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    Moi, Tonya
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    L'Otaku Sensei
    L'Otaku Sensei

    317 abonnés 226 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 mai 2018
    Le genre Biopic n'est pourtant à la base, pas un genre de cinéma que j'affectionne particulièrement, pensant qu'il est incapable de réunir l'aspect intéressant et divertissant dans le même temps (mon expérience longue et ennuyeuse avec le "Saint Laurent" de Bertrand Bonello avec Gaspard Ulliel en 2014 par exemple ^^). Ce fut par la suite avec le magique et léger "Dans l'ombre de Mary - La promesse de Walt Disney" (2013) avec Emma Thompson et Tom Hanks qu'il s'est opéré en moi un petit regain d'intérêt progressif pour le genre, un genre qui finalement, pouvais me surprendre.
    Revenu à la mode principalement depuis le début des 90's, ce que j'aime bien avec les Biopics, c'est qu'ils réussissent à créer/renforcer/entretenir un certain culte, un aura de "légende" autour de personnalités célèbres via le prisme de la caméra métamorphosant des personnes en personnages !
    Depuis quelques années, l'une des grandes modes du Biopic tourne autour du milieu sportif, comme la Boxe ("Raging Bull" de Martin Scorsese en 1980, "Ali" de Michael Mann avec Will Smith en 2001, "Fighter" de David O Russell en 2010 ou encore "Foxcatcher" en 2014 avec Steve Carell et Channing Tatum), le Tennis avec les tout récents "Battle of Sexes" porté par le duo Stone/Carell et "Borg/McEnroe" emmené par Shia LaBeouf en 2017.
    Cette fois avec "Moi Tonya", c'est à un autre sport que l'on s'intéresse (et qu'on aurait pas forcément imaginé comme digne d'un réel intérêt au cinéma), le patinage artistique !
    "I,Tonya", biopic sportif et comédie dramatique réalisée par l'australien Craig Gillespie, plutôt inconnue au bataillon et à qui l'on doit juste quelques petits films sans renommée comme la comédie romantique "Une fiancée pas comme les autres" avec Ryan Gosling et Patricia Clarkson en 2007 ou le thriller "The Finest Hours" avec Chris Pine, Casey Affleck et Eric Bana en 2016, nous raconte l'histoire (adaptée de l'histoire vraie) de Tonya Harding, une jeune championne américaine de patinage artistique dans les années 80-90, célèbre notamment pour avoir été la première femme à réaliser un triple axel en compétition. Depuis toute petite, Tonya ne cesse de s'entraîner durement sans relâche pendant des heures sur la patinoire, soumise à l'autorité inflexible d'une mère sévère alcoolique et fumeuse qui n'hésite pas à la battre violemment, sans lui donner d'amour. Malgré les coups et les insultes de sa mère sous lesquels elle grandi, Tonya montre pourtant une détermination sans failles et continue année après année de se perfectionner, hélas, la jeune patineuse à beau enchaîner les exploits, les jurys ne semblent pas accepter ses origines modestes et ses goûts vulgaires, punks, de garçon manqué. Mais alors que Tonya allait participer aux Jeux Olympiques d’hiver de 1994, à quelques semaines de la compétition, sa rivale Nancy Kerrigan est froidement agressée et les soupçons se tournent immédiatement vers Harding et son mari. Seulement, Tonya est- elle vraiment coupable ? Pour quelle raison aurait-elle été poussée à agir ainsi ? Pourquoi Nancy a - t- elle été agressée ? Dans un milieu sportif médiatisé en plein effervescence, du résultat de l’enquête du FBI dépend la suite de la carrière de patineuse de Tonya.
    Voilà pour le pitch global.
    Verdict : Qui aurait pu imaginer que voir des jeunes filles les jambes a l’air, voltiger et tournoyer sur une patinoire puisse être aussi esthétiquement épique ?! Résultat des courses, nominé aux Oscars et aux Goldens Globes 2018 notamment pour Allison Janney en tant que meilleure actrice dans un second rôle et surtout Margot Robbie en tant que meilleure actrice, « I, Tonya » est un biopic réussi, aussi intéressant que divertissant, intense et poignant ! Le résultat hybride d’une fusion nourri de Clint Eastwood et de Damien Chazelle, au croisement bien dosé entre « Million Dollar Baby » (2005) et « Whiplash » (2014), une « petite fille » de « Rocky » en quelque sorte dans la passion du sport et dans le ton épique de la détermination. Le tout reposant essentiellement sur des séquences sportifs particulièrement réussies. spoiler: La séquence ou Tonya réalise pour la première fois un triple axel sur la glace. Le moment filmé en gros plan sur les patins puis en plan d’ensemble au ralenti ou Tonya/Margot décolle, quitte littéralement le sol pour « s’envoler » l’espace de quelques milli secondes, c’est tout le pouvoir du cinéma d’arriver à extraire, capturer visuellement l’extraordinaire de l’instant et à le styliser !

