Que dire ? Que penser ? Commençons par la photo : douce, poétique pour les extérieurs, douce et obscure en ombres chinoises pour les intérieurs ! Ce n'est pas un compliment ! Le reste : du rien, un film à rien, un remake inutile qui n’apporte rien, amputé d’intensité, de tension, de charge érotique. Eh ! C’est Sophia Coppola ! C’est sa vision ! « Les proies » vu par une femme. C’est son point de vue. Entendu, je respecte sa démarche artistique mais elle ne me convient pas car rien ne fonctionne à part la photo, et encore ! Elle n’a rien de sensationnelle. Elle lorgne du côté carte postale de luxe, et encore ! Certes, je suis sous influence Siegel/Eastwood mais quand même je suis persuadé qu’une Kathryn Bigelow ou encore une Jane Campion auraient traité le remake avec plus d’aspérité, plus de rusticité, plus de profondeur, plus de tension érotique, plus d’épices, plus de venimosité que cet acidulé insipide signé Sophia Coppola. C’est quoi ce film ? Une parodie ? Un exercice de style à la Hamilton du pauvre pour élève en fin d’année dans un atelier de cinéma ?! Un film inutilement délicat. Tout est fade, chichiteux jusqu’aux jeux des acteurs. Le caporal joué par Clint Eastwood était un loup dans une bergerie, tout dans son interprétation à travers ses silences, ses regards, ses sourires respiraient la manipulation et le désir ; de la petite Amy (Remaquable Pamelyn Ferdin) à Carol en passant par miss Farnworth (Merveilleuse Géraldine Page) et Edwina toutes transpiraient la jalousie, la frustration et le désir. Oui, « Les proies » de Don Siegel n’étaient pas qu’une lecture à sens unique masculine, le récit concernait aussi les femmes. Mine de rien, un film plus féministe que celui de Coppola. L’acteur Clint Eastwood a prouvé l’étendu de tout son talent en acceptant d’interpréter un personnage homme-objet, malmené par quelques femmes de caractère. Ce qu’on ne retrouve pas chez Coppola. Cela semble surfait, artificiel. D’accord, « Les « proies » de Don Siegel a été un échec commercial, mais au fil du temps, il s’est inscrit comme une des oeuvres majeures du cinéma. « Fuyez ce désastre et revoyez plutôt le joyau noir de Siegel. » nous écrit les Cahiers du Cinéma ; mieux : « Film creux, incapable de retranscrire la perversité du texte qu'il adapte ou de dupliquer l'audace du film dont il est le remake, "Les Proies" est la proposition la plus faible et désincarnée de Sofia Coppola », selon Ecran Large. C’est ça : désincarné ! « Les proies » version Sophia Coppola : des jeunes filles caressant un édredon de soie avec le revers de la mains sans risquer de le froisser ! Désastreux !