Maya c'est un peu un cliché sur pattes, un film où un type qui a vécu un traumatisme va ensuite partir en Inde se ressourcer et tomber amoureux d'une belle indienne, le tout devant des décors de carte postale (vraiment, je n'ai qu'une seule envie maintenant : visiter l'Inde). Si je l'avais lu/vu, j'aurais sans doute pu comparer à quelque chose comme Mange, Prie, Aime. Sauf que malgré tous ses lieux communs, vu que le film est réalisé par Mia Hansen-Løve, il en ressort quelque chose de vraiment réussi.
En fait le film commence et on ne sait pas ce qui se passe (surtout si comme moi on n'a pas lu le résumé). Le film ne prend pas le spectateur par la main en lui posant directement tous les enjeux. Il va au contraire donner des pistes petit à petit, ce qui va permettre au bout de quelques minutes comprendre de quoi il s'agit, à savoir qu'on suit quelqu'un qui vient d'être libéré alors qu'il était otage en Syrie. Et ça, elle a assez de talent pour nous le faire comprendre avec des images, avec des interactions sociales, sans que tout soit forcément dit de but en blanc dès la scène d'ouverture. C'est fait de manière subtile et j'aime beaucoup.
D'ailleurs comme toujours chez elle, on a des personnages et des relations qui sont vraiment bien écrites, je pense à la relation entre le héros, ex-otage et son ancienne petite amie qu'on voit au début du film. On sent que les choses ne sont pas si faciles, que le fait d'être libéré ne résout pas tous leurs problèmes de couple d'un seul coup. Il y a une certaine ambigüité, on voit que les choses ne sont pas simples et ça donne immédiatement un sentiment de véracité à ce que l'on est en train de voir. Être captif pendant quatre mois, ne permet pas forcément de rabibocher un couple, quand bien même l'idée de ce couple aurait permis de tenir durant la captivité.
Et on va retrouver le même genre d'ambigüité ensuite, une fois que le héros rencontre Maya, le personnage éponyme. On voit bien qu'elle est jeune, qu'elle est belle et qu'elle a envie de passer du temps avec le jeune homme et d'un autre côté on sent bien que lui aussi l'aime bien, mais qu'il se fixe des limites, parce qu'elle est jeune, parce que c'est la fille de son parrain, etc. Quasiment jusqu'à la fin on alterne entre des moments de complicité qui marchent vraiment bien (faut dire que tu mets deux belles personnes dans des décors paradisiaques, tout de suite ça fonctionne à l'écran) et des moments où Maya va se faire repousser, gentiment et un peu infantiliser.
Avec son petit jeu, Mia Hansen-Løve va réussir à toucher quelque chose d'universel, ce moment où quelqu'un te plaît mais où tu ne veux pas ou tu ne peux pas te permettre qu'il se passe quelque chose. C'est en fait ce qui tient le film et ce qui l'empêche de sombrer dans les affres du film de renaissance spirituelle totalement bateau.
Et c'est pour ça que je suis moins convaincu par la fin, qui finalement ne répond pas à grand chose, mais surtout qui semble céder à l'appel de la fin heureuse, avant de subitement passer sur autre chose, comme si le héros pouvait aller de l'avant, laissant Maya et le spectateur un peu en plan... et dubitatifs...
Mais surtout, elle sacrifie l'aspect mélancolique du film, où le gars aurait juste laissé passer sa chance pour quelque chose qui n'est pas réellement satisfaisant non plus et surtout assez frustrant.
Il reste de ce beau film un touche d'amertume, ne sachant si on a vu une passade, une reconstruction ou la découverte du grand amour... Une fois la frustration dépassée, je suppose qu'on peut apprécier d'autant plus l'ambigüité de ce que l'on a vu...