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    Les Proies
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    316 critiques spectateurs

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    garnierix
    garnierix

    237 abonnés 462 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 août 2017
    Pas loin des tropiques marines sont les moiteurs continentales, la Louisiane, qu’on se représente depuis "Autant en emporte le vent" comme une symphonie de verts, d’arbres géants et de lumière tamisée. On y ajoute un domaine cossu, d’immenses colonnes de style dorique, des robes de soies pastel et une vie religieusement rythmée et policée. On n’a pas besoin de savoir que ça se passe pendant la guerre de sécession, ni même où. Ça pourrait se passer dans un pays de la mythologie grecque. Sofia Coppola a excellé avec ce décor, dont on ne sort jamais. Elle y a mis des femmes –en fait, le domaine est un internat de jeunes filles, ou ce qu’il en reste, dirigées par une matriarche forcément (Nicole Kidman). Et c’est dans cette toile d’araignée qu’atterrit un beau jeune homme blessé (Colin Farrell). On ne comprend pas pourquoi ce n’est pas un homme d’honneur, mais ce n’est pas la faute au scénario, c’est la faute au roman (1966) dont s’inspire le scénario. Quoi qu’il en soit, ce beau jeune homme imparfait déride, attendrit, séduit, fascine, perturbe, envoûte tout le monde, comme le visiteur dans "Théorème" de Pasolini (Terence Stamp il y a 50 ans), sauf qu’il finira par repartir les pieds devant. Chacune finit par se retourner contre une autre et finalement contre lui. Ce film pourrait être un film d’horreur, que d’ailleurs il est pour beaucoup. Nous suivons avec Sofia Coppola toutes ces femmes, en proie à leurs désirs ou à leurs non-désirs (d’où le titre français du film "The Beguiled"), de la plus innocente à la plus frustrée, en passant par la craintive, la résistante. Jusqu’au moment où, l’éducation s’effaçant devant l’instinct (de survie mais pas que), elles se débarrassent, dépossédées ou rassurées, des restes de l’insecte vidé de sa vie. Sofia Coppola a eu le prix de la mise en scène à Cannes pour tout cela, on suppose, mais on s’interroge pour la direction de Colin Farrell, qui joue de façon curieuse et inattendue, sans trop de subtilité, comme chaotique… –bien qu’il soit aussi craquant qu’à ses débuts (exploit inégalé au cinéma). Le cas échéant, on peut se demander, presque avec impatience et fébrilité, comment Clint Eastwood jouait ce rôle dans la première adaptation de ce roman (1971), non seulement pour comparer sa performance, mais aussi à cause de la créativité de l’époque qui était à la fois dans la rupture des tabous sexuels, mais toujours dans le machisme.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 30 août 2017
    Les remakes souvent pas terrible
    s et là ce film confirme la règle je préfère 100 fois le 1er de Don Siegel avec Clint Eastwood qui avait un plus grand charisme que Colin Farrel qui est très fade et pas du tout séduisant dans ce rôle, j'ai trouvé ce film très ennuyeux
    Freakin  Geek
    Freakin Geek

    252 abonnés 884 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 août 2017
    Si effectivement le prix de la mise en scène est amplement mérité pour Sofia Coppola, on comprend cependant qu’il n’ait par réussi à décrocher d’autres récompenses. A soigner la photo et la composition de chaque plan, la réalisatrice en a oublié de donner de la profondeur à ses personnages lors de l’écriture du scénario. Avec un tel titre, on s’attendait à ce que Les Proies vire vraiment à un moment donné au thriller horrifique mais la tension ne sera jamais aussi forte que ce qu’on était en droit d’espérer et la fin se montre bien trop expéditive après un long moment d’attente pour voir l’histoire décoller. Outre la mise en scène, c’est pour sa distribution faite de valeurs sures et de révélations que Les Proies mérite cependant d’être découvert. [lire la critique complète sur freakingeek.com]
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 30 août 2017
    Extrêmement déçus par ce film. Nous avons passé la totalité du film à attendre qu'il démarre... En gros les costumes sont très jolis, la bande-annonce est très bien montée, mais totalement trompeuse, elle annonce une ambiance tendue à suspense que l'on ne retrouve absolument pas dans le film. la réalité est toute autre : c'est très lent, mou, et sans histoire. Ne perdez pas votre temps
    Alejandro Almodoclint
    Alejandro Almodoclint