    Mais « Moi, Tonya » ne se résume pas qu’à une simple embellie par le cinéma d’un sport artistique non, car Tonya c’est avant tout une histoire dramatique de violence et d’injustices montrant le côté élitiste et dénonçant l’aspect discriminatoire du milieu sportif face aux facteurs sociaux. Le film est criant de vérité car il réussit très bien à historiciser et à inscrire son histoire dans le vrai.
    Gillespie donne une force, une vérité et une originalité à son biopic en empruntant habillement la voix du cinéma de témoignage. On retrouve dans « I,Tonya » ce vieux procédé théâtral de « Distanciation »que l’on avait dans les spectacles de Bertolt Brecht (1898-1956). Dans ce genre de spectacle, l’objectif est de briser l’illusion théâtrale et de déclencher chez le spectateur une attitude critique éveillée, le faisant réfléchir et remettre en question ce qu’il regarde. Chez Brecht, les acteurs sur scène n’incarnent pas leur personnage, ils le montrent et se montrent en train de le montrer. Une forme de Distanciation que « Tonya » semble bien reprendre ici et que Gillespie adapte cette fois sur grand écran et l’orchestre au moyen intelligent spoiler: d’images d’archives et d’extraits d’interviews authentiques des véritables personnes ayant existées. A chaque fois, les personnes commentent sois dans le champ sois hors champ par-dessus l’action en cours, l’action de leurs propres personnages dans le film. J’ai dis plus tôt que la faculté du Biopic était de transformer des personnes en personnages en transposant une réalité historique sur l’écran. Ici c’est encore bien plus complexe car nous avons les personnes devenues des personnages par les acteurs…et les personnes elles même commentant d’un point de vue extérieur des faits historiques ! Gillespie traite avec une très grande habilité la question du point de vue, interne/externe à l’histoire, la question du narrateur en switchant entre fiction et réalité pour confronter/superposer le point de vue à la fois du réalisateur, du spectateur/des personnages et des personnes intérieures/extérieures au récit filmique sur la réalité du scandale médiatique ! La prouesse du réalisateur est d’avoir réussi à aborder la question du point de vue au cinéma non pas par 3 entrées…mais par 4 !!

