Ça commence bien, par un film d'espionnage qui nous rappelle la séquence russe de Trois souvenirs de ma jeunesse. Et puis, évidemment, on découvre très vite qu'il s'agit d'une mise en abyme, du scénario qu’Ismaël, réalisateur de cinéma, ne parvient pas à rédiger. On revient, de temps à autre, à ce film dans le film, la partie la plus intéressante de l'oeuvre marquée par la présence de Louis Garrel, qui se révèle un fort bon acteur comique, légèrement décalé.
Le reste est, dans un premier temps, constitué du développement des scènes vues dans la bande-annonce: Manon Cotillard, disparue depuis vingt ans, réapparaît dans la vie d’Ismaël, promène un sourire assez niais à Noirmoutier, et repart. Entre temps, elle aura bavardé avec Charlotte Gainsbourg, la nouvelle compagne de son mari qu'elle tente de récupérer.
Soudain, au bout d'une heure environ, le film change de cap: on ne s'intéresse plus du tout à ces deux femmes; un nouveau personnage surgit: Hippolyte Girardot, le producteur du film que Mathieu Amalric abandonne en plein tournage. Et c'est parti pour des scènes hystérisantes avec coup de feu, discours sur la naissance de la perspective en peinture, retraite loin du monde pourri pour chercher une inspiration perdue...
Et comme on ne sait plus très bien où on en est et que les personnages, à part nous asséner des apophtegmes définitifs, ne savent plus très bien ce qu'ils font, voilà que Charlotte Gainsbourg s'adresse directement au spectateur pour lui demander: "Vous avez envie de savoir ce que ces gens sont devenus?". Et là, exaspérés, on a très envie de crier: "Non!"