    18 abonnés 800 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 30 août 2017
    Une fois de plus à la vue du générique final, je me suis dit "tout ça pour ça?". encore 10€ de perdu .....Etre aussi sévère avec un film de Sofia Coppola ? J'assume complètement, moi qui suis pourtant généralement assez fan de son travail.
    Là, certes on a une réalisation haut de gamme, un séduisant casting , de beaux décors et parfois de magnifiques images, mais sinon à part ça il n'y a rien!!!!!! Vous allez me dire c'est déjà pas si mal : oui mais ça ne suffit pas car pendant 1h30 on s'ennuie, c'est plein de lenteurs, on a aucun suspens et lorsque ça commence à s’accélérer et à être intéressant c'est déjà fini :( Peut-être est-ce un peu trop poétique pour moi? Peut-être n'ai-je pas compris la satire du puritanisme américain ? ni la description de la rivalité entre 7 femmes enfermées dans un pensionnat face à un séduisant soldat? ni comment les désirs empêchés peuvent se transformer en violence? Mon adhésion à Coppola sera pour la prochaine fois surement ...
    Le scénario suit portant parfaitement le livre dont il est tiré, mais on n'arrive jamais à accrocher...contrairement à la précédente adaptation (plus virile) de Don Siegel (avec Clint Eastwood);
    D'aucuns m'avaient dit que le film était rempli d'humour noir dont j'affectionne, je ne sais pas où ils les ont vu ou peut-etre ai-je dormi?
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 30 août 2017
    Mauvais film! pas de scénario, aucune intrigue, et parfois ça frise le ridicule. Ne vous fiez surtout pas à la bande annonce où vous le regretterez.
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 30 août 2017
    C'est lent, il faut attendre la fin pour qu'enfin le film démarre... pour les amateurs de ce genre de film uniquement
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 29 août 2017
    Si vous regardez la bande annonce, vous avez vu le film ; nombreuses scènes sans intérêt, c'est plat, ...
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    112 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 août 2017
    Un huis clos chorégraphié de manière virtuose mais qui ne semble pas aller au bout de ses intentions.
    L'AlsacienParisien
    L'AlsacienParisien

    637 abonnés 1 403 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 septembre 2017
    Ce que je reproche au film, c'est sa bande-annonce qui semble tout montrer et qui dévie considérablement le propos du long-métrage. On s'imagine un groupe de femmes sanguinaires qui jouissent de la douleur d'un homme capturé et torturé jusqu'à la mort alors que l'essence du film est bien plus subtil, complexe et ambiguë. Sofia Coppola signe un thriller d'époque efficace et troublant où le jeu des acteurs semble être le rouage central ainsi qu'un gage de qualité indéniable. En effet, l'interprétation froide de Nicole Kidman, celle plus réservée de Kirsten Dunst, la farouche Elle Fanning et le toujours valeureux Colin Farrell s'agencent parfaitement et créent doutes et suspicions qui ne feront qu'alimenter une fin glaçante. Le rythme est lent et progressif (j'ai cru comprendre que c'est ce qu'on reprochait au film), au contraire ça ne m'a pas du tout gêné car on laisse le temps aux relations de se tisser et à l'ambiguïté de s'installer dans ce huis-clos où le contexte de guerre nourrit la crainte et la méfiance face à l'inconnu. Dans un cadre d'éducation où on tente de préserver l'innocence des jeunes filles tout en les préparant aux rigueurs du dehors, sans oublier l'omniprésence et la force de la religion, l'arrivée imprévue d'un soldat sudiste (en d'autres termes, l'ennemi) vient bouleverser la foi mais aussi les désirs de ce groupe de femmes aux âges divers vivant recluses dans un grand manoir. Des rivalités naissent ainsi que de la jalousie, venant ainsi compléter subtilement la palette d'émotions dont témoigne "Les Proies". La photographie est douce et la musique discrète. Adapté d'un roman et ayant déjà eu une première adaptation cinématographique, ce nouveau long-métrage a su me convaincre par la retenue des acteurs derrière laquelle foisonnent une multitude d'envies refoulées mais aussi par cette atmosphère de moins en moins sereine qui prend place progressivement. Le tout est servi par une mise en scène léchée et par un casting talentueux.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 29 août 2017
    lenteures sans intérêt constructif ou émotif.
    Un beau court métrage de 15 minutes si il ne durait pas 1h35.
    images répétitives mais très belles.
    Dom Domi
    Dom Domi

