Déjà en 1986, le problème du déplacement semblait être sur les tablettes. Jeff Goldblum, excellent, incarne un brillant scientifique (impossible de ne pas faire le lien avec l’intelligence du mathématicien de "Jurassic Park" 7 ans plus tard) travaillant seul sur un système de transport de la matière à travers l’espace, d’une cabine à une autre appelées télépodes, via un concept de téléportation, concept que j’imagine aisément dans la tête de nombreux scientifiques. L’entrée en matière (si j’ose dire) est rapide et le spectateur est rapidement mis dans le bain. Pas de fioritures, pas de perte de temps inutile, on entre dans le vif du sujet. Nul doute que si le film avait vu le jour 20 ou 30 ans plus tard, il aurait bénéficié d’une vraie introduction et de quelques scènes transitoires supplémentaires, que je considère comme manquantes ici ou là. Malgré cela, "La mouche" est une véritable réussite tant ce film parait abouti et pose une question d’éthique sur un tel procédé, ainsi que sur la sécurité d’exécution. C’est bien filmé, il y a une ambiance particulière qu’on retrouve dans bon nombre de films de David Cronenberg. Les maquillages (oscarisés) et les effets spéciaux sont impressionnants et ne paraissent pas chiqués même après une trentaine d’années. Ce film a beau dater de 1986, il ne vieillit pas, sauf Jeff Goldblum et Geena Davis qui ont, eux, bel et bien vieillis depuis. C’est avant tout un film dont on se souvient, même si on l’a vu étant jeune, ce qui est mon cas. Et j’ai pris plaisir à le redécouvrir, tellement l’intrigue est captivante et menée avec brio par un Jeff Goldblum des grands jours, apparemment très à l’aise avec l’évolution de son personnage, évolution minutieusement menée par étapes. Je regrette seulement que l’idylle entre Seth Brundle et la journaliste Veronica commence si rapidement. Mais bon, il faut dire que ces deux comédiens vivaient déjà ensemble. Ils sont à l’aise et c’est sans doute pour cette raison que Geena Davis apporte sans vergogne sa touche de charme : elle est jeune, belle, a un sourire ravageur, et apporte même sa touche sexy lorsqu’elle retire son bas. C’est… ravissant. Indubitablement ravissant. Mais il faut compter aussi sur John Getz, parfait en vrai goujat. Le rythme est bon, très bon, et jamais nous ne nous ennuyons. On suit l’histoire sous une logique implacable, sur un scénario plutôt novateur pour l’époque, bien qu’il s’agisse d’un remake de "La mouche noire" de Kurt Neumann (1958), mais avec un traitement plus moderne. Sur une belle partition d’Howard Shore, je vous invite à découvrir ou à redécouvrir ce film culte, loin des standards des films horrifiques dans lesquels tout est gratuit et non justifié, tout du moins dans la plupart des cas.