panzer allemands, est mis à mal et sa détermination à mener la guerre envers et contre tout souvent ébranlée.
Les critiques ont parfois été cinglantes envers ces "Heures sombres". Elles ont dénoncé le chauvinisme de ce biopic construit tout entier à la gloire du Lion britannique. Elles lui ont reproché sa longueur excessive (plus de deux heures), son classicisme (une narration platement chronologique sur un rythme monotone alternant des scènes de boudoir - Churchill et sa femme remarquablement interprétée par la toujours parfaite Kristin Scott-Thomas - et des joutes oratoires épiques - Churchill à la Chambre déclamant ses discours les plus célèbres), son héros grimé sous un maquillage écrasant qui cabotine et marmonne, son scénario sans surprise, son éclairage crépusculaire...
Elles n'avaient pas tout à fait tort. "Les Heures sombres" a tous ces défauts-là. Pour autant, elles ne m'ont pas dissuadé d'aller le voir. Je me suis laissé emporter par cette histoire dont je connaissais certes les grandes lignes, mais pas les détails. Je ne savais pas que Churchill avait été nommé le 10 mai contre l'avis des caciques de son parti et contre celui du roi. Je me trompais sur les termes exacts de son discours du 13 mai, croyant qu'il y promettait du sang, de la sueur et des larmes alors que l'expression exacte est "blood, toil [labeur], tears and sweat". J'ignorais que le Cabinet de guerre avait été divisé sur l'opportunité de lancer des négociations secrètes. Je ne connaissais pas les détails de l'opération "Dynamo" qui permis de sortir les soldats britanniques - et français - de la nasse de Dunkerque et le rôle qui joua la garnison de Calais.
Une scène m'a ému qui pourtant, sur le papier, et quand je la raconte, sonne faux : celle où l'on voit Churchill prendre le métro (on se souvient du malheureux Balladur dans la même situation) et tester l'opinion de ses concitoyens muets de stupeur et de respect devant l'apparition de leur Premier ministre.
Vous me direz qu'on ne vas pas au cinéma pour prendre des cours de rattrapage en histoire. Et vous aurez raison. Pour autant, après l'oubliable "Chuchill" et l'inoubliable "Dunkerque", ces "Heures sombres" mérite sa place, honorable, dans l'histoire de cette époque et le regard qu'on porte sur elles.