    Bien entendu et avant tout, « I, Tonya » brille par la formidable performance de ses 2 actrices ! D’abord Allison Janney (« American Beauty » en 1999, « La couleur des sentiments » en 2011…) adorablement odieuse et détestable dans le rôle de la mère de Tonya et dont la sévérité envers Tonya rappellera beaucoup la dureté de l’impitoyable Terrence Fletcher, tyrannique professeur de batterie dans « Whiplash » campé par l’excellent JK.Simmons !
    Mais celle qui crève l’écran c’est évidemment Margit Robbie, plus radieuse, plus éblouissante, plus brillante et déterminée que jamais dans un jeu d’acteur très solide (en témoigne le visage en sueur de la patineuse dans les séquences en travelling filmées en plan séquence, rapproché/d’ensemble/plongée…ou l’actrice enchaîne les sauts et tourne sans s’arrêtée comme si elle était en apnée) et une implication totale, le rôle de la championne de patinage artistique lui colle à la peau, elle était faîte pour ce rôle !!
    La jeune australienne de 27 ans découverte avec « Le Loup de Wall Street » en 2013 mérite clairement sa nomination aux Oscars dans la catégorie de la meilleure actrice ! Et quel plaisir immense de découvrir que la jeune Margot dans un rôle sensible et sobre, un plaisir et presque un « ouf » de soulagement de savoir que l’actrice n’est et n’existera à l’avenir pas que par le rôle de l’excentrique clown féminin aux couettes bleues et au marteau du DCU ! On ne pourra plus jamais dorénavant affirmer que Margot Robbie est enfermée dans le personnage d’Harley Quinn de « Suicide Squad » (2016). En incarnant Tonya Harding, la jeune apprentie escrocs de « Diversion » (2015) nous révèle son grand potentiel, elle signe son entrée définitive dans la cour des grandes aux côtés des Emily Blunt, Jessica Chastain ect et coupe court à tous les préjugés la rabaissant à l’incarnation d’une icône de pop culture-comics. Définitivement NON, Margot Robbie n’est pas QUE Harley Quinn !
    En définitive, « I,Tonya » est un excellent Biopic ; une histoire dramatique dans le milieu du patinage artistique entre Chazell et Eastwood englobé dans un divertissement « conscient » du cinéma de témoignage. L’ensemble sonne vrai grâce à un usage pertinent et bien comprit de la Distanciation Brechtienne et Margot Robbie tient ici son meilleur rôle pour le moment et la suite de sa carrière s’annonce clairement comme à suivre ! On retrouvera la « Queen Margot » prochainement dans un autre Biopic, cette fois tourné vers l’historique avec Saoirse Ronan, « Mary Queen of Scots » qui racontera la vie de Mary Stuart et sa relation avec la Reine Elizabeth, puis le très attendu « Once Upon a Time in Hollywood » de Tarrantino en 2019 avec notamment Brad Pitt et Leonardo DiCaprio ! ça promet !
    romain G.
    romain G.

    17 abonnés 123 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 25 mars 2018
    Film dérangeant car malhonnête intellectuellement. C'est une opération de réhabilitation de Tonya Harding selon le discours "elle venait d'un milieu populo et violent, sa maman était méchante, ses complices étaient des pieds nickelés, ce qu'a subi Kerrigan n'était pas si grave, qualifié d'incident, Harding n'était pas au courant, elle est victime d'un délit de faciès, etc...". Tout est fait pour minimiser l'acte. Le ton humoristique, une BO anachronique (années 70 alors que les évènements se passent dans les années 90) vieillissant artificiellement le scandale, viennent compléter le tableau. Pourtant, tous les faits montrent que l'acte était prémédité et moralement indéfendable. Tonya harding reste un symbole du patriotisme américain et de l'Amérique d'en bas dans un milieu du patinage aristocratique, et sa performance d'être la première femme à réaliser un triple axel méritaient sans doute bien ce portrait éhonté à décharge.
    I'm A Rocket Man
    I'm A Rocket Man

    296 abonnés 3 148 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 7 juin 2018
    Alors moi personnellement c'est la désillusion de l'année !!! J'attendais ce film avec impatience et je suis tombé de très très haut. Mon compagnon est passionné de patinage artistique et nous adorons les biopics sur les sportifs. Nous étions donc certains de passer une soirée de pur bonheur et c'est tout le contraire qui s'est produit ! Nous avons détesté de A à Z. Le ton trop comique, la voix off permanente qui empêche de rentrer dans l'histoire, le manque d'images de compétition, de montée de tension, l'impasse sur Nancy Kerrigan que l'on ne voit pas du tout... nous avons trouvé le tout plat et ennuyeux à mourir et ne parlons pas de la fin qui se perd dans du grand n'importe quoi !! Le début était déjà laborieux mais à partir du moment de l'incident et de l'agression de Nancy Kerrigan, c'est fini !! Un vrai gâchis... ce fait de l'histoire du sport aurait pu être passionnant s'il avait été traité différemment et cela va rester un vrai regret. J'en ai gros sur le poireau...
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 22 février 2018
    Une pépite ! j'ai adoré j'en ai beaucoup appris sur l'histoire de Tonya Harding je ne savais pas qu'elle était innocente j'ai connu l'histoire comme tout le monde avec la version comme quoi elle aurait frappé l'autre patineuse mais ce film permet de rétablir la vérité et permet de rendre honneur à Tonya Harding. Les acteurs sont excellents mention spéciale à Margot Robbie et à l'actrice qui joue sa mère. Les repliques sont très très très drôle et les scènes à la fin du film avec les vrais protagonistes de l'histoire étaient excellentes ! Je pense le revoir très bientôt.
    Ashitaka3
    Ashitaka3

