Suite à la charcuterie qu’est « Suicide Squad », David Ayer ne véhicule qu’un arrière goût amère de cette mauvaise expérience. Pourtant, le scénariste de « Training Day » et réalisateur de « Bad Times », « End Of Watch » et de « Fury » n’a rien à se reprocher pour son manque de créativité. Les attentes de spectateurs ne sont pas toujours les plus séduisants lorsqu’il s’agit de se plie à leur demande. Le débat est clos et le metteur en scène repart donc sur de nouvelles bases chez Netflix, où il détient un potentiel très large à exploiter. Mais derrière cet aspect rempli d’espoir, on n’y verra qu’un bourgeon qui ne demande qu’à fleurir.
On introduit ainsi un univers semi-fantaisique et alternatif, où la diversité des êtres donne du corps aux classes sociales. La comparaison avec la situation actuelle est alors prononcée, plaçant les elfes au-dessus de tout, l’homme dans un confort modéré, tandis que les orcs sont réduits à l’état de voyous des rues. On pense immédiatement à une certaine cohérence dans les faits, mais la vérité est ailleurs. Le réalisateur se contente du minimum et ne donne qu’un bref aperçu d’un bidonville, où il présente une course poursuite dépourvu de sens.
De ce fait, Daryl Ward (Will Smith) et Nick Jakoby (Joel Edgerton) héritent d’une fusillade dès que la tension retombe. Nous n’avons pas de temps de nous intéresser sur leur personnalité qui n’a d’égal que l’humour niais que l’on nous sert. Il y avait pourtant des choses à sauver, comme la notion d’individualisme et de la différence. La question d’unité s’enchaine alors, mais l’on repart de plus belle avec une situation qui se laisse séduire par une violence sans saveur. Une fois encore, dans le feu de l’action, il y aurait du spectacle à apprécier, mais le sentiment de vouloir prendre des risques est freiné en court de route et on perd en crédibilité. Le matériel de base se trouve alors empoisonné par des décisions qui n’encourage pas une reprise en douceur.
Et comme l’imaginaire est à l’honneur, ou presque, on finit par banaliser une croisade sans queue ni tête. La chasse au MacGuffin devient si inintéressant que l’on perd pied dans cet univers, où la richesse n’est qu’un voile d’illusions et de promesses en l’air. D’ailleurs, les clins d’œil politique tache également la lecture du récit, déjà bancal. C’est à se demander si cet essai sert de pilote ou de promotion, car en aucun cas, cela constitue une œuvre viable dans son contenu. Reste donc à supposer que cet erreur de parcours finira par retrouver des couleurs, pouvant atteindre notre sensibilité.
Finalement, le blockbuster de Netflix ne sait pas où donner de la tête et ne saura trancher entre son côté fantasy et côté policier. Le rythme de « Bright » est sévèrement amputé d’une consistance scénaristique. Les brins d’originalité ne transcendent pas et le film se montre timide. Et ce n’est pas dans ce genre de mentalité qu’on se pardonne de croire au miracle. La forme de courage que les personnages développent est une sorte d’avertissement que les producteurs, ainsi que le réalisateur, devraient peaufiner afin de garder un œil sur les promesses et un œil sur les attentes. Malheureusement, ce genre d’initiative est nécessaire afin d’assurer à la fois un bon divertissement, mais également d’assurer un retour positif qui ne condamne pas tant d’ambitions et de potentiels à l’état d’ébauche.