Je sors assez confus de ce film que mes proches me vendaient comme un chef d'oeuvre et dont le thème, la lutte contre le sida, est pourtant intéressant et fort.
Certains bons points sont à relever. Les scènes en amphi montrant les débats et l'organisation des actions d'Act up sont intéressantes. La mort pesante est bien amenée dans la seconde partie du film, et le résultat est efficace, c'est assez poignant.
Et justement, c'est en seconde partie de film que les motivations des personnages commencent à être bien présentés : ils sont jeunes, leur santé se dégradent de façon terrifiante, leur traitement semble misérable, et comme leur temps est compté, on comprend le sentiment de rage, d'urgence et d'injustice qui nait en eux.
Mais voilà, à mon sens, j'ai beau avoir connaissance des dégâts que peuvent provoquer le VIH, ses ravages ne sont montrés que tard dans le film (y a bien un personnage tertiaire qui meurt vers le début, mais c'est vite expédié), ce qui fait qu'en parallèle, en début de visionnage, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le mouvement d'Act up tellement les personnages m'ont paru antipathiques malgré la noble cause. D'ailleurs, si le sort de Sean est poignant, je n'ai pas eu une once de sympathie pour lui pendant la première moitié du film.
Pendant une bonne partie du métrage, on nous montre des personnages qui passent quand même beaucoup de temps à s'engueuler de façon assez impulsive (même si à nouveau, les passages en amphi sont intéressants). On évoque le fait que l'Etat semble indifférent face à l'épidémie, que les médias ne parlent pas assez du sida. Mais c'est juste dit, ce n'est pas montré à l'écran, même si c'était évidemment vrai. L'information sur le VIH auprès des jeunes est montré seulement pendant un passage assez court dans un lycée.
Mais à la place, le film semble beaucoup se focaliser sur le combat contre la vilaine société pharmaceutique capitaliste qui est tellement indifférente vis-à-vis de la maladie qu'elle ne se bouge pas le cul pour trouver un traitement efficace, qu'elle laisse trainer les choses et qu'elle ne publie pas ses résultats. J'ai pas non plus envie de crier à la caricature étant donner que oui, il y a surement une part de vérité dans tout ça... sauf que le film nous le montre super mal. A chaque échange entre les membres d'Act up et le groupe, nos persos principaux sont constamment entrain de rager, ne laisse pas vraiment le temps à leurs interlocuteurs d'en placer une et ne semblent pas non plus trouver de solution concrète en se limitant de dire "bougez-vous le derche". Sauf que ces échanges dans le film manquaient un peu de contexte global en fait. Personnellement, même si la cause du VIH me touche, j'admets que je n'ai pas du tout suivi absolument tout ce qui a été entrepris pour lutter contre ça. Mais ce que je sais, c'est qu'un traitement efficace n'est arrivé que très tard, assez récemment même (le combat contre le VIH me semblait toujours désespéré à ma jeune époque dans les années 2000 où on était déjà sensibilisé en cours, soit plus de 10 ans après les événements du film), et que quand tout avait débuté, c'était tellement nouveau et c'était tellement complexe à résoudre que les scientifiques (et autres) semblaient dépassés. Et justement, dans le film, les membres du groupe pharmaceutiques me semblaient simplement dépassés, mais pas spécialement indifférents/égoïstes/insensibles/obnubilés par la tune qu'on le dit pendant tout le film. Toute cette partie du combat m'a semblé assez mal retranscrit, ou mal présenté, alors qu'un spectateur comme moi pourrait ne pas avoir une image très claire du contexte. Peut être qu'un des membres du groupe pharmaceutique aurait mérité de passer un peu plus pour un grand méchant, même si ça ferait tâche dans un film d'auteur qui se veut très réaliste.
Et après recherche, il faut croire qu'Act up a vraiment aidé à faire avancer la lutte contre le VIH, et c'est super. Sauf que le film ne te montre aucune victoire, ou n'en évoque même pas une seule en fin de film. Ce qui fait qu'Act up pendant le film m'a juste donné l'impression, parmi les groupes de lutte contre le VIH (parce qu'il y en a plusieurs), de passer pour un groupe faisant du militantisme bien gras à la française qui lutte simplement en étant plus casse-c******s que les autres, alors que ça n'a pas l'air aboutir à quelque chose dans le film et que ses membres m'ont au final plus donné l'impression d'être des rageux antipathiques. C'est triste quand la cause semble noble et juste.
Bref, j'ai du mal avec toute cette partie que je trouve peut être mal amenée. La suite plus dramatique m'a bien plu. Puis vient la fin...
Alors,
Sean meurt, et Nathan, le soir même de sa mort, semble se taper un autre membre du groupe (que Sean ne portait pas spécialement dans son coeur d'ailleurs). Alors je veux bien concevoir que c'est pour montrer que, quand on a un conjoint qui se transforme en légume et qui risque d'y passer très vite, ça peut nous traverser l'esprit d'avoir un besoin sexuel à combler, même pour défouler sa tristesse, et qu'on pense le faire avec quelque d'autre. Ou alors que c'est pour montrer que "malgré la mort, la vie continue". SAUF QUE ! La relation Sean/Nathan, c'est la seule qui semble un minimum construit pendant le film, et que Nathan fait sa proposition limite en rigolant ("Tu viens chez moi ce soir ?""On va baiser alors ?""Oui bien sûr...hihihhihihi lol XD PTDR") alors qu'il y a le corps de son mec crevé dans la salle d'à coté, c'est glauque ! Et il parle même pas de s'envoyer en l'air avec un inconnu, mais avec un personnage proche qui connait la situation et qui assiste aussi à la mort de Sean. Bref, je suis pas spécialement fan du couple Sean/Nathan (je reste toujours plus charmé par un Jake Gyllenhaal/Heath Ledger, même si plus romancé-hollywoodien), mais la fin fout tout en l'air.
J'ai déjà lu des commentaires dire "Oui, mais les homo vivent leur sexualité comme ça". Mais fuck, croire que certains du milieu puisse avoir une vie sexuelle pas spécialement anse la "norme" en changeant de partenaire assez souvent, je veux bien le croire (même si faut pas en faire une généralité non plus, loin de là). Mais au point de se taper un autre quand ton conjoint meurt, faut arrêter de déconner.
J'ai juste l'impression que c'était un délire typique du réal de film d'auteur français pour montrer une scène de cul triste (parce que Nathan pleure pendant qu'il se tape l'autre bien sûr).
Et de manière générale, je commence à en avoir sérieusement MARRE de toutes fictions d'auteur français à la c*n (film, téléfilm comme série) qui sont pas foutus montrer des romances homosexuelles stables et saines, où t'as toujours une histoire de tromperie ou de truc chelou dans le récit (surtout que le réal de 120 BPM a pondu Eastrn Boys, où la relation des persos principaux et leur finalité est FRANCHEMENT discutable).
Bref, un film qu'on peut qualifier de bon, je peux le concevoir. Mais j'ai eu trop de mal à soutenir vraiment ce groupe de personnage et la fin m'a juste sorti du truc.