"Gringo" a un pitch alléchant et un casting solide mais ne parvient jamais à en faire quelque chose d'original et de dynamique. En effet, le film se la joue "Fargo"
(un personnage principal dépassé par les évènements, des criminels, des connexions loufoques entre chacun)
, sans en avoir l'ambiance (l'atmosphère huis-clos et environnement isolé n'y est pas), le caractère déjanté (ça reste sage la plupart du temps), la maîtrise de tous les protagonistes (Sunny et Miles ont bien du mal à s'insérer dans le récit), la réalisation adéquate (Nash Edgerton n'est pas les frères Coen) ou bien la portée intellectuelle
(la comparaison entre les méthodes des cartels et celle du libéralisme est juste un prétexte)
. Dans sa structure, "Gringo" pâtit d'une mise en route atrocement longue avec des éléments usés jusqu'à la corde
(le faux kidnapping, l'adultère entre le boss et la femme de Harold, le licenciement)
, puis élève le rythme dans les dernières 20 minutes mais propose tellement de twists plus ou moins prévisibles de partout
(assurance de 5 millions, frère en vie, Harold s'en sort, etc...)
que ça en devient interminable. Côté distribution, Amanda Seyfried, Harry Treadaway et Thandie Newton n'ont guère l'occasion de montrer leur énorme talent, Joel Edgerton et Sharlto Copley correctement des frangins bien opposés et David Oyelowo en fait malheureusement des caisses (quand il jacasse ou panique notamment). Heureusement, il y a Charlize Theron, l'unique véritable atout du film, exceptionnelle en femme fatale délicieusement vacharde
(ses répliques sur les sourds, les gros ou les mexicains sont jouissives)
qui veut tout gagner,
un comportement issu ds concours de beauté auxquels son père la faisait participer.
Au final, "Gringo" est une tentative ratée de faire un "Fargo" moderne. Sans Charlize Theron, ce serait calamiteux, avec l'actrice, le film gagne quelques séquences humoristiques qui font passer ces 1h45 pas suffisamment barrées et trop molles.