    111 abonnés 1 209 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 1 mars 2019
    Le film se regarde bien, le rythme trépidant, les acteurs en forme. Mais le parti pris est étrange, on a tous les points de vue étayés, avec des séquences interviews qui cassent le rythme, au final je n'ai pas compris le film où il voulait en venir si ce n'est rétablir une vérité, mais sous couvert d'humour. Or, comme c'est un biopic, et qu'il sappuie sur des éléments véridiques, ce fut très compliqué de jauger le vrai du faux. Dommage!
    Arnaud R
    Arnaud R

    91 abonnés 826 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 mai 2018
    Une excellente dramedie qui ne s'enferme pas dans le biopic classique et donne un ton rigolo-cruel à cette histoire tout aussi fascinante qu'inattendue. Jamais on n'a aussi bien raconté l'ambivalence des sportifs et leur milieu social.
    ptitmayo
    ptitmayo

    37 abonnés 969 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 juillet 2018
    Dans "I, Tonya", il y a d'abord le "I". Outre le fait qu'il coïncide avec une narration à la première personne (chaque personnage donnant sa version de l'histoire), il fait état de l’égoïsme général qui touche tout le monde spoiler: (Tonya et sa carrière, Jeff et ses envies, Shawn désireux d'être pris au sérieux quitte à mentir, la mère de Tonya qui pense qu'à ses sacrifices (financiers, temps) et elle-même (elle veut enregistrer sa fille à son insu en l'amadouant))
    mais disparaît étrangement quand il faut assumer les responsabilités spoiler: (la notion de "C'est pas ma faute" revient souvent dans la bouche de Tonya (le problème de lacet ou de patin), de Jeff (qui rejette le projet d'agression sur Tonya), de Shawn (qui blâme Jeff) et de LaVona (qui ne veut pas être accusée d'être à l'origine de certaines choses à cause de l'éducation qu'elle a donnée à Tonya))
    . Ensuite, il y a "Tonya", protagoniste centrale dont la vie est dépeinte en 2 parties. La première, axée sur ce que les autres lui ont fait subir, adopte le registre de la violence trash, montrant que Tonya spoiler: a vécu avec une mère impossible (allure négligée (lunettes, perruques), mépris et critique permanents, dispute au couteau), un père vite parti, un mari qui la bat régulièrement et des juges dont l'avis est motivé seulement par le déterminisme social (Tonya est jugée en dehors des clous de l'américaine modèle, car pas assez gracieuse, faisant elle-même ses costumes et patinant sur du Heavy Metal; la scène d'énervement de Tonya face aux juges est excellente, tout comme l'aveu clair de l'un des juges)
    . La seconde moitié du film bascule dans un autre style, à savoir la tragédie ubuesque et ironique qui pourrait s'apparenter à un film des Frères Coen spoiler: (des gens cons et insignifiants (le gars qui se tape la tête contre la vitre, faire des tours du mauvais bâtiment 2 jours de suite pour ne pas attirer l'attention!!!) impliqués dans un truc trop grand pour eux)
    aux conséquences terribles spoiler: (Tonya est la victime collatérale qui paie plus que les autres (l'interdiction de patiner est prononcée à vie alors que les autres prennent juste de la prison) et échoue à son rêve des JO(8ème et souci de lacet))
    . Ce que je regrette dans tout cela, c'est que le film n'évoque pas assez Nancy Kerrigan et ne souligne pas suffisamment l'ironie importante de la situation, à savoir que spoiler: LaVona avait raison (Tonya devait être gracieuse pour gagner, ne pas épouser Jeff, elle a fait d'elle une battante (symbolisée par la boxe rageuse à la fin))
    . Sur la forme, la mise en place est un peu longue et trop dialoguée mais par la suite, j'ai adoré les apartés dans le récit (avec de l'humour politiquement incorrect), l'aspect "chacun sa version" est pas mal du tout et l'idée des interviews donne du cachet au film spoiler: (le grain de la pellicule, le format des images, les personnages vieillis)
    . Pour le reste, la réalisation de Craig Gillespie met bien en valeur les moments de patinage et le choix de musiques de l'époque aux paroles résonnant avec les événements est plus que pertinent. Enfin, le film est porté par les prestations magistrales de Margot Robbie et Allison Janney, avec le toujours hilarant Bobby Cannavale en bonus. Au final, "I, Tonya" est un faux biopic acerbe sur le rêve américain, très bien interprété, rythmé et quasiment abouti aussi bien sur la forme que sur le fond.
    Cinememories
    Cinememories