    44 abonnés 306 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 30 août 2017
    Pas terrible, voilà une expression qui résume le ressenti.
    Un homme blessé entre dans l'univers de femmes ( sensé définir la femme depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte ), et ceci, sous le poids de la religion catholique.
    Il va pervertir ce petite monde-là en apportant de la bestialité masculine et en brisant ce milieu pas si sensible qu'il n'y parait.
    On aurait pu y lire et voir un message fort intéressant.
    Sauf que tout ceci est téléphoné ou télégraphié ( pas de sms à l'époque du film :lol ), comme on voudra. Tout est sur les rails et le train avance très lentement, au point d'endormir le voyageur.
    Bref, on s'ennuie grave et parfois, on en rit, surtout lorsque le soldat tombe dans les escaliers et se réveille avec une jambe en moins, coupée par la scie à bois disponible dans la grange...
    Bref, un ratage complet...
    Je pense que la réalisatrice devrait revoir les films de son père où elle pourrait sans doute trouver matière à faire des films plus subtils et plus élaborés.
    On va dire qu'elle apprend...
    domi...
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 29 août 2017
    Le film se regarde sans déplaisir même si on aurait aimé que le scénario aille plus loin dans cette ambiance moite de désir, ce soldat seul au milieu de ses 7 femmes et jeunes filles... Cette nouvelle version n'apporte pas grand chose par rapport à celle de 1971 avec Clint Eastwood.
    trineor
    trineor

    191 abonnés 33 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 29 août 2017
    De l'art de réadapter un huis clos érotique terrifiant, pour en faire une jolie broderie.

    Que j'entame par une déclaration de bonheur avant d'en venir aux bonnes raisons de bougonner malgré tout : retrouver Sofia Coppola derrière une œuvre à la fois signifiante, belle – et à l'oreille, et à l’œil –, enfin capable d'autre chose que de brasser du vide, et de nouveau apte à installer des personnages captivants, c'est déjà en soi un plaisir immense. Parce que franchement, le règne des vanités qu'était ce petit cinéma clinquant, chic et creux amorcé depuis Marie-Antoinette, consommé dans Somewhere et parachevé jusqu'à l'absurde dans The Bling Ring, on commençait à en avoir sérieusement fait le tour.

    Tournée la page de la vacuité poseuse, donc !
    Rien de tel ici puisque, enfin, l'on retrouve – quoique plus minimalistes, mûries – cette sensibilité et cette esthétique qui avaient fait la marque et le langage de Sofia Coppola : ce style aérien, diaphane, tout en effleurements, à demi déréalisé ; ce style qui, de langage incorporel lorsqu'il s'adosse thématiquement à un authentique travail d'écriture et de mise en scène à propos de l'ennui, de l'égarement, de la déshérence, de la flânerie ou de l'incertitude, court sans cesse le risque de se parodier en langage désincarné sitôt que le style – vide, et de ce fait vulgaire – y devient un prétexte autosuffisant.

