« Teenage cocktail » n'est a priori pas un immanquable de « Festival du cinéma Américain de Deauville ». Néanmoins, en compétition pour l'édition 2016, il est bon de se pencher sur le travail de John Carchietta et se faire sa propre idée. Avec son « Teenage Cocktail », le jeune réalisateur de « Late Fee » se lance seul derrière là caméra. Habitué à co-réaliser des courts-métrages, parvient-il à imposer sa patte et faire de son dernier long-métrage une réussite ? Pas totalement. Loin d'être un bide, son film ne marque cependant pas les esprits. Bien interprété, bien scénarisé, bien filmé, on a peu de choses à lui reprocher mais le constat est sans appel, une semaine après sa vision, nous n'en gardons pas de souvenirs mémorables.
Pourtant, le sujet central de l'intrigue interpelle. Annie vient de changer de lycée. Ses nouveaux camarades de classe ne sont pas très accueillants et les ennuis déjà présents. Aussi, lorsqu'elle croise la route de Jules, Annie revit. Impressionnée par sa nouvelle copine, elle la suit dans ses péripéties et découvre les joies de l'adulescence. Oui mais.,. Jules, dont le père est absent, a une influence grandissante sur la vie de la jeune fille qui en tombe très vite amoureuse. Plus qu'une histoire d'amour homosexuelle, « Teenage cocktail » montre combien les rencontres que l'on fait peut profondément nous changer. Jules rêve de gagner New York et y démarrer une nouvelle vie. Enmourachée, Annie est prête à la suivre mais pour cela, il leur faut beaucoup d'argent. Jules a un plan : s'inscrire sur un site de webcam en ligne où les hommes paient pour les voir quelques instants. La situation peut paraître contrôlable mais l'appât du gain va forcément donner une toute autre suite à l'idée de base…
Sorte de « Puppy Love » à l'américaine, (auquel on ajoute une touche de « Knock Knock ») « Teenage Cocktail » traite de l'influence, l'adulescence, l'expérience homosexuelle, le sexe virtuel, la déviance des réseaux sociaux… Très actuel, le scénario interpelle et « choque ». Pas les âmes puritaines non, loin de là. Il choque car il montre combien la démission des parents, la facilité de se vendre sur le net peuvent causer des dommages irréparables. Ici, les héroïnes ont une force de caractère impressionnante et rien ne semble pouvoir affecter le couple récemment formé mais les conséquences n'en resteront pas moins surprenantes. Ce qui est étonnant aussi, c'est le switch apporté par John Carchietta : on perd un peu les pédales et on ne comprend totalement le choix opéré dans le dernier quart du film…
L'histoire, Nichole Bloom et Fabianne Therese se l'ont véritablement appropriée. Loin d'être des débutantes, les deux jeunes femmes revêtent ici deux rôles difficiles et parfaitement maîtrisés. L'amour entre elles naît dans les regards, la complicité est réelle… les attitudes et les mots s'allient pour révéler des prestations assumées. Elles ne semblent pas déstabilisées par les scènes d'amour lesbiennes et s'investissent totalement sans retenue palpable. Le sujet, déjà très exploité dans le cinéma contemporain, n'a pas fini de nous livrer des histoires engagées et ce film en est la preuve. Néanmoins, « Teenage Cocktail » est un peu comme un roman de plage. A peine l'a-t-on fini qu'on le range dans un coin sans pour autant se le remémorer. Noyé dans les flots de ce festival aux films de genres très diversifiés, il ne gagne pas sa place parmi ceux qu'on aura le plus apprécié.