    487 abonnés 1 466 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 26 juillet 2022
    Avec « Million Dollar Arm » et « The Finest Hours », Craig Gillespie voit un genre le posséder, celui du biopic. Proche de la réalité, il tente des relectures qui hausse le ton de la fierté et de l’espoir. Ici, il reprend ces mêmes bases pour en ajouter des nuances, vis-à-vis de l’esprit compétitif. Il use d’un documentaire fictif et y ajouter ses artifices afin de décortiquer toute la complexité d’un personnage troublé, dont il essaye d’en extirper un symbolisme tragique. Rendre humaine une personne, dont on doute de son honnêteté et ses méthodes radicales, font de Tonya Harding, la patineuse la plus controversée de son époque, là où ses contre-performances ont alimenté son désir de réussir l’impossible aux yeux du monde entier.

    Et c’est bien Margot Robbie qui a été castée pour ce rôle sur mesure, où le modèle d’efficacité et réussite l’accompagnait. Cela fait rapidement écho à la médiatisation des faits, subtilement amené afin que l’on puisse prendre parti pour ce jeune talent, dont on mise nos espoirs. Nous prenons un malin plaisir à suivre son ascension sur les scènes givrées, où les patins graves un passage inoubliable et pourtant éphémère. En effet, toute l’intrigue est articulée sur l’accusation sur la soudaine agression de sa rivale directe, mais nous pourrions oser de ne pas y croire, sachant comment ce drame a été orchestré, avec maladresse et incompréhension. De ce point, il est possible de développer des personnages secondaires qui comptent dans la vie de la championne. On démarre en introduisant une mère exigeante, répondant au nom de LaVona Harding (Allison Janney). Tonya se calque ainsi sur ses attentes et adopte la position d’une rebelle qui en veut plus et qui ressent la nécessité d’être égoïste. L’opposition entre ces deux femmes et le rapport mère-fille permettent ainsi un magnifique portrait de la femme, qu’on accentue eu fur et à mesure du récit, même dans l’angoisse et la chute de ces dernières sur un point de vue moral et mental.

    Celui qui n’est pas très gâté par c’est l’ex-mari de Tonya, Jeff Gillooly (Sebastian Stan). Il ne canalise pas son tempérament violent et plane magnifiquement pour le looser de service, ce qui donne plus de corps à l’humanité de Tonya. Mais est-ce vraiment ce cas ? La réalisatrice du rarissime triple axel n’est pas le sujet de plus convaincant de l’idéologie générale. Elle tient constamment un second rang et elle est condamnée à rester sur la touche pendant que les plus belles, s’élancent dans un colisée stérile. Il n’y a plus de lionne, hormis Harding, qui persistent à élever sa condition sociale, car si tout le monde est étiqueté à une enseigne dès la naissance, sans perspective d’évolution, alors la morale n’en sera que plus navrante. Cependant, on n’échappe pas à certains clichés jusqu’à adopter l’autodérision afin de convaincre une foule qui ne demande rien d’autre que du divertissement. Encore une fois, les médias entrent en jeu et ces derniers enjolivent les couleurs d’un pays à l’image de femmes qui doivent démontrer à la fois de l’humilité et du charisme. Tonya n’est pas née sous la bonne étoile pour ces choses-là, non, elle est née pour se révolter, malgré le rejet d’un monde qui la laisse en retrait.