    Les Proies, quoi qu'on puisse lui reprocher par ailleurs, ne franchit jamais ce mauvais seuil de la vacuité poseuse : il s'agit d'un film sur l'irruption perturbatrice des distractions du désir au milieu de l'ennui, et ce thème sous-jacent de l'ennui – de l'ennui rompu, mais menaçant de reprendre ses droits – est à la fois ce qui fait la singularité de cette adaptation, ce qui la distingue nettement de la proposition de Don Siegel, et ce qui dirige de part en part les choix artistiques à la réalisation. À ce qu'il me semble, du moins, c'est parce que Sofia Coppola veut parler de l'ennui qu'elle accorde une place si proéminente au cadre de l'action, filme la nature de façon intimement sensorielle et fige les alentours du pensionnat dans d'élégants mais inertes halos de lumière du petit matin ou de l'après-midi paresseuse, filtrant à travers les cheveux d'ange qui pendent aux arbres luxuriants ; parce qu'elle veut parler d'ennui qu'elle exclut presque entièrement toute musique qui ne soit intra-diégétique ; parce qu'elle veut parler de l'ennui encore qu'elle choisit de laisser tout du long du film monter, assourdi, le bruit des combats et du canon au loin sous le babil imperturbable des oiseaux, rappelant ainsi de façon palpable et constante que le pensionnat est un refuge de circonstance ; parce qu'elle veut parler de l'ennui toujours qu'elle décide de montrer la moindre entorse à la routine – que ce soit pour un repas, pour un chant, pour une prière – comme une occasion de distraction avant tout ; parce qu'elle veut parler de l'ennui enfin, qu'elle insiste sur le désir de fuir d'Edwina plutôt que sur sa naïveté de jeune femme en mal d'amour, ou qu'elle choisit de dépeindre en Alicia une adolescente inconséquente qui joue avec l'interdit plutôt qu'une jeune fille jalouse animée par un désir violent.

    Pour sûr, on peut reconnaître à Coppola de ne pas mimer Siegel.
    L'arrivée du soldat blessé dans le pensionnat, lue par Siegel, était l'intrusion fracassante du mâle au milieu d'une enceinte autoritaire où la sexualité féminine était réprimée : de ce fait, le film devenait une œuvre érotique implacable sur la férocité du désir ; et sur ce filon, déclinant avec génie le motif du loup qui ayant cru s'inviter dans la bergerie se retrouvait seul et blessé dans une fosse aux lionnes, Don Siegel offrait un thriller psychologique pervers, intense et furieusement subversif. Lue par Sofia Coppola, cette même arrivée du soldat blessée devient l'intrusion de la distraction au milieu de l'ennui, l'apparition à la fois inquiétante mais excitante de l'altérité au sein de la monotonie : logiquement, la subversion ou la tension érotique se réduisent alors à des composantes subsidiaires, voire anecdotiques, et le film devient une œuvre sur le jeu – sa part d'inauthenticité, d'imposture, de danger.

    En ce sens, la protestation que je me serais le plus spontanément vu adresser au film au sortir de la séance – pour faire simple : « Mais comment c'est possible de réadapter quarante-cinq ans plus tard un roman duquel est sorti un premier film si sévèrement burné, pour à l'arrivée pondre un truc plus sage qu'une dentelle de fillette ? » – n'est pas vraiment une protestation légitime : que Sofia Coppola choisisse de ne pas répéter Don Siegel et d'emmener le roman ailleurs, non seulement cela est sa stricte liberté en tant qu'artiste, mais plus encore cela est le meilleur choix possible lorsqu'on passe derrière une adaptation de ce calibre qui, sur son propre terrain, resterait de toute façon intouchable.

