Jeunesse est le premier long-métrage de fiction de Julien Samani. Le cinéaste avait auparavant réalisé les documentaires La Peau trouée en 2004 (Prix Jean Vigo 2004, Grand prix à Brive et Grand prix du documentaire aux Entrevues de Belfort), Sur la piste en 2006 (Grand prix du CM documentaire (Entrevues - Belfort)) et Les Hommes de la forêt 21 en 2007 (Prix regard neuf (Vision du réel - Nyon) 2008).
Jeunesse est l'adaptation d'une nouvelle du même nom écrite par l'écrivain Joseph Conrad publié en 1898.
Après une projection de son documentaire La Peau trouée en 2004, une parente de Joseph Conrad est venue voir le réalisateur Julien Samani pour lui suggérer de lire les oeuvres de Conrad. Le cinéaste s'est finalement pris de passion pour les livres de l'écrivain, particulièrement pour sa nouvelle intitulée Jeunesse. Samani a immédiatement eu envie de l'adapter au cinéma.
Julien Samani a souhaité instiller dès le départ une dimension onirique à Jeunesse : "Le temps réel s’efface, il ne compte plus, l’espace non plus. C'était une équation complexe à résoudre car on devait ancrer le récit dans une réalité contemporaine mais très vite, je souhaitais que cette réalité se fonde. J'ai dit au décorateur par exemple, que je ne voulais pas de voiture dans le champ, que ce soit au Portugal ou au Havre. On peut les entendre mais je voulais décoller du réel au maximum, au profit d'une évocation plus romanesque du contemporain. Et ce, de manière à être à l'intérieur des rêves de Zico. Que ce soit dans les constructions colorées des allées de containers du Havre ou sur les quais inquiétants du Portugal. J'avais envie, comme chez Conrad, de garder cette candeur et un monde déconnecté d’une réalité trop terre à terre", confie le réalisateur.
Pour interpréter Zico, le personnage principal, Julien Samani a choisi le jeune Kévin Azaïs, frère de Vincent Rottiers et révélation du film Les Combattants avec Adèle Haenel pour lequel il a remporté le César du Meilleur espoir masculin : "Kévin Azaïs qui interprète Zico est un mélange de candeur et d'énergie. Il a quelque chose d’ambivalent, une douceur et en même temps, beaucoup de colère tapie en lui. Il s'est approprié le scénario immédiatement. Pendant tout le tournage il n’a cessé de guetter le moment où cette candeur devait laisser la place à plus de fermeté. Il a construit son personnage seul, délicatement et humblement, en ne me posant que quelques rares questions. Il m’a bluffé par son intelligence et sa justesse !"
Julien Samani a souhaité inscrire son film dans la veine d'un survival minimaliste : "J’ai réalisé un survival minimaliste où la dimension épique et romanesque, la tension dramatique permanente et les conflits entre ces hommes dominent. Ici, le danger vient de la folie du capitaine qui s'acharne à rester sur un bateau complètement pourri."
Julien Samani et son équipe ont tourné durant 36 jours dont 3 passés en mer à bord de deux bateaux différents : "La menace vient de ce bateau qui se rebelle. Je voulais qu’on l’entende gronder, que l’on sente comme un monstre qui frappe des coups sourds dans la cale. Il y a eu un gros travail sur le son. Zico ne comprend pas ce qu’il se passe. Il fait beau, la mer est d’huile, le danger vient des entrailles de leur embarcation. C'est le destin de ce capitaine maudit qui a trop rêvé", relate le cinéaste.
Julien Samani a fait appel au compositeur Ulysse Klotz pour composer la musique de Jeunesse : "Nous avons parlé de la musique pendant cinq ans avec Ulysse Klotz. Il fait de l'électro mais je voulais aussi qu'il aille vers quelque chose de plus lyrique. Il s'est tout de suite prêté au jeu. Je cherchais un ensemble d'instruments graves, mystiques", indique le metteur en scène.