    Le réalisateur australien peut parfois manquer de subtilité et il sur-cut beaucoup trop les prestations artistiques, au no de la fidélité et de l’exigence. À l’image de la mère de Tonya, il se répète et frappe là où les sentiments de la femme doivent apparaitre comme nécessaire, afin de justifier des actes qui peuvent choquer, mais qui auront le mérite d’être discuté sur le fond. Ainsi, « Moi, Tonya » suggère un ton brossé pour l’humour noir et donne un certain sens aux femmes qui nous ont élevées et sans qui nous n’en serions pas arrivés là, assis sur la cruelle réalité du divertissement hollywoodien.
    ffred
    ffred

    1 726 abonnés 4 021 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 1 mars 2018
    Le patinage artistique n’est pas franchement ma tasse de thé mais je me souvenais encore très bien de ce fait divers qui avait ébranlé le monde du sport et défrayé la chronique dans les années 90. Ce n’était donc pas gagné. Du réalisateur Craig Gillespie, je n’avais vu que le prometteur et original Une financée pas comme les autres en 2008. Contre toute attente, il nous concocte aujourd’hui un petit bijou, nerveux, dynamique, très drôle et surtout bien moins terrible que ce que l’on attendait. La mise en scène est rythmée, solide, énergique, ni sage ni académique. Le scénario est une petit merveille et nous fait découvrir une galerie de personnages, de vrais pieds nickelés, aussi attachants qu’énervants. La reconstitution de l’époque est vraiment très bien rendue. Tout comme les scènes de patinage où l’on a vraiment l’impression que Margot Robbie (bluffante, nommée à juste titre aux prochains Oscar) a vraiment réalisé elle-même toutes les figures (le tout aidé par un montage parfait). Même si elle s’est beaucoup entrainée, elle a été doublée, et des effets spéciaux, aussi discrets qu’efficaces, ont été utilisés. Allison Janney (la mère) est quant à elle hilarante, Oscar du second rôle assuré. Elle a déjà raflé tous les trophées depuis le début de la saison des récompenses. D’un fait divers plus pathétique que tragique, Craig Gillespie nous offre donc là une comédie grinçante jubilatoire, une excellente surprise pour un film aussi décalé que passionnant. Et un étonnant portrait de femme qui réhabilite quelque peu un personnage que l’on pensait froid et calculateur. En un mot ce Moi, Tonya est savoureux.
    Simplement Loïc
    Simplement Loïc

    16 abonnés 136 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 septembre 2024
    Découverte du soir
    Histoire complètement folle mené par une mise en scène incisive et cash tout comme son humour !
    Un casting à la hauteur du récit et un montage juste génial. Toute l'ambiance et le rythme est mené d'une main de maître et réussi parfaitement bien à te prendre par la main et ta te tenir en haleine!
    C'était génial !
    Dois-Je Le voir ?
    Dois-Je Le voir ?

    365 abonnés 1 814 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 2 avril 2020
    Ce film va donc nous plonger au cœur de la vie d’une femme pas comme les autres. MOI, TONYA va prendre le parti pris de nous montrer une Tonya Harding humaine et qui est aussi victime de son environnement malgré sa volonté de s’en sortir. On est loin de l’image de monstre que lui donnait les médias il y a une vingtaine d’année. Si comme moi vous ne connaissiez pas cette femme, ni cette affaire, vous allez découvrir grâce à ce film une personne entière, brut de décoffrage avec un caractère bien trempé. On est bien loin des clichés de la patineuse artistique. Margot Robbie, qui m’avait éblouie en Harley Quinn dans SUICIDE SQUAD, est vraiment idéal dans ce rôle. Son association avec le sulfureux Sebastian Stan, qu’on a l’habitude de voir dans le MCU (Marvel) en tant que Bucky Barnes, marche du tonnerre. On obtient donc un long métrage vraiment insolite et très agréable à regarder. De plus, son excellente réalisation le pousse vers les sommets. Tout est vraiment claire pour les néophyte et le choix de la construction sous forme de documentaire avec de l’interactivité dans la narration, le rend extrêmement dynamique. Pour couronner le tout, les scènes de patinage sont vraiment sublimes. Un Biopic avec un grand B.
    L'AlsacienParisien
    L'AlsacienParisien

