Le cinéma de genre quand il est à petit budget, ici la science-fiction, peut parfois accoucher de petites bombes ou de bonnes surprises. « Code 8 » en est le parfait exemple, alliant univers intrigant, références bien digérées, idées en pagaille et un visuel plus que réussi quand on sait le peu de budget alloué à une telle production. Le film confirme aisément l’adage selon lequel, moins il y a de budget - et donc plus de contraintes - plus il y a de l’idée. Et il s’éloigne donc sans souci des limbes de la série Z auxquelles il semblait promis pour être une série B de qualité, qui se regarde avec intérêt et qui se paye même le luxe d’être parfois impressionnante. Bien sûr, ce n’est pas « District 9 » ou « Cube » (un film de science-fiction culte canadien également tourné avec des bouts de ficelle mais beaucoup d’imagination et de débrouillardise) mais un bon divertissement du samedi soir.
On apprécie la manière dont s’amorce le long-métrage. A travers des fausses images de journaux télévisés, Jeff Chan plante admirablement le décor. Une société dystopique, une grande ville autoritaire (appelée Lincoln City mais en réalité on reconnaît Toronto), une toute petite partie de la population dotée de pouvoirs extraordinaires et une drogue qui fait des ravages, issue du métabolisme de ces individus craints et rejets par la société. Voilà donc une brève et parfaite introduction à l’univers du film, concise, anxiogène et qui captive tout de suite le spectateur. Alors oui, ce résumé fait penser à beaucoup de films et en effet, « Code 8 » est fort référencé et il ne gagnera pas le prix de l’originalité. Entre « V for Vendetta » pour la société totalitaire, la saga « X-Men » pour les superpouvoirs ou encore « Limitless » pour la drogue spéciale, il y a parfois une impression de déjà-vu. Cependant, celle-ci est vite balayée par le biais d’un mélange probant et soluble parvenant presque à rendre le résultat innovant. Sur le fond donc mais aussi sur la forme, les différents plans, effets spéciaux ou les quelques scènes d’action s’avérant impeccables : jamais prétentieuses ou voulant en faire trop mais pas anecdotiques non plus.
Car, en effet, le budget de « Code 8 » est ridicule par rapport à des tas d’autres films de science-fiction, un genre qui demande tout de même une assise financière assez importante pour ne pas faire cheap ou ridicule. Et c’est ce qui est le plus étonnant, on ne ressent absolument pas la maigreur budgétaire sur le plan visuel. En revanche, il est clair que sur le fond c’est assez frustrant car on aimerait en savoir plus, tant l’univers développé ici est passionnant et pourrait nourrir une saga ou une série (série qui se trouve en développement d’ailleurs). Le film est très (trop) court, la multitude de thèmes (racisme, ségrégation, autoritarisme, famille, ...) est survolée et des pans entiers de sous-intrigues méritaient plus. Mais c’est une frustration agréable, laissant le spectateur imaginer le reste. Tendu, rythmé, prenant et surtout impressionnant pour un petit film de SF canadien sorti de nulle part! Et, en bonus, des acteurs pour la plupart inconnus qui jouent bien mieux que la moyenne de ce genre de production fauchée. Une bonne surprise donc.
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