"Bright" a surtout été critiqué d'entrée car c'est le premier blockbuster à sortir directement sur la plate-forme Netflix, une raison aussi idiote qu'inutile car la médiocrité globale du projet est un levier plus légitime pour l'éreinter. En effet, après un démarrage trop long (30-35 minutes avant que le propos décolle), hormis la question vite expédiée de la tolérance
(un court message de Ward à sa fille; l'orque Nick pas accepté par les siens)
et l'amitié multi-espèces très bien traitée
(le duo de flics; l'orque n'a pas trahi Ward et s'explique sur l'accident initial)
, le film se résume à des Elfes, des Orques, des gangs et des flics qui poursuivent Nick et Ward pour une simple baguette magique, le tout de manière bourrin et décérébrée, avec fusillades à tout-va, courses-poursuites multiples, dialogues pourris, blagues minables
(Shrek, les trous, le déo Axe)
et séquences idiotes
(le feu sur Leilah éteint avec seulement 10 cl de flotte; le ralenti risible (et la musique navrante qui va avec) quand Ward bute les flics anti-orques)
. Certes, c'est visuellement soigné et pas mal réalisé par David Ayer, mais le contenu est largement insuffisant, se contentant de quelques rares surprises
(Nick ressuscité, Ward est un Bright, Nick adoubé)
, au milieu d'un scénario à la mythologie beaucoup trop faible
(juste de petits détails sur la baguette: 3 nécessaires pour ressusciter le Dark Lord, seuls les Bright peuvent la toucher, les Bright sont majoritairement des elfes)
, aux personnages torchés
(sauf le duo; Leilah est creuse, sa soeur aussi, le flic Kandomere également; la famille de Ward est transparente et se résume à la femme au foyer qui a peur pour son mari flic et une petite fille qui pose des questions)
et usant de clichés
(l'américanisme primaire avec les décorations; les orques écoutent forcément du métal, comme si ce style était réservé aux créatures dont on a peur!!)
. Côté casting, Will Smith se croit parfois un peu trop dans une comédie, Noomi Rapce fait ce qu'elle peut avec un rôle mal écrit et Joel Edgerton est celui qui porte véritablement le film. En bilan, "Bright" reste au stade du fort potentiel, hélas jamais exploité à la hauteur des attentes. Si une suite devait voir le jour, il faudrait muscler sérieusement l'écriture et ne pas se reposer uniquement sur un duo de flics et de l'action à gogo.