J'avais adoré Virgin Suicide puis, au fil de sa carrière, j'ai été de plus en plus déçue par Sofia Coppola. Aujourd'hui, nous retrouvons justement l'ambiance de cette première oeuvre, et c'est bien! Un univers de très jeunes filles, dans un cadre désuet qui met en valeur leur innocence et leur fragilité.
Je n'ai plus tellement de souvenirs du film de Don Siegel. Mais ce qui est certain, c'est que c'était un film de mec. Ici, c'est une oeuvre féministe -et ça change tout!
Le soldat nordiste blessé en Georgie -un mercenaire en fuite, pas un militariste convaincu!- c'est ici Colin Farrell, très bien. La délicieuse petite Amy (Oona Laurence) le trouve en ramassant des champignons, et, pleine de bons sentiments, le ramène jusqu'au pensionnat où miss Martha (Nicole Kidman) tente de survivre avec le reste de sa petite troupe, une institutrice et cinq ados qui, pour des raisons diverses, n'ont pu être exfiltrées hors de cette zone de combat. Ce sont de bonnes chrétiennes; elles soigneront sa blessure avant de le livrer aux Confédérés car, en l'état, il ne survivrait pas; et, comme il est joli garçon, toutes ces demoiselles cherchent une occasion de venir lui rendre visite.
Mais le caporal McBurney n'a pas du tout l'intention de finir prisonnier. Pas plus que de retourner faire la guerre du côté du Nord. Il est heureux comme Renard dans un poulailler; rétabli, il rend des services, il remet le jardin en ordre puisque le petit gynécée n'a plus de personnel; et puis, pour mieux assurer sa position, il entreprend de séduire ces dames. Il commence par déclarer son amour à Edwina, l'institutrice, la vieille fille (Kirsten Dunst) qui n'en demandait pas tant.... plus subtil avec la raide miss Martha, il va user de la flatterie puisqu'il a compris qu'elle était assez orgueilleuse. Quant à l'aînée des pensionnaires, Alicia (Elle Fanning), c'est encore plus simple: elle lui a fait des avances très directes. Bref, regardez comme Sofia nous a mis dans sa poche: le caporal n'aura que ce qu'il mérite; il a juste trompé la confiance de femmes en grande fragilité, mais aux sentiments élevés, en jouant sur ce qui leur manque le plus, la sexualité. Donc ce n'est en rien un remake, même si sur le plan scénaristique c'est copié-collé. Cela dit, ce serait sympa qu'Arte, par exemple, nous reprogramme le film de Don Siegel....
Toutes les jeunes filles sont décrites finement avec leur personnalités; la rondouillarde un peu nunuche, (c'est le rôle le plus souvent réservé aux rondouillardes...) Addison Riecke; les musiciennes, dont l'une a des idées politiques très arrêtées: elle hait les nordistes et rechigne à jouer pour le caporal: Angourie Rice et Emma Howard.... oui vraiment, Sofia a un talent sans pareil à décrire ces très jeunes filles et leur grâce éphémère.... Les décors sont raffinés et les extérieurs poétiques. Je me suis vraiment laissée prendre au charme et j'ai beaucoup aimé!