    D'ailleurs, à y prêter davantage attention, je réalise que cette réorientation a beaucoup à voir avec les quelques aspects sous lesquels la version de Coppola réussit à se hisser au-dessus de celle de Siegel – quoique dans l'ensemble je l'aie trouvée incomparablement inférieure. Il y a le soin porté à l'enveloppe visuelle et sonore du film, que j'ai déjà mentionné et qui en fait, sur un plan strictement esthétique, bien que le plan esthétique ici soit intimement lié au plan thématique, un plus joli objet que la version de 1971. (Même si au détour de certaines scènes il arrive de souhaiter que le directeur de la photographie, subjugué qu'il semble avoir été par son éclairage en lumières naturelles, se soit inquiété que les intérieurs restent suffisamment éclairés pour qu'on y distingue correctement les visages et l'action.) Outre l'esthétique, cependant, il y a surtout le choix d'adoucir sensiblement le caractère du soldat blessé et de la directrice du pensionnat : les personnages étant de prime abord plus aimables, surtout moins duplices, toute la première moitié du film s'autorise à les installer avec autant plus de délicatesse et d'ambiguïté. Là où Martha Farnsworth selon Siegel était une vieille harpie détestablement cassante, rigide et hypocrite, chez Coppola elle devient une figure humaine, plus incertaine, plus touchante, prise en étau entre la dignité et la distance commandées par ses responsabilités d'une part, ses désirs de femme d'autre part. Quant au Caporal McBurney, pur prédateur sexuel chez Siegel, le voilà quidam quelconque, plutôt affable, plutôt attentionné, juste suffisamment médiocre et suffisamment idiot pour que se referme sur lui un jeu dont il ne semble pas bien même avoir compris qu'il n'était pas l'instigateur mais l'objet.

    Le choix au casting de Colin Farrell – certes moins charismatique que Clint Eastwood, mais plus nuancé aussi, et surtout plus apte à accepter de se montrer sous un jour pathétique peu flatteur pour sa virilité, ce qui eût assurément été trop demander à ce bon vieux Clint – ainsi que Nicole Kidman – éclatante Kidman, capable de raconter tout le tumulte de son personnage par l'expression corporelle seule, sous la superfluité des mots – colle parfaitement à cette divergence d'appréciation des personnages qui, pendant tout un ample début de film au moins, laisse entrevoir une relecture passionnante.

    Sauf que. L'inspiration se dégonfle et le film s'achève : précipité, inoffensif.
    Tout, dans la relative fadeur du dénouement, concourt à l'impression que Sofia Coppola se déleste de sa fin à la hâte, comme on se débarrasserait d'une corvée. Tout à l'écran se passe comme si ce qui l'intéressait réellement était déjà bouclé, et qu'une fois disposés soigneusement les pions de son petit jeu sentimental, avoir à conclure l'encombrait ; comme si le virage des orgueils blessés, qui fait brusquement basculer le film d'une phase de batifolages et de petites duplicités inconséquentes à une phase de vengeances, de cruautés, d'actions graves et disproportionnées, faisait inéluctablement entrer son film dans un registre plus viscéral que la cinéaste ne maîtrise plus et qu'elle se retrouve à fuir.

    Et le problème n'est pas seulement que l'action se retrouve d'un coup si tassée et maladroitement expédiée passée la scène charnière de la chute dans l'escalier. Il n'y a pas, à vrai dire, de moment déterminé à partir duquel l'affaissement serait si flagrant. Le problème, en germe bien avant cela, est que pendant ses trois premiers actes d'installation et de batifolages – que Sofia Coppola sait si bien diriger et mettre en scène –, ce qu'il aurait été nécessaire d'entreposer et de traiter afin de préparer le dénouement et d'ores et déjà omis. Si bien que dans les deux derniers actes, presque aucune action n'ayant été correctement travaillée et disposée en amont pour apparaître comme une répercussion dramatique naturelle du jeu tissé dans les trois premiers, toutes à peu près donnent l'impression de sortir de nulle part :

    spoiler: Ainsi, quand Edwina pousse McBurney dans les escaliers, sa colère semble abrupte et disproportionnée, parce qu'elle n'est pas comme elle l'était dans le roman ou chez Siegel l'aboutissement d'une véritable et jalouse rivalité entretenue en amont entre elle et Alicia. De même, quand Martha décide d'amputer la jambe fracturée, sa réaction est d'un coup vidée de son contenu sadique, puisqu'elle semble seulement réagir à une blessure qu'elle ne saurait soigner, et qu'à aucun moment son personnage n'a atteint jusque là un état suffisamment frustré et envieux pour que l'on puisse crédiblement y voir un acte de vengeance. Quand McBurney, encore, fracasse la tortue d'Amy contre un mur, la scène perd presque entièrement sa violence, puisque cette tortue n'était apparue auparavant que le temps d'un petit insert et ne représente donc rien aux yeux du spectateur, là où Siegel au contraire avait pris soin de faire de la tortue un outil de sociabilisation décisif entre McBurney et Amy... et cette faute, pour anecdotique qu'elle puisse paraître, est une raison directe à l'insipidité de la scène finale d'empoisonnement – paresseusement expédiée, au milieu de personnages qui, à l'exception d'Edwina, assistent à la scène aussi inertes qu'une meute de neurasthéniques – puisque l'idée de cet empoisonnement, proposé par Amy, est censée venger le meurtre de sa tortue.


