Inconditionnel du film original, je pensais Sofia Coppola capable d'offrir un remake digne de ce nom, à défaut d'atteindre le pouvoir subversif du chef-d'œuvre de Don Siegel : hélas, il n'en est rien. S'il y a un domaine où la fille du grand Francis Ford brille ici, c'est sur la technique. L'écrin est magnifique, la lumière superbe, les costumes au diapason et son talent pour exploiter le lieu unique de l'intrigue qu'est la maison et son jardin est manifeste. Sauf que pour tout le reste, l'ennui guette. Je ne me rappelle pas bien du film de 1971, et pourtant j'ai eu l'impression de le voir défiler à plusieurs reprises devant moi, en beaucoup moins corrosif, le scénario enlevant à plusieurs reprises les moments les plus dérangeants, comme celui où
l'on découvre dès le départ que le soldat nordiste est un homme peu fréquentable et qu'il ment sur les raisons de sa blessure
, ce qui n'est pas du tout abordé ici. Alors que tout était réuni pour offrir un film glaçant sur l'aspect le plus sombre de la nature humaine, à base de pulsions sexuelles, de mensonges, d'hypocrisie, de manipulations, on sent ces éléments présents mais restant en surface, comme si la réalisatrice n'osait jamais les prendre à bras le corps, trop soucieuse de son image proprette, ce qui est totalement contradictoire au vu du sujet. Reste alors un récit dérangeant et mal exploité, même le dénouement pourtant très noir nous laissant de marbre. Interprétation correcte, sans plus, à l'exception de Nicole Kidman, magistrale : aucun doute, la grande actrice du film, c'est elle. Bref, si Coppola reste manifestement une esthète de la caméra, l'époque de l'audace ayant conclu sur les somptueux « Virgin Suicides » et « Lost in Translation » semble bel et bien révolue : en espérant (évidemment) me tromper.