James Bond est missionné pour enquêter sur la disparition de Moonraker, une navette spatiale américaine confiée au gouvernement britannique.
Alors que l’on avait reproché dans le précédent James Bond son manque d’originalité parce qu’il exploitait pour la énième fois une histoire de vol d’ogives nucléaires, cette fois-ci, c’est le vol de navettes spatiales dont il est une fois de plus question, comme ce fut le cas avec On ne vit que deux fois (1967), ce qui ne doit pas trop dépayser Lewis Gilbert qui l’avait réalisé à l’époque. A noter aussi que la structure du film est quasiment identique à L'Espion qui m'aimait (1977), où le vol de sous-marins est remplacé par le vol de navettes et l’assaut dans le supertanker par la bataille de pistolets laser.
Malgré ça, cela n’empêche pas le film d’être efficace et de nous offrir du grand spectacle. Faut-il y voir un lien avec le succès rencontré par le tout premier opus de la trilogie Star Wars sorti quelques années auparavant ? Sans nul doute que La Guerre des étoiles (1977) n’y est pas pour rien dans le fait d’y voir James Bond catapulté dans l’espace, en train de déjouer les plans d’un machiavélique homme d’affaire sur fond de space-opera. Moonraker (1979) nous entraine sans le moindre temps mort de la Californie (ou plutôt, de la France) à l’Italie en passant le Brésil et l’espace.
Un blockbuster qui nous réserve son lot de surprises, comme cette impressionnante séquence de la centrifugeuse (on s’y croirait) en passant par la mise à mort de Corinne Dufour (d’une rare cruauté pour un James Bond). Mais d’un autre côté, le film n’est pas avare en défauts et ou en situations ubuesques, à commencer par le manoir de Drax, censé être situé en Californie, alors que cela saute aux yeux que le tournage a eu lieu en France tant les paysages n’ont rien de californiens, que dire de la gondole motorisée qui traverse la Place San Marco à Venise (du grand n’importe quoi), ou encore la reprise des célèbres notes musicales de Rencontres du troisième type (1977) pour le digicode du laboratoire secret de Drax, où lorsque l’on retrouve James Bond au détour d’une ellipse déguisé en gringo, sans oublier cette invraisemblable romance (pourquoi ?) entre Dolly & Requin (et cette soudaine rédemption ?!) et enfin, le clou du spectacle, la bataille spatiale de rayons laser qui contre tout attente, s’avère moins cheap que ce que l’on aurait pu craindre.
Le film cumule donc aussi bien des qualités que des défauts mais cela n’empêche pas d’y passer un agréable moment. Coproduction franco-britannique oblige (une grande partie du tournage s’est déroulé en France), le casting se retrouve donc agrémenté de quelques frenchies que l’on n’aurait jamais imaginé là, à commencer par bien évidemment Michael Lonsdale, la courte apparition de Jean-Pierre Castaldi (en pilote d’avion dans la scène de pré-générique), Blanche Ravalec (en amoureuse éperdue de Requin) ou encore Georges Beller (en membre d’équipage de la navette).
Ce 11ème opus recycle à la fois ce qui a déjà été fait par le passé et se permet même des écarts parodiques. Mais malgré ses défauts, le film n’en reste pas moins plaisant, tout en faisant abstraction des baisses de rythmes et des idées fourre-tout balancées ici et là dont on aurait pu se passer.
(critique rédigée en 2008, réactualisée en 2022)
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