Avec de nombreux jours de retard, ma critique de « Les fantômes d’Ismaël » d’Arnaud Desplechin dans sa version longue (2 h 15), film présenté en ouverture du festival de Cannes mais heureusement dans une version raccourcie de 30 minutes.
Vous prenez 4 personnages :
1) Ismaël (Mathieu Amalric), cinéaste qui bien qu’il se bourre de whisky et de médicaments pour dormir ou ne pas dormir, a du mal à accoucher de son scénario puis à tourner son film. Il est très prolixe en société et dans le privé présente des sautes d’humeur dignes d’un bipolaire.
2) Carlotta (Marion Cotillard), sa femme qui a disparu il y a plus de 20 ans et déclarée morte, car elle se sentait mise à l’écart entre son mari et son père … et notre Carlotta qui après avoir perdu son nouveau mari en Indes, de revenir en France – comme un fantôme - essayer de reconquérir son mari.
3) Sylvia (Charlotte Gainsbourg), astrophysicienne perdue dans l’infini de l’espace mais cartésienne et protestante, qui a quelques aventures avec des hommes mariés « pour ne pas avoir d’ennuis » … va tomber amoureuse d’Ismaël et l’apaiser, l’aider à écrire son scénario tout comme elle aide son petit frère, handicapé mental, dont elle est la tutrice mais aussi à la fois « la mère et la sœur ».
4) Ivan (Louis Garrel) est le frère d’Ismaël, atteint du syndrome d'Asperger, forme particulière l’autisme qui lui a permis d’apprendre de nombreuses langues à Roubaix (sic). On ne le voit qu’une seule fois via une conversation par Skype … mais il est également le personnage principal du film de son frère où il incarne un jeune qui par son don pour les langues, intègre par concours externe le Ministère des Affaires Etrangères pour semble-t-il devenir espion (sans le savoir ?) notamment au Turkménistan, en Egypte et à Prague …
Autour de ces 4 personnages gravitent d’autres personnages assez caricaturaux : le père de Carlotta, un grand cinéaste Israélien qui va recevoir un prix à Tel Aviv et pour qui Ismaël a plus que de la tendresse et accoure à la moindre difficulté psychologique liée à son ego, à l’alcool et à la disparition incomprise de sa fille ; le producteur du film qui est toujours à courir après Ismaël se jurant que c’est bien la dernière fois ; une jeune actrice avec (et encore un cliché !) Ismaël va coucher pendant le tournage de son film …
Vous mélangez tout cela avec 2 grands flash-backs qui ne permettent de vérifier la véracité des histoires, vous y insérez une scène dans une prison djihadiste au Turkménistan, une scène à l’ambassade du Caire et à Prague, des scènes sur l‘île de Noirmoutier, une scène à Roubaix (la ville natale « où les gens sont laids et pauvres » mais où Ismaël va se réfugier dans la maison de sa tante car son père le battait durant son enfance), une séquence à Tel Aviv, des scènes typiquement parisiennes … sans parler des crises hystériques la nuit, d’une scène de visions loufoques à travers la vitre du train lorsque Ismaël va se réfugier à Roubaix et d’un cours sur la perspective à travers un tableau flamand et l’annonciation de Fra Angelico avec moult ficelles, et voilà le film d’Arnaud Desplechin qui – malgré une bande annonce prometteuse – s’avère sans queue ni tête, prétentieux, pseudo-intello et narcissique … sauvé uniquement pas ses interprètes.
On comprend alors mieux la discordance entre la note donnée par les internautes sur Allo-Ciné et celles des critiques professionnels « de salon » : 2,1 contre sur 5. Pour ma part, je mets 1 pour les actrices !