Après l’énorme succès financier de l’espion qui m’aimait, le producteur Cubby Broccoli ne change pas de fusil d’épaule et compte sur la même équipe pour encore plus d’action, plus de diversités, plus de tout en somme. Oui, de là commence le développement de Moonraker, le James Bond le plus ambitieux jusqu’alors, peut-être un peu trop, à vrai dire. Surfant sur la vague science-fiction, en pleine croissance à la fin des années 70, Broccoli, Lewis Gilbert, Ken Adam, John Glen et Roger Moore décide de propulser l’agent secret dans l’espace, à la poursuite d’un mégalomane en quête de destruction massive, fondant sa propre arche de Noé dans une station spatiale pour mieux repeuplé la planète une fois l’extermination terminée. Oui, un scénario classique bondien des années Moore, 007 n’ayant plus seulement vocation de défendre la Grande-Bretagne mais bel et bien de sauver le monde, encore et encore.
Moonraker, donc, là où tout le monde est aller un peu trop loin, dans l’esprit, dans la forme et dans les idées. Si bien entendu, les décors, là encore signés Ken Adam, la musique, le comique du film et plein d’autres sujet sont amplement maîtrisé, il en découle une exagération du concept Bond alors que la série dérive vers la SF. A l’instar de l’espion qui m’aimait, Moonraker est également une bombe de divertissement, un film popcorn amusant, divertissant, drôle et spectaculaire. Oui, mais en moins bon car trop volumineux et finalement que très peu assumé. Roger Moore, lui, s’avère finalement le seule à sembler comme un poisson dans l’eau dans cette marrasse stylisée parfois réussie, parfois à la limite du n’importe quoi. Certes, bien des séquences sont cultes, oui, mais quelques autres font malheureusement presque peine à voir.
Malgré les merveilleuses idées de développement, de scénario, Moonraker est finalement un opus inégal, orienté fortement vers les propensions du public d’alors pour le fantasque. Un public survolté qui rappelle d’ailleurs à Broccoli le personnage de Richard Kiel, Requin, qui demande toujours plus pour toujours plus d’argent. Tout le monde a suivi le mouvement, réalisant ses rêves de gosses sur un film qui, il faut le dire, n’est culte que pour cela. Oui, si Moonraker peut paraître parfois un brin risible, c’est bien d’un film mémorable sous plusieurs aspects dont on parle. L’avènement des effets spéciaux dans la série, des scènes d’action indénombrables, des personnages rigoureusement cultes et des situations cocasses par milliers. James Bond n’est alors plus de l’espionnage mais bel et bien de l’aventure, un film d’aventure.
Moonraker, quoique l’on puisse en dire, est à nouveau un succès financier et au Box-Office, confortant la stature de Roger Moore dans le costume célèbre de 007. L’avenir permettra à James Bond de redescendre gentiment sur terre, au sens propre comme au figuré, même si cette redescente à un niveau plus sérieux n’est pas immédiatement constatable sur Rien que pour vos yeux. Bref, ici, James Bond a atteint le sommet du fantasque, aura vécu son époque la plus prolifique d’un point de vue aventure mais certainement pas la meilleure de son histoire, qui a maintenant cinquante ans d’existence. 12/20