    Que cette relecture précieuse, frêle et tamisée des Proies m'apparaisse finalement si anecdotique n'a donc pas à voir avec l'orientation artistique générale adoptée par Sofia Coppola, ni moins encore avec sa décision de laisser de côté la férocité provocante et l'acide dont Don Siegel avait irrigué son adaptation – cela, précisément, est ce qui dans un premier temps en ourdit toute la singularité et la saveur. Si le film est anecdotique, c'est pour des raisons qui lui sont internes : parce que filmer des jeunes femmes inconséquentes, même quand on les filme avec talent, n'autorise pas à traiter soi-même sa narration avec inconséquence, parce que commencer à raconter une histoire est toujours une mauvaise idée quand à l'évidence on n'a pas l'envie de la raconter jusqu'au bout, et parce que faire preuve de délicatesse ne devrait jamais revenir à faire preuve de mollesse.
    Yves G.
    Yves G.

    1 498 abonnés 3 516 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 août 2017
    Pendant la guerre de Sécession, un soldat gravement blessé de l'Union est recueilli, le temps de sa convalescence, dans un pensionnat de jeunes filles de la bonne société sudiste. Mais sa présence déstabilisante va en rompre le fragile équilibre.

    Récompensé à Cannes par le prix de la mise en scène, le film de Sofia Coppola est l'adaptation d'un roman écrit en 1966 qu'avait déjà adapté en 1971 Don Siegel. Clint Eastwood y jouait le rôle principal.

    L'adaptation de Sofia Coppola renverse les perspectives au point d'en trahir l'économie. Les proies - au pluriel - évoquées par le titre sont les femmes que Clint Eastwood bouleverse, séduit et manipule. Dans le film de Sofia Coppola, c'est Colin Farrell qui devient la proie de la concupiscence jalouse des trois femmes qui occupent seules la tête d'affiche. Une affiche où leurs ressemblances (mêmes robes blanches, mêmes ports altiers) ne cachent pas leurs divergences - le regard face caméra de Kirsten Dunst, celui en coin de Elle Fanning et celui tourné vers le bas de Nicole Kidman.

    Chacune à leurs façons, elles ont décidé de mettre la main sur le soldat convalescent. Alicia (Elle Fanning) est la plus délurée, qui l'embrasse le premier. Edwina (Kirsten Dunst) est la plus sincère qui croit en ses promesses de mariage. Martha (Nicole Kidman) est la plus retorse qui sent se ranimer un feu qu'elle croyait éteint.

    Sofia Coppola réussit à merveille à filmer ce huis clos haletant. Depuis "Virgin Suicides", en passant par "Lost in Translation" ou "Marie-Antoinette", elle n'a pas son pareil pour filmer les femmes et, plus encore, pour filmer les hommes vus par le regard des femmes. Elle y parvient à la perfection en filmant le ballet qui s'organise autour du salon de musique où a été installé le caporal convalescent. Sa toilette, les soins qui lui sont prodigués sont l'occasion de scènes d'une ruisselante sensualité. On est toujours à deux doigts du vaudeville - comme certains rires dans la salle le laissent craindre - sans jamais y tomber.

    Le problème du film est dans son scénario qui se réduit à la situation qu'il pose : un soldat blessé exsudant de virilité et une ruche de jeunes femmes contenant difficilement leurs bouffées de désirs. Aux deux tiers du film, un événement vient briser la monotonie du quotidien dans laquelle l'intrigue menaçait de s'enliser. Mais loin de la relancer, ce rebondissement l'enferme dans une logique dont la conclusion, implacable, tombe trop vite.
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