    637 abonnés 1 403 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 février 2018
    J'avais vraiment hâte d'aller voir "Moi, Tonya" suite à ses nombreuses nominations mais aussi pour cette biopic originale et décalée qui revient sur l'un des fait divers qui a marqué le monde olympique dans les années 90. La forme n'a rien de classique mais retrace habilement les étapes phares de la patineuse, de son enfance à ses 40 ans, ponctuée par des interviews des différents personnages de son entourage, de sa mère à son ex, en passant par son ex-entraineuse et son ex-garde du corps. Ce montage donne beaucoup de rythme, surtout dans la première partie du film où la mère est au coeur de l'action. L'interprétation d'Alison Janney (favorite pour l'Oscar du second rôle féminin) est politiquement incorrecte, cruelle mais au fond drôle et pudique. Elle est à l'image du film, vulgaire, très drôle et démente, tout comme ces partenaires. Margot Robbie, quant à elle, se la joue compétitrice féroce dans ce sport impitoyable du patin sur glace ! Elle est imprévisible et impertinente, mais aussi maudite et désespérée si bien qu'on ne peut que trouver son destin dingue et insolite ! Derrière le ton central de la comédie et du second degré se cache un portrait émouvant et censuré d'une femme prise au piège par sa propre réputation. Le scènes finales sont brillamment menées par la sincérité de jeu de Margot Robbie ! La mise en scène de Gillepsie est efficace, parfois inégale à cause de certaines longueurs (et le collage de la tête de l'actrice sur un corps de patineuse pro lors des scènes de compétition est mal finalisé et le rendu est pas terrible), mais on prend plaisir à suivre ce faux documentaire, entre rires et émotions, indignation et apitoiement. Tonya Harding prend sa revanche avec ce film qui la célèbre comme une anti-héroïne, chevronnée et condamnée pour ses origines sociales et sa langue bien pendue !
    islander29
    islander29

    876 abonnés 2 372 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 22 février 2018
    Le film est assez passionnant, et en cette époque de jeux olympiques, sa programmation est judicieuse.....Le rythme du film est soutenu, entre fiction et "documentaire" et cela fonctionne parfaitement.....Bon jeu d'acteurs, détails croustillants, morale politique et analyse sociale, le film est exhaustif, et donne un panorama des années 80, 90 de haute tenue.......Je dois dire que j'ai retrouvé des images d'archives avec plaisir, la journaliste asiatique de CBS Connie Chang ( sur CBS ?)... Le film a aussi de superbes seconds rôles, des méchants très américains, désabusés et vulgaires, qui renvoient aux péchés américains enfouis dans l'histoire américaine, un mélange de vice et de violence qui parle aux tripes......Peu d'images de patinage, une vraie histoire de petits gangsters, une maman psychopathe, des médias assoiffés de scoops scabreux, il faut découvrir ce personnage qui fut à son époque aussi populaire que Bill Clinton, et ce n'est pas un film su le sport loin de là, mais bien plutôt un thriller .....Je conseille....
    moket
    moket

    539 abonnés 4 345 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 mars 2019
    Un biopic rock 'n roll, incisif, drôle et mordant sur le destin néanmoins tragique de Tonya Harding. Le ton est décalé, la BO déchire et Margot Robbie est formidable.
    Vanessa L
    Vanessa L

    284 abonnés 821 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 4 avril 2018
    Je me souviens encore de l’époque de cette histoire, étant une grande fan de patinage, impossible de rater ça et de ne pas connaître les personnages dépeint dans le film. J’avais donc envie de voir ce film mais pas évident de le trouver à l’affiche partout et pourtant il le mérite ! Le casting est très bien choisi, totalement en raccord avec les vrais personnes et on ressent trop bien la vie de l’époque. On ressent également la pression que peuvent avoir certains patineurs face à la compétition, les juges mais également celle de la famille et des entraîneurs. C’est un peu ce qui se passe pour Tonya, elle n’est pas riche, doit se faire ses propres costumes et elle est saquée à cause de cela malgré pourtant un excellent patinage. De plus, elle n’a pas une vie facile entre sa mère totalement folle qui lui fout une pression de dingue et son mari qui la bat. Tout tourne au drame quand une concurrente se retrouve blessée volontairement pour l’écarter de la compétition. Même si Tonya n’y est pas pour grand chose, elle prendre les conséquences quand même qui s’impose ! Une histoire terrible qui signera la fin de sa carrière !

    En résumé, Moi, Tonya est un sacré film sur une histoire qui a fait la une de la télévision de l’époque ! Je me souvenais de cette histoire même si je ne me souvenais pas clairement de tout mais maintenant que j’ai vu le film je ne peux que me dire “wow quelle histoire� ! Un film très bien joué, une histoire folle et le patinage en fond ! Un film à voir absolument.
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