Sitôt inclus dans le catalogue Netflix, tout le monde s’est défoulé sur le pauvre ‘Bright’, première production Netflix à gros budget (on parle de 90 millions de dollars, ce qui n’en fait jamais qu’un “petit� gros-budget), jusqu’à lui attribuer le titre peu enviable de ratage de l’année. Il ne faut rien exagérer : si le résultat n’est pas brillant-brillant (lol), il ne faut pas chercher loin pour trouver bien pire que ce polar qui a pour principal défaut d’exploiter de façon exécrable les atouts qu’il avait en main. Passé l’amusement momentané que provoque la découverte de ce Los Angeles alternatif où humains, orques, elfes et autres bestioles Fantasy cohabitent, ‘Bright’ ne fait rien d’autre que ruminer paisiblement les clichés du buddy-movie racisé à flicaille d’autrefois, le noir (Will Smith, toujours pas convaincant dans les rôles badass) jouant le rôle du blanc méfiant et pétri d’a-prioris et l’orque jouant le rôle du noir, avec sa culture du ghetto, ses difficultés d’intégration dans un corps professionnel foncièrement raciste et les soupçons de loyauté ethnique qui pèsent sur lui. Pourtant, vu que la raison d’être du scénario repose sur l’existence de baguettes magiques qui permettent à une caste d’élus de disposer du pouvoir d’exaucer les voeux, il aurait clairement été possible de pousser le curseur du délire assez loin...mais ‘Bright’ en reste à un premier degré assez désolant : fusillades, courses-poursuites, ping-pong verbal entre flics qui ne s’aiment pas trop mais qui vont peu à peu s’estimer, tout le menu habituel du polar d’action avance en ordre de bataille, à tel point qu’on devine d’instinct à peu près tout ce qui va se passer. La mise en scène, sans défauts majeurs, ne présente pour autant ni aspérités ni personnalité. En fait, les meilleurs moments du film tiennent dans les dix premières minutes, quand la présentation visuelle de cette réalité “shadowrunienne� (en bien moins approfondie) et quelques références futées (le “Fairy lives matter� graffité sur un mur) laissent planer l’idée que ‘Bright’ va échapper au simplisme dans lequel, passé cet instant de grâce, il sombre corps et âme.