Depuis le début de sa carrière, Doug Liman a rarement déçu : de la trilogie Jason Bourne à Edge of Tomorrow, il a suivi une ligne qualitative cohérente et régulière sans trop de chutes de régime. Suivant l'excellente adaptation du tout aussi bon A Day To Kill, The Wall arrivait sans faire trop de bruit; manque de com ou d'ampleur, pratiquement personne n'en a entendu parler jusqu'à son exploitation en vidéo.
Petit huis clos sans grande prétention, le dernier film de Doug Liman se pose tranquillement dans le domaine des films de guerre indépendants et conceptuels de qualité. L'oeuvre part sur un postulat des plus simples : deux hommes en duel, un long combat psychologique derrière un mur sur le point de s'effondrer, le tout entre un sniper américain blessé et son ennemi taliban dont on ne sait rien.
Bien sûr, on pensera à un mélange entre le Stalingrad d'Annaud et le Phone Game de Schumacher; deux excellents films à tension qui vous feront passer un sacré moment devant votre téléviseur. The Wall était donc, pour ainsi dire, des plus prometteurs : le désert, deux hommes, Doug Liman qui dirige Aaron Taylor Johnson et John Cena dans un thriller psychologique en huis clos.
Le projet avait de la gueule, mais qu'en est-il vraiment une fois sorti du visionnage? Autant vous dire que la sauce prend directement; c'est beau, bien rythmé, bien joué. La photographie est intéressante dans ses teintes, rappelant quelque peu un certain Jarhead, film de référence sur la guerre moderne dans le désert. Une mise en scène talentueuse et experte qui saura comment rendre intéressant de longs moments de silence ou de survie, The Wall parvenant à éviter les inévitables longueurs inhérentes à ce genre de film.
Ne vous attendez cependant pas à des plans contemplatifs à la Jarhead (pour y revenir) ou de grands moments de violence à la Platoon; The Wall se construit petit à petit, au rythme de ses personnages qui parlent et échangent de leurs idées de la guerre, de la vie et de la mort, de qui est bon ou mauvais dans un conflit. Critique acerbe autant qu'elle est commune dans les films de guerre moderne, l'Amérique en prend pour son grade au travers d'un taliban devenu ange de la mort.
Et même si l'on s'attache à ce personnage de soldat américain acculé, on se rend facilement compte de tout ce bourrage de crâne qu'il a subi et que le film dénonce intelligent; voilà donc un propos commun (Né un 4 juillet excellera dans ce domaine) traité de bonne manière, et suffisamment soutenu par un bon développement de psychologie de ses personnages pour capter l'attention de son spectateur surpris.
A cela s'ajoute les quelques passages d'action efficaces couplés à une fin que l'on redoute et qui vient finalement, punition inévitable et filmée de très belle manière. Cela fait aussi plaisir de revoir Aaron Taylor-Johnson dans un rôle principal; il y surjoue quelque peu, mais son entrain et sa conviction cloueront les quelques critiques qu'on pourra lui adresser. A ses côtés un Cena qui joue enfin dans un bon film, loin de The Marine ou 12 Round, fort et charismatique.
Un bon divertissement comme on en voit rarement.