« Moi Tonya » c’est le récit de Tonya Harding, une patineuse de haut niveau. Le récit d’une femme qui n’a pas eu de chance.
Non seulement sa mère la maltraite, non seulement son mari la bat mais
elle pratique une discipline sportive ingrate : le patinage artistique. Oui, c’est ingrat. Comme la gymnastique. Comme tous ces sports soumis à un jury. Le football est un sport objectif ; un but est objectif. Tout comme le basket : le panier est objectif. Tout comme le cent mètres : franchir une ligne d’arrivée est objectif. Tout comme l’équitation : franchir des obstacles en accomplissant un chrono dans les temps est objectif. Tout comme le tennis : un coup droit gagnant hors de portée de l’adversaire est objectif. Tout comme perchiste : franchir une barre la plus haute possible est objectif. Tout comme l’escrime : toucher son adversaire est objectif. Le patinage est subjectif. Comme toute discipline sportive de haut niveau, c’est du sacrifice, de la souffrance et cette souffrance est soumise à un jury composé d’hommes et de femmes qui notent. Comment une note peut-elle être objective ?! Comment ne pas douter de l’honnêteté d’un des membres du jury ? Comment ne pas douter d’être sous influence des médias, surtout si ceux-ci voient en Tonya une plouc !?! Elle est plouc, et alors ? Elle patine formidablement bien (j’imagine pour être à ce niveau). Tonya est la première patineuse à réaliser un triple axel. Je n’aime pas le patinage mais j’ai beaucoup de respect pour ceux qui le pratiquent au plus haut niveau.
Terrible séquence de voir un des membres du jury dire à Tonya qu’elle ne représente pas les valeurs de l’Amérique idéale.
Que note-t-on ? Tonya sourit, Tonya sait être gracieuse, sa technique traduit une rigueur et une performance incontestables, mais peu importe, elle est sanctionnée au-delà de l’aspect sportif !
Son caractère semble aussi être pris en compte dans la note !
Si Tonya avait pratiqué un sport à résultat objectif, son caractère, sa rusticité n’auraient pas de prises pour un obstacle franchi, un ballon dans un but ! Les sportifs avec un mauvais caractère sont légion à avoir réussi. Tonya est le fruit d’une Amérique que l’on veut cacher. Comme ce fut le cas avec les sportifs de couleur. Tonya fait partie intégrante de cette Amérique, elle est une partie de l’Amérique. Celle qui fait honte. Marilyn Manson disait : « Si on voit en moi un déchet humain, alors je suis le plus pur produit de l’Amérique.» Tonya n’est pas bling bling ! Elle est « un produit » de l’Amérique ! Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir à deux deniers, on peut aussi s’interroger sur le comportement de Tonya.
Elle fuit sa mère pour une gifle de trop, ce qui est compréhensible ; elle fuit une première fois son mari qui la bat ce qui est compréhensible… mais revient. Elle fuira de nouveau puis revient. Son mari lui tire dessus, elle ne dit rien à la police. Qu’on ne vienne pas me dire « Ce n’est pas évident, une femme sous l’emprise d’un mari violent. » C’est vrai mais Tonya est partie deux fois pour revenir deux fois selon Sa volonté ! C’est à se demander si sa mère n’avait pas raison : sa fille aime bien être maltraitée !
Tonya n’a pas connu que des relations toxiques avec sa mère et son mari et l’entourage de celui-ci. Dans ce qui nous est donné à voir, on perçoit que la patineuse avait des relations saines avec ses coaches. Elles semblaient bienveillantes. Tonya veut être aimée. Veut séduire. Ses résultats sont le fruits de ses coaches. Seulement, peut-on dissocier ses résultats de sa mère ? Elle s’en est affranchie, indéniablement.
Mais serait-elle patineuse avec un caractère de battante sans l’influence néfaste de sa mère ?
Dans cette partie de vie relatée, Tonya ne semblait pas voir plus loin que le bout de son nez. Naïve ? J’en doute. Limitée ? Je crains. Etre une plouc de l’Amérique profonde non éduquée passe à partir du moment où les résultats sont là.
Par contre, être plouc au point de ne pas alerter à temps les autorités fédérales pour dénoncer ce stupide complot contre Nancy Kerrigan ne passe pas puisqu’elle a été sanctionnée à vie !
C’est bien dommage, car elle pouvait s’en sortir par le sport. Avec ses voyages, ses relations sportives, les médias. Elle aurait pu sous l’influence de sa passion ouvrir son esprit, profiter de s’éduquer. Quel gâchis ! Magot Robbie incarne avec beaucoup d’engagement cette Tonya maudite par une mère et un mari abominables ; Allison Janney, actrice que j’apprécie depuis longtemps est tout à fait convaincante dans le rôle d’une mère imbuvable. Tellement convaincante qu’elle a mérité toutes les récompenses pour un second rôle alors que Margot Robbie, autant de fois nommée que sa partenaire pour un premier rôle, connaîtra la désillusion comme a pu la connaître Tonya Harding ! Instructif et à voir en V.O, évidemment pour le jeu de ces deux actrices formidables.