La réalisatrice Blandine Lenoir raconte la genèse du projet Aurore :
"Comme souvent, le sujet est né d’une expérience personnelle. J’abordais la quarantaine avec angoisse sans comprendre pourquoi j’avais si peur de vieillir alors que mes amis hommes ne partageaient pas cette inquiétude. Je me suis vite rendue compte que les femmes de cinquante ans n’étaient absolument pas représentées au cinéma. Comment avoir envie d’atteindre un âge qui n’est pas représenté ? Je voyais beaucoup d’amies autour de moi y arriver dans une solitude amoureuse terrible ; des femmes formidables, belles, douées, dont les ex avaient refait leur vie. J’ai eu envie de leur rendre hommage, leur donner – et me donner – envie de vieillir. Aurore est aussi une façon de soigner mes propres angoisses."
Blandine Lenoir a choisi de faire appel à quelques acteurs non-professionnels pour Aurore :
"J’aime beaucoup cela : en fragilisant les comédiens pros, ils permettent de créer quelque chose de très humain et très solidaire. La vieille dame de la maison de retraite solidaire en est une. Le rôle était écrit pour Thérèse Clerc, qui hélas est décédée juste avant le tournage. C’est donc à sa meilleure amie, Iro, que j’ai proposé le rôle. J’ai été séduite par son charisme, sa voix, sa personnalité. On devait pouvoir la croire capable d’avoir pu organiser ce lieu incroyable. Iro, hélas, nous a quittés à son tour avant de découvrir le film terminé."
Blandine Lenoir revient sur son choix d'offrir le rôle d'Aurore à Agnès Jaoui :
"J’avais envie d’une actrice dont on connaisse le visage depuis longtemps, et je voulais aussi une comédienne qui assume son âge et en possède les atouts. Tout en ayant mûri, Agnès est extrêmement féminine et séduisante. C’était important que mon héroïne n’ait pas l’air d’une éternelle adolescente. Agnès a eu un vrai coup de coeur pour le personnage d’Aurore et m’a dit oui en deux jours."
Agnès Jaoui s'est notamment préparé au rôle d'Aurore en travaillant sur les costumes, comme l'explique Blandine Lenoir :
"Nous avons beaucoup travaillé son apparence aux costumes. Agnès n’est pas habillée dans le film comme elle l’est dans la vie. Je tenais à ce que son corps soit mis en valeur avec des vêtements assez moulants. C’est magnifique une femme qui a des hanches, des fesses et des seins – on en voit peu au cinéma. Elle, qui porte souvent des robes assez amples, a compris ce que je voulais montrer."
Blandine Lenoir se confie sur sa manière de travailler avec ses acteurs :
"Je répète avec les comédiens. J’ai besoin de les entendre dire leur texte : des choses apparaissent que je n’avais pas prévues, d’autres, au contraire, ne fonctionnent pas comme je l’avais imaginé. Je m’aperçois parfois qu’un geste va raconter plus qu’une phrase. J’enlève des dialogues, j’en change d’autres. C’est aussi une façon de vérifier l’énergie qui circule entre mes comédiens et de construire la confiance indispensable au travail."
Aurore a été tourné à La Rochelle :
"Je voulais qu’on puisse voir le ciel et que mon héroïne ait une qualité de vie relativement agréable. Impossible d’avoir cela en région parisienne lorsqu’on est au SMIC où, du logement aux loisirs, tout est cher. Et puis j’aime tourner en province, pouvoir dîner le soir avec mes comédiens, observer chez eux un détail que j’utiliserai le lendemain", confie Blandine Lenoir.