Comme une majorité d'anthologies contemporaines de sketchs horrifiques, "Holidays", pris dans sa globalité, se révèle franchement inégal quant à la qualité de ses différents segments, chacun offrant la possibilité à un réalisateur de baser son récit sur une célèbre fête annuelle. En l'absence d'intrigue fil rouge hormis cette base commune, il convient de faire un rapide tour d'horizon de tous ces courts-métrages ainsi présentés.
"Valentine's Day" : Aïe, "Holidays" démarre mal avec cette histoire d'une lycéenne amoureuse de son professeur de sport et maltraitée par ses camarades. Non pas que le segment soit mauvais en soi mais, au vu de la fête célébrée (et utilisée maintes fois dans le panthéon du genre), on était en droit de s'attendre à quelque chose de bien plus original autant sur le fond que sur la forme pour marquer les esprits dès l'ouverture. Tellement anecdotique que l'on commence déjà à prier pour que le reste ne soit pas aussi classique.
"St Patrick's Day": Pas de bol, l'anthologie enchaîne directement avec ce qui restera comme un de ses deux pires segments. Réalisé par Gary Shore ("Dracula Untold"), engagé sûrement parce que seul un Irlandais avait la capacité de faire un court sur la Saint-Patrick, ce deuxième sketch part dans un délire au trait bien trop forcé pour que l'on y croit une seule seconde où une enseignante se retrouve enceinte d'une créature étrange. Hormis une petite fille rousse très louche et un grand serpent à la touffe de cheveux impressionnante, "Saint-Patrick" se révèle médiocre de bout en bout et incapable de provoquer le moindre sourire. Gary Shore, apparemment dénué du moindre talent, se contente de plagier son collègue Edgar Wright sur la forme (son sens du montage si particulier notamment) pour nous raconter un truc dont on se fiche royalement dès les premiers instants. Navrant. Et on commence à douter de notre intérêt pour toute cette affaire...
"Easter": Alors que le désespoir pointe le bout de son nez, arrive ce génial segment réalisé par Nicholas McCarthy ("The Pact", "At The Devil's Door") pour réhausser considérablement le niveau ! S'appropriant avec malice la curiosité logique des enfants vis-à-vis des légendes irrationnelles imposées par leurs parents (forcément, entre Jesus et un lapin géant chocolatier, Pâques cumule les aberrations), ce sketch horrifique remplit parfaitement sa définition première en mêlant le sourire à l'effroi, le tout saupoudré d'une bonne dose de fascination glauque lorsque sa créature hybride étonnante apparaît. Et McCarthy nous rappelle qu'il est un des seuls réalisateurs en exercice à maîtriser à 100% l'art du jumpscare (le court en contient deux à vous faire décoller d'un bon mètre du sol). Excellent et vivement un troisième long-métrage du monsieur !
"Mother's Day" : Un docteur très futé pousse une patiente qui n'arrête pas de tomber enceinte à aller se fourrer dans une espèce de sororité de sorcières adeptes de la fertilité. À peine remis de la bonne surprise de "Pâques", nous voilà plongés dans le deuxième pire court-métrage du film. Trip chamanique, sorcières de pacotille et kidnapping se donnent rendez-vous dans le désert aussi métaphorique que littéral de ce cinquième segment qui cumule, malgré tout, les deux thématiques assez récurrentes de "Holidays": la naissance (sous toutes ses formes) et le féminisme. Mais clairement pas de la meilleure manière vu le nombre de baillements engendrés...
"Father's Day": Nouvelle bonne surprise et venant en plus d'un type qui a pour seul gros palmarès d'avoir travaillé sur les effets spéciaux du "Dernier Exorcisme 2", comme quoi, tout peut arriver ! Une jeune femme trouve sur le pas de sa porte un vieux magnétophone contenant une cassette où la voix de son père qu'elle croyait disparu depuis des années lui donne des indications pour le rejoindre. Non pas que "Father's Day" soit tellement novateur quant à l'issue de son récit mais il nous transporte facilement au côté de son héroïne bouleversée par la résurgence du manque d'une figure parternelle et en quête de retrouvailles que l'on sait par avance impossibles. C'est également un réel plaisir que de revoir Jocelin Donahue, l'actrice principale de "The House of Devil", replongée à nouveau peu à peu dans les ténèbres en mettant toute l'intelligence de son jeu au service d'un rôle quasiment muet...
"Halloween": Réalisé par Kevin Smith lui-même et basé sur la plus célèbre des fêtes du cinéma d'horreur, "Halloween" était forcément THE segment à ne pas louper. Pari gagné, Smith nous livre un petit bijou d'humour noir et trash dont il a secret où trois jeunes prostitués "virtuelles" prennent leur revanche sur leur tortionnaire. Créant le malaise pour mieux nous faire gagner en hilarité (grâce notamment à des dialogues/messages sur écran où l'utilisation des émoticônes relève du génie), "Halloween" a décidemment bien fait de privilégier le "trick" de "trick or treat". Ce grand sale gosse de Kevin Smith affiche toujours une belle forme !
"Christmas": Amusant, ce sketch l'est incontestablement mais il a le simple défaut de venir juste derrière les grands éclats de rire provoqués par "Halloween. Cette histoire d'un père (Seth Green) prêt à l'impensable pour ramener des lunettes virtuelles d'un nouveau genre comme cadeau de Noël à son fils déclenche en effet pas mal de sourires mais se révèle beaucoup moins impactante que les segments les plus réussis de "Holidays" et ce, malgré de bonnes idées. On retiendra néanmoins que Scott Stewart ("Legion", Priest") semble avoir un potentiel de conteur auquel ses coups d'éclat cinématographiques ne rendent pas forcément justice.
"New Year's Eve": Les auteurs du premier court, Kevin Kölsch & Dennis Widmyer, reviennent pour la conclusion. On ne les réclamait pas forcément mais les deux hommes vont se révéler plus en forme que lors de l'ouverture. Via un site de rencontres, deux âmes esseulées passent la soirée de la Saint-Sylvestre ensemble mais l'un des deux cherche un peu plus qu'à simplement rencontrer l'amour. S'il ne brille pas encore par son originalité, ce segment est au moins transcendé par une ambiance de joyeux jeu de massacre qui ne peut qu'emporter l'adhésion pour nous laisser sur une bonne note avant le générique de fin. À noter que, pour une fois, Lorenza Izzo n'est pas mauvaise, le miracle de la nouvelle année sans doute...
Au final, le meilleur l'emporte tout de même sur le pire dans ce "Holidays" mais le manque d'originalité ou la futilité de certains segments peineront à l'imposer comme une anthologie horrifique incontournable. Dommage car les bons moments que le film propose fonctionnent pourtant à plein régime...