Une œuvre absolument magistrale, qui nous ramène au grand cinéma, à une mise en scène brillante, des plans élaborés, complexes ,des cadrages de haute voltige, une lumière exceptionnelle, des décors grandioses. On est bien loin des séries B des plateformes, c’est une vraie leçon de cinéma, comme l’était « Babylone » l’année dernière. Les scènes de fêtes au village, de découverte des cadavres, ou de la rencontre par la matriarche avec la mort sont des sommets. Il y a ensuite les deux acteurs principaux, étonnants, formidables . De Niro, à son apogée , qui murit bien comme le grand vin, il est complétement Shakespearien, c’est le mal incarné , mais joué avec le sourire , avec bonne foi, il a l’impression de faire le bien et arrive à nous convaincre. Et DiCaprio qui tient peut- être son plus grand rôle, un peu benêt , manipulable , qui passe aussi par des phases de remise en question, de doutes. Les scènes du procès sont incroyables, son faciès évoque la souffrance , il fait une énorme performance , il commet le pire mais il ne s’en rend pas compte . Bien sûr l’actrice indienne Lily Gladstone, est aussi excellente, toute en mesure, en intériorité, tout est dans son regard, une manière « Bergmanienne » de souffrir : top (en route pour les Oscars ) . Et puis le scénario, il fallait oser, raconter cet épisode inconnu, en toute liberté , mais sans « wokisme », tout le monde en prend pour son grade. La description de cette culture indienne, de l’épopée du Far west au début du XXe, où beaucoup de dégâts sont encore commis. Quelle subtilité. Les 10 dernières minutes théâtralisées, avec le caméo de Scorcèse en maître de cérémonie, puis qui rend la conclusion aux Osane sont absolument formidables, un pur régal, un moment de grâce. Scorcèse signe une de ses « master piece ». Que c’est beau le cinéma.