On ne peut pas dire que le premier long métrage de la documentariste Stéphanie Gillard, The Ride, bénéficie d’une large diffusion… seul le MK2 Beaubourg le propose à l’affiche pour toute la région parisienne…Peut-être pourra-t-il entamer une seconde carrière à la télévision car il en a le format et sa réalisatrice a déjà réalisé plusieurs documentaires pour la télévision. Stéphanie Gillard nous fait partager de l’intérieur, l’épopée d’une tribu de descendants sioux lakota qui chaque année au moment de Noël, entament une chevauchée de 450 km sur quinze jours, initiée en 1986, pour commémorer le massacre de leurs ancêtres en décembre 1890, à Wounded Knee, décimés par le 7iem de cavalerie. Ce massacre mettait fin à la guerre des Black Hills, commencée quatorze ans auparavant par la victoire des sioux à Little Big Horn à la suite de la violation du traité de Fort Laramie. On suit donc une trentaine de cavaliers partis de Little Eagle à travers les plaines herbeuses puis les reliefs rocailleux du Dakota, battus par les vents et les averses de neige…On est loin d’une chevauchée fantastique, le rythme est raisonnable, de gros pick-up trainant de lourds vans rejoignent la troupe à chaque étape pour assurer le confort des chevaux…peu de camps en pleine nature, les haltes se font dans des gymnases au sein des réserves traversées…en cours de route, une autre tribu rejoint les cavaliers de Little Eagle et c’est une petite centaine de cavaliers qui arrivent à Wounded Knee. Ce périple est avant tout une école de vie, où les ainés transmettent aux plus jeunes, la culture séculaire et les valeurs de la tribu…, périple extrême pour exister et transmettre…Certains des jeunes cavaliers se voient confier les staffs ou bâtons de prière ancestraux…pas de commentaires extérieurs, quelques lignes d’historique en début de film pour situer l’action, c’est aux anciens que revient la tâche de rappeler l’histoire, avec leurs propres mots….de même ils tracent leur route, coupant à travers champs, selon la mémoire des éclaireurs, hors du temps et de la civilisation, sauf lors de certains télescopages, comme ce passage sous un pont d’autoroute…C’est un film superbe et les paysages sont à couper le souffle. Leur beauté ne doit pas faire oublier que ces paysages sont pour l’essentiel des terres spoliées et qu’il a fallu attendre 1959 pour que les limites de la réserve soient assurées. De par son contexte historique, le film est très politique, car il permet de comprendre comment l’histoire a façonné le présent…pendant une quinzaine de jours, ces hommes retrouvent leur fierté, loin de l’esprit de prostration dans lequel on dépeint la vie en réserve… la ville de Bridger où a lieu une pause de 48 heures est considérée comme l’une des plus pauvres des USA. On ne peut qu’être troublé par l’état sanitaire de certains participants de la chevauchée, obésité, dentition déplorable…Monter à cheval, tomber, remonter, ne jamais abandonner telle est la devise des Lakotas….Rien ne leur est acquis puisque Donald Trump , a ordonné le redémarrage des travaux du Dakota Access Pipeline qui traverse leur réserve de Standing Rock , la rivière Missouri , au niveau du Lac Oahe, bordant un cimetière sacré…Plusieurs des personnages du film ont participé aux actions contre ce projet, certains ont été arrêtés et emprisonnés dans des cages à chiens, l’un d’eux Jimmy White a été inculpé de charges fédérales et encourt jusqu’à 15 ans de prison, pour occupation d’un terrain privé…Un dernier conseil, si vous n’aimez pas les chevaux, passez votre chemin…