Amalric a décidé de faire quelque chose de différent avec la biographie de Barbara. Il prend la vie de la chanteuse et il l'analyse dès un point hors d'elle, dès le tournage du scénario originaire. Excuse qu'il utilise pour éviter un biopic ad hoc, préférant faire un film sur la préparation de ce genre cinématographique: la documentation, la préparation, la performance... En résumé, du méta-cinéma.
On ne doit pas croire que Barbara se limite à montrer les secrets d'un tournage faisant l'énième hommage à La nuit américaine car le film va beaucoup plus loin d'une simple copie. Ce qu'intéresse Amalric c'est d’effacer les limites entre la réalité et la fiction selon les film -les deux- avance. De nous faire oublier si la femme sur l'écran est Barbara ou Balibar, prouesse qui réussit notamment dans trois scènes.
Tout au début, une scène montre la chanteuse enregistrant une chanson dans son salon dans l'ombre. Une séquence formidable qui surprend par son rythme reposé, par ce silence brisé que par quelques murmures et les notes du piano. Le temps passe et la caméra tourne lentement dans ce salon, nous ouvrant une porte à l'intimité de l'artiste qu'on voit: Barbara. Pas Brigitte, l'actrice qui joue son rôle ni Jeanne Balibar, qui joue au même temps le rôle de Brigitte. Double barrière que le réalisateur et l'actrice traversent facilement comme si c'était un rideau.
Aussi vers la fin, dans l'épisode à la maison de campagne où Barbara passera ses dernières années, isolée du reste du monde. Un passage où on témoigne les taches quotidiennes, à priori inintéressantes, mais qui servent comme abandon de la trame du tournage. Le film tourné par l'équipe fictif devient réalité une fois que le spectateur se voit attrapé dedans. On n'entendra plus à ce réalisateur crier "Coupez!", le film lui dira pas au revoir non plus, sinon qu'on se perdra avec la chanteuse voyant arriver la mort, très proche.
Surement le meilleur exemple du franchissement des frontières sera la scène du concert que le réalisateur tourne dans un théâtre. Amalric abandonne son poste derrière sa caméra pour prendre la place d'un figurant entre le public. Spectateur de l'objet pur de son oeuvre. Amalric ne veut pas que Barbara soit une simple chronique d'une vie, sinon qu'il réussit à renfoncer la personne qu'il décrit mettant son image en perspective pour, juste après, supprimer les limites de la perception. À la fin de cette scène, Barbara, ou Brigitte, ou Balibar demande la question clef à son admirateur, ou à son réalisateur, où à Amalric: "Vous réalisez un film sur Barbara ou un film sur vous?"
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