Deuxième long métrage du réalisateur franco-belge Guillaume Senez, "Nos batailles" raconte les difficultés rencontrées par Olivier, un homme d'une quarantaine d'années, pour arriver à concilier sa vie professionnelle au sein d'une entreprise qui ressemble beaucoup à Amazon, son activité syndicale et sa vie familiale. Très vite, ce dernier volet se voit amputé d'un élément très important : Laura, la femme d'Olivier, se sentant sans doute délaissée au profit des deux premiers volets, quitte le foyer familial, laissant son mari se débrouiller avec leurs deux jeunes enfants. Olivier se voit donc obligé d'ajouter un certain nombre de tâches ménagères à ce qui était jusque là son quotidien. Avec beaucoup de finesse et de talent, Guillaume Senez évite de tomber dans les pièges que pouvait lui tendre un tel sujet : aucun misérabilisme, aucune peinture manichéenne des personnages. Au contraire, celles et ceux qu'on rencontre dans le film sont des êtres humains pleins de bonne volonté, qui font de leur mieux en toutes circonstances, tout en étant susceptibles de craquer. Quant au fond du film, on remarque un équilibre très réussi entre les peintures de la vie au travail, de celle dans le milieu syndical et de qui se passe au niveau familial.
Guillaume Senez a fait le choix d'une réalisation laissant beaucoup de liberté à ses comédiens et à ses comédiennes, avec une bonne dose d'improvisation. Un choix que lui permettait son casting, avec des comédiens et comédiennes qui n'ont pas rechigné à jouer le jeu, bien au contraire. Romain Duris, qui interprète le rôle d'Olivier, n'a peut-être jamais été aussi bon. A ses côtés, on retrouve deux des meilleurs comédiennes actuelles du cinéma français, Laure Calamy dans le rôle d'une collègue syndicaliste d'Olivier, manifestement amoureuse de lui, et Laetitia Dosch, dans le rôle de la sœur d'Olivier, venue prêter